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Femme de coeur et grande plume


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Anne-Lise Grobéty, consacrée par le Grand Prix Ramuz en 2000, a succombé mardi dernier au cancer, à l’âge de 61 ans. Elle laisse une œuvre importante et un souvenir lumineux de femme engagée.

C’est une des figures majeures de la littérature romande de la seconde moitié du XXe siècle qui vient de disparaître en la personne d’Anne-Lise Grobéty, vaincue par la maladie mardi dernier, à l’hôpital de Neuchâtel, à l’âge de 61 ans.
Après une enfance passée à La Chaux-de-Fonds, dont le climat a marqué son œuvre, Anne-Lise Grobéy entra très jeune en littérature avec Pour mourir en février, paru en 1970 et couronné par le Prix Georges Nicole. Après ce bref ouvrage incisif et sensible, qui abordait une première fois le thème de la difficulté de vivre d'une très jeune femme, dans un climat psychologique marqué par la confusion des sentiments, Anne-Lise Grobéy publia chez Bertil Galland, en 1975, un gros roman, Zéro positif, achoppant à la crise existentielle d'une femme refusant la maternité et se défiant de toute action concrète, notamment politique, puis se réfugiant dans l'alcool et la solitude. Marqué par les tentatives d'une écriture novatrice (qui, paradoxalement, date peut-être le plus), ce livre affirmait du moins une ambition exigeante et une position fortement ancrée dans le temps présent. Parallèlement à son activité littéraire, Anne-Lise Grobéty a toujours été, d'ailleurs, solidement enracinée dans la vie réelle.  Après des études de lettres et un stage de journaliste, elle se consacra à ses deux enfants et   fut auss engagée politiquement, active pendant neuf ans au titre de députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois Attachée à son pays natal, elle aimait également les hautes vallées valaisannes où elle passait de longs mois à arpenter la nature.
Sans cesser d’écrire et de progresser dans les genres les plus divers, Anne-Lise Grobéty alterna notamment la composition de nouvelles - un genre où excelle son art du trait vif, comme l’illustre La Fiancée d’hiver, Prix Rambert 1986 - et de romans, tel Infiniment plus (1989) dont la narratrice, corsetée par une éducation puritaine, découvre tardivement l'univers de la sensualité.
En 1992, parut Belle dame qui mord  où la prosatrice, en pleine possession de ses moyens expressifs, au fil de récits-poèmes tour à tour savoureux et plus graves, étincelait par son style, mais c’est avec La Corde de mi, vaste roman polyphonique, paru chez Campiche en 2006, qu'Anne-Lise Grobéty a donné son plus grand livre dans le genre du récit de filiation et d'apprentissage sublimé par une écriture d'une somptueuse musicalité. Plus récemment parurent, en outre, elle publia des livres destinés aux enfants et aux adolescents, qu'elle cherchait à sensibiliser à l'approche des mots et des contes, comme dans Le Temps des mots à voix basse (2001). Enfin, ses interrogations personnelles sur la Seconde Guerre mondiale ont marqué  un de ses derniers récits, L’Abat-jour, paru  aux éditions d’autre part en 2008, dont l'exergue sonne comm un aveu révélateur: "Mais vouloir raconter, n'est-pas prendre la risque de devancer la vérité d'une mesure ou deux ?"

Avec l'ensemble de son oeuvre, consacrée en 2000 par le Grand Prix Ramuz, Anne-Lise Grobéty s'est inscrite dans la double filiation du réalisme poétique  d'Alice Rivaz, qui traça vigoureusement le sillon de l'expression féminine (sinon féministe) dans notre sol littéraire, et de Corinna Bille, pour sa fantaisie narrative et  la chatoyance de sa prose.

Lectures à recommander:

Pour mourir en février, réédité en 1994 chez Campiche.

Zéro positif, réédité chez Campiche en 1992.

Belle dame qui mord. Campiche, 1992. 

La Corde de mi, Campiche, 2006.

L'Abat-jour. éditions d'autre part, 2008.

 

 

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