UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pour un été voyageur

vernet170001.JPGDe Michel Le Bris à Gilles Lapouge, en passant par Jean-Paul Kauffmann et Mariusz Wilk, Marguerite Yourcenar et Blaise Hofmann...

Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs », écrivait Nicolas Bouvier dans L’Usage du monde, devenu l’un des livres « cultes » de la littérature voyageuse. Celle-ci était d’ailleurs à la fête en mai dernier pour la 20e édition du Festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo, fondé par Michel Le Bris et quelques passionnés de ce qu’on appelle aussi aujourd’hui la « littérature monde ». De fait, plus de 60.000 visiteurs, dans un climat de ferveur et de curiosité assez rare, se sont retrouvés à Saint-Malo en compagnie d’auteurs venus des quatre horizons.

Cette ouverture au monde devait rompre, initialement, avec un certain confinement parisien et une façon très française de cloisonner les genres. Rappelons que la reconnaissance de Nicolas Bouvier, grand styliste, fut très tardive. Mais la démocratisation des voyages lointains, autant que l’essoufflement de la littérature romanesque, ont contribué à cristalliser cette lecture du monde alimentée par de grands écrivains ou de grands voyageurs de partout (à ne pas confondre forcément…), d’Ella Maillart à Bruce Chatwin ou de Théodore Monod à Lieve Joris, entre cent autres dont Jim Harrison, Kenneth White, Le Clézio et, récents lauréats du prix Nicolas Bouvier, les jeune David Fauquemberg et Blaise Hofmann.

Michel le Bris lui-même, qui se rêve « homme océan » et se raconte dans sa récente autobiographie au titre significatif de Nous ne sommes pas d’ici, célèbre le « Grand Dehors » par opposition à une littérature « repliée sur elle-même, tout encombrée encore des débris des avant-gardes, et du rêve vain d'une écriture n'ayant d'autre objet qu'elle-même ».

Du cher Cendrars nous emmenant « au bout du monde » au jeune Alexandre Kaufmann observant, dans Travellers, les « nouveaux routards » d’un œil critique, les écrivains du voyage lointain ou proche n’en finiront jamais de relancer notre curiosité. Lecture sans fin, parfois autour de sa chambre ou de son jardin. Question, essentiellement, de regard et d’attention : « Ma topographie emprunte les chemins vicinaux, écrit Gilles Lapouge, autre vieux pirate de Saint-Malo, «elle voit des îles dans le ciel. Elle croit que les vents sont un pays »… 

LireLeBris.jpgMichel Le Bris. Nous ne sommes pas d’ici. Grasset, 420p.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LireLapouge.jpgAu jardin du monde 

 

Gilles Lapouge est une sorte de Candide arpentant le jardin du monde. Comme il en va de Nicolas Bouvier, qu’il met très haut, sa force est d’un styliste au ton unique, dont il émane un charme malicieux tout à fait irrésistible. Dès les première pages de La légende de la géographie, où il évoque son arrivée de jeune homme  à Paris, la guerre achevée, dans un train qui cherche son chemin en tâtonnant dans les ruines du pays, son art nonchalant et vif à la fois, rappelant un Vialatte, fait merveille. Ensuite, son amour de la géographie le pousse à un quadrillage du monde proche et lointain qui englobe une cosmographie, une cartographie  et un grand inventaire des prés verts et des jours gris, via les noms de Proust et les portulans, les planisphères de Borges et la neige qui « efface la géographie », la mémoire enfin de notre espèce qui n’en finit pas de nourrir la sienne et la nôtre, dans un périple passionnant et savoureux à la fois…

   Gilles Lapouge. La Légende de la géographie. Albin Michel, 275p

A lire aussi, sur quoi je reviendrai sous peu, le magnifique ensemble de conversations de Gilles Lapouge avec Christophe Mercier, intitulé La Maison des lettres te paru chez Phébus

 

 

LireKaufmann.jpgRêver à la Courlande 

 

Le nom de Courlande chante doux, qui évoque une région que peu d’entre nous situent sur la carte ni ne sauraient raconter l’histoire, pourtant riche de souvenirs prestigieux. Or Jean-Paul Kauffmann, dont on se rappelle que, journaliste de renom, il fut pris en otage par le Jihad islamique et retenu trois ans durant au Liban, l’écrit dès les premières pages de son dernier livre : « La Courlande appartient à mon histoire. Je suis parti à la recherche d’un nom. Je me suis lancé à la poursuite d’un souvenir ».

Ladite histoire commence avec une femme prénommée Mara , libraire à Montréal où le jeune Français se trouvait alors au titre de la coopération, elle-même originaire de Courlande et qui lui en dit plus sur cette province de Lettonie où Louis XVIII fut exilé et dont chaque village compte « au moins un château ».

Comme pour les îles Kerguelen, où l’ex-otage exorcisa son drame personnel après sa libération, la Courlande fait ici figure de lieu de rêverie, mais avec des personnages qui n’on rien de fantomatiques et tirent le récit vers le roman.

Jean-Paul Kauffmann. Courlande. Fayard, 295p.

 

LireYourcenar.jpgMarguerite Yourcenar

Le bris des routines

Textes choisis et présentés par Michèle Goslar.

La Quinzaine littéraire/Louis Vuitton, 328p.

 

«Le voyage, comme la lecture, l’amour ou le malheur, nous offre d’assez belles confrontations avec nous-mêmes, et fournit de thèmes notre monologue intérieur », écrit Marguerite Yourcenar dont ce très riche recueil de textes choisis et présentés  par Michèle Goslar, nous fait traverser la vie et l’oeuvre. Comme on peut s’y attendre de l’auteur de L’œuvre au noir et des Mémoires d’Hadrien, le voyage est à la fois parcours des lieux d’Europe, « vaste patrie », d’Amérique liée à la conaissance de soi, et de l’Asie ouverte à des sensations nouvelles, autant que plongée dans le temps.

 

  

 

LireHofmann.JPGBlaise Hofmann

Notre mer

L’aire, 211p.

 

Les lecteurs de 24Heures se rappellent les chroniques et les notes de blog du jeune écrivain lancé, pour six mois, dans un périple qui lui a fait faire le tour de la « grande bleue ». Parti et revenu sous le « patronage » d’Albert Camus, qui soulignait l’ouverture de la Méditerranée sur les grandes pensées orientale, et appelait de ses vœux « une nouvelle culture méditerranéenne », notre confrère à vu beaucoup de gens et de choses, saisies par une écriture claire et vive. Reste ici la moitié de son reportage, avec un cahier d’illustrations… (jlk)

 

 Dessin ci-dessus. Thierry Vernet, pour Le Bon usage de Nicolas Bouvier.

LireBouvier2.jpgLes oeuvres de Nicolas Bouvier, richement documentées, ont fait l'objet d'un volume de la collection Quarto, chez Gallimard.

Les commentaires sont fermés.