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Ciao da Roma

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Lettres à Pascal Janovjak (1)

Rome, le 19 mai 2009.

Caro amico mio,

Ti scrivo stasera dal Campo de Fiori, sotto lo sguardo scuro del Bruno... Nous sommes ici aussi loin de la Désirade que de Ramallah, au coeur tendre de la ville dure que je percois pour la première fois, et physiquement pourrais-je dire, comme le centre du monde ou disons: comme le centre d'un monde de dieux finis quoique non finis à vues humaines, comme n'importe qui en ce lieu peut se sentir fini et infini, à commencer par le couple mythique de l'Eden publicitaire qui nous a accueillis hier à Roma Termini, sur les affiches géantes de l'Emporio Armani, l'Eve et l'Adam des temps apocalyptiques en les personnes de Victoria et David Beckham.David Beckham.jpg

Juste en face de moi, au-dessus de la sombre statue de Giordano Bruno, une immense publicité reconstitue la célébrissime architecture du Colisée par le truchement de states superposées de cannettes vert doré à la gloire d'une firme multinationale sponsorisant la finale de la Coupe des Champions de la semaine prochaine, dont il est à prévoir que le fin de la nuit marquera la dévastation de la place, rituellement livrée aux jeunes casseurs à ce que disent les journaux.Colosseo.jpg

La violence est d'ailleurs partie intégrante de la Ville, dont le roulement puissant de fleuve motorisé, traversé à tout moment de sirènes stridentes, se trouve cependant bordé de petites rues quiètes et de petites places protégées qu'on dirait des iles; et d'ailleurs je te reparlerai des Iles de Rome qu'a évoquées Marco Lodoli dans un livre que nous avons emporté dans nos bagages et retrouvé tout à l'heure en version originale à la Librairie Fahrenheit 451 qui se trouve à quelques pas d'ou je t'écris, ouverte jusqu'à minuit.    

A la violence sont évidemment liées, à Rome, les instances trépidantes du mouvement et de la vitesse, mais Rome est aussi ville de trones, et comme je t'écris à l'instant, tronant sur mon siège curule de plastique vert jouxtant le siège curule de plastique vert de l'impératrices de mon coeur en train de siffler son troisième limoncello, le Temps lui-meme semble troner à l'écart des heures dans la bonne rumeur des gens, et voilà pour ce soir. Or il me plait de conclure cette première lettre au pied de la statue du grand hérétique tandis qu'un éphèbe à longs cheveux blonds et guitare, autour duquel un cercle bienveillant s'élargit d eplus en plus, nous rappelle notre bon jeune temps...

(Segue)

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