L’Académie de Stockholm a crée la surprise, hier, en décernant le plus prestigieux des prix littéraires mondiaux à la romancière et poétesse allemande Herta Müller. Alors que les noms d’écrivains concélébrés tels les Américains Philip Roth ou Joyce Carol Oates, l’Israélien Amos Oz ou le Libanais Adonis , revenaient une fois de plus au premier rang, la récompense suprême est revenue à un auteur méconnu du grand public francophone, qui n’a accès qu’à trois traductions de l’oeuvre: La confrontation (Métailié, 2000), L’Homme est un grand faisan sur terre (Maren Sell/Gallimard Folio, 1990) et Le renard était déjà le chasseur (Seuil,1996). D’origine roumaine, où elle est née en 1953, mais établie à Berlin depuis 1987, Herta Müller est cependant une figure de la scène littéraire germanique, déjà consacrée par le prestigieux prix Kleist en 1994.
Selon les termes de l’Académie, Herta Müller est récompensée pour avoir « avec la concentration de la poésie et l'objectivité de la prose, dessiné les paysages de l'abandon ». Issue de la minorité germanophone du Banat, la romancière a commencé d’écrire pour rompre la parole mensongère de son père, ancien SS, et décrire la réalité telle qu’elle était sous la dictature de Ceausescu. A cet égard, cette consécration rappelle celle d’un Imre Kertesz, largement méconnu lorsqu’il fut nobélisé en 2002, et dont on a découvert l’oeuvre depuis lors.
Quant à la question du « mérite » effectif des lauréats du Prix Nobel de littérature, elle est vaste, soumise à tous les ethnocentrsimes et tous les goûts et à la légitimité des jurés qui ont « oublié » Proust et Nabokov, Céline et Borges, Ramuz et pas mal d’autres…
Commentaires
Et Antunes, bordel !?