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Vive la comédie !

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Drôle et tendre comme la vie: Giulia's Verschwinden…



Picasso disait en ses vieux jours ( !) qu’il faut toute une vie pour devenir jeune, et la rassurante formule pourrait conclure le meilleur film à ce jour du réalisateur alémanique Christoph Schaub, dédié à Daniel Schmid et (magistralement) écrit par Martin Suter. On pourrait d’ailleurs remarquer, en préambule, et par contraste, que le cinéma suisse (et romand particulièrement) a trop souvent manqué de scénaristes et de dialoguistes à la hauteur, capable de « tenir » la durée d’un film avec la maestria de Giulia's Verschwinden (La Disparition de Giulia) En d’autres temps, Gore Vidal écrivit que le meilleur du cinéma américain devait beaucoup aux grands écrivains lui prêtant leur talent. Autant dire que le brio d’un Martin Suter devrait faire réfléchir « la profession »…

Comme l’auteur de Small World l’a dit lui-même sur la scène de la Piazza Grande, le thème de Giulias’s Verschwinden (en bref, la peur du cap de la cinquantaine) nous concerne tous, liée à la peur de mourir ou, avant cela, de devenir « invisible ». Le soir de ses cinquante ans, Giulia (Corinna Harfouch, merveilleuse de douceur mélancolique, puis de malice rayonnante) le ressent déjà dans le bus qui la transporte auprès des amis qui vont la fêter (un couple d’homos sur le retour et une joyeuse paire d’hétéros se soignant en faisant l’amour, notamment), bousculée par des jeunes gens piaffants. La rencontre inopinée d’un sexa de passage (Bruno Ganz, d’une présence sensible au-dessus de tout éloge) va dérouter Giulia le temps des quatre cinquièmes du film durant lesquels on assistera, simultanément, aux débats carabinés des amis impatients et à la célébration d’une autre anniversaire dans un asile de vieillards, pas piqué des charançons…

La meilleure façon de rendre le tragique de la vie, disait à peu Brecht, est d’en faire une comédie, Christoph Schaub, sur la trame satirique de Martin Suter, y excelle avec générosité, parfois jusqu’à la limite du gros trait, mais l’essentiel du propos est plus subtil, plus tendre et plus émouvant, avec le début d’une histoire d’amour entre Giulia et son bon ange de rencontre. Cadeau !

Commentaires

  • Je l'espérais avant de vous lire, et cette fois ça y est, pour de bon : j'ai une irrésistible envie de voir ce film. De retrouver Ganz. De découvrir les autres, que je ne connais pas.

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