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Le sage extravagant

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Aphorismes d’Oscar Wilde

Nul ne fut plus adulé, ni plus haï de son temps qu’Oscar Wilde, né le 16 octobre 1854, quatre jours avant Arthur Rimbaud. Prince de l’esprit et des élégances, il fut déclaré corrupteur de la jeunesse et jeté en prison pour s’être affiché en compagnie d’un fils de Lord et fait de sa vie publique un provoquant et constant «coming out », autant qu’il la voulait œuvre d’art à part entière. Et de fait, ses plus proches l’auront souligné : que ce prestidigitateur du verbe était plus merveilleux encore dans sa conversation que dans ses livres, qui le sont déjà dans les tonalités les plus variées, de la fantaisie à la gravité, du brillantissime au tréfonds du désarroi.
Pour revenir à Wilde comme il sied, à savoir le pied léger, on ne saurait trop recommander recueil de ses Aphorismes, préfacé par le très wildien Stephen Fry, qui l’incarna dans le film de Brian Gilbert (1997) et souligne justement le fait que Wilde fut damné, bien plus que pour inversion sexuelle : pour délit de poésie et de génie créateur faisant fi de toutes les hypocrisies morales, sociales, politiques ou pseudo-religieuses.
Souvent paradoxal d’apparence (« Les philanthropes perdent toute espèce d’humanité, c’est leur trait dominant »), Oscar Wilde ne l’est pas pour se distinguer du commun (qu’il respectait bien plus que les bourgeois, fort aimé notamment de ses co-détenus), mais parce que son horreur des bien pensants et des pharisiens vertueux l’y pousse à tout coup avec un pied de nez : « La seule façon de se débarrasser de la tentation, c’est d’y céder »…
Bel esprit postillonnant de bons mots de salon ? Bien plus que ça : certes arlequin mondain, mais aimant, généreux, plus profond souvent que les poseurs et autres raseurs.
Une appréciable postface non signée (établie par Alvin Redman qui a préparé la version originale du recueil) resitue parfaitement Oscar Wilde en sa vie et ses œuvres. Et voilà le travail : « J’ai passé la matinée à relire les épreuves d’un de mes poèmes, et j’ai fini par enlever une virgule. L’après-midi, je l’ai remise »…

Les hommes
« Je me dis parfois qu’en créant l’homme Dieu a quelque peu surestimé ses capacités ».

« Un homme qui fait la morale est le plus souvent un hypocrite, et une femme immanquablement un laideron ».

« Un homme dépravé est un homme qui admire l’innocence, et une femme dépravée est une femme dont les hommes ne se lassent jamais ».

Les femmes
« Les femmes sont faites pour être aimée, pas comprises ».

« Chaque femme est une rebelle, le plus souvent violemment révoltée contre elle-même ».

« Si une femme ne parvient pas à rendre ses erreurs charmantes, ce n’est qu’une femelle ».

Les gens
« On peut toujours être gentil avec les gens dont on se moque totalement »
« J’aime les hommes qui ont un avenir et les femmes qui mont un passé ».

L’art
« L’artiste véritable a en lui une absolue confiance, car il est absolument lui-même ».
« A mon avis, Whistler est, assurément, un des plus grands maîtres de la peinture. Et je me permets d’ajouter que cet avis, Mr Whistler lui-même le partage tout à fait ».
La seule bonne école pour apprendre l’art, ce n’est pas la Vie, c’est l’Art ».

La vie
« Vivre est ce qu’il y a de plus rare au monde. La plupart des gens existent, voilà tout. »

« L’ambition est le dernier refuge du raté ».

« Le rire est l’attitude primitive envers la vie – une façon de l’aborder qui ne survit plus que chez les artistes et les criminels ».

La littérature
« Si l’on ne peut pas relire un livre indéfiniment avec plaisir, ce n’est pas la peine de le relire du tout. »

« Un poète peut survivre à tout hormis une faute d’impression »

« J’exècre le réalisme vulgaire en littérature. L’homme qui tient à appeler les choses par leur nom, à dire qu’une bêche est une bêche, par exemple, devrait être forcé de la manier. Il n’est bon qu’à cela ».

La conduite
« Je compte sur vous pour donner une fausse idée de moi ».

« Je ne remets jamais à demain ce que je crois pouvoir faire après-demain ».

« Il est toujours agréable d’être très attendu et de ne pas arriver ».

Le journalisme
« Il convient de préciser que les journalistes modernes s’excusent toujours en privé auprès de celui qu’ils ont vilipendé en public »

« Le journalisme n’est pas lisible, et la littérature n’est pas lue »

« Dans les temps anciens, les hommes disposaient du chevalet de torture. Dorénavant, ils ont la presse ».

Les apparences
« Il n’y a que les gens superficiels qui ne jugent pas d’après les apparences »
« Un masque nous en dit plus long qu’un visage »

La conversation
« J’ai horreur des gens qui parlent d’eux, comme vous, lorsqu’on a, comme moi, envie de parler de soi »

« Quand les gens sont d’accord avec moi, j’ai toujours le sentiment que je dois être dans l’erreur »

L’éducation
De nos jours, c’est un lourd handicap que d’avoir reçun une bonne éducation. Cela vous ferme l’esprit à tant de choses. »

« L’école devrait être le plus bel endroit de chaque ville ou village – si belle que l’on punirait les enfants désobéissants en leur interdisant d’y aller le lendemain ».

Jeunesse et grand âge
« L’âme naît vieille mais elle rajeunit. Voilà la comédie de la vie. Et le corps naît jeune, mais il vieillit. Voilà sa tragédie ».

La critique
« Le critique est celui qui sait transmuer son impression des belles choses en un matériau nouveau. La forme de critique la plus élevée, tout comme la plus basse, d’ailleurs, est une sorte d’autobiographie ».

La critique a besoin d’être cultivée beaucoup plus assidûment que la création »

L’amitié
« Je crois que la générosité est l’essence de l’amitié ».

La vérité
« Ce serait le meilleur des hommes s’il ne disait pas systématiquement la vérité ».

Dans la vie moderne, rien ne fait autant d’effet qu’une bonne platitude. Aussitôt, tout le monde a l’impression d’être en famille ».

La société
« La société pardonne souvent au criminel, mais jamais au rêveur ».

La pensée
« La cohérence est le dernier refuge de ceux qui n’ont pas d’imagination ».

«La sagesse vient avec les hivers ».
« Ce qui nous apparaît comme une cruelle épreuve n’est souvent qu’un bienfait caché ».

Le sport
« Que ces brutes de filles jouent au rugby, j’y consens volontiers, mais c’est un sport qui ne convient guère aux êtres délicats que sont les garçons »

Le travail
« Nous vivons à l’époque du surmenage et du manque d’instruction ; une époque où les gens sont si industrieux qu’ils en deviennent complètement idiots ».

Oscar Wilde
« Je n’écris pas pour plaire à des cliques : j’écris pour me plaire à moi-même ».

« Les louanges me rendent humbles, mais quand on m’insulte, je sais que j’ai tutoyé les étoiles. »

« J’ai les goûts les plus simples du monde. Je me contente toujours de ce qu’il y a de mieux ».

8fe306643432fbd5f47276e696e8ba54.jpgOscar Wilde. Aphorismes. Traduit de l’anglais par Béatrice Vierne. Préfacé par Stephen Fry. Arléa, 269p.

Commentaires

  • J'ai horreur de ce type d'ouvrage. C'est du pillage à al portée de tout le monde. Surtout qu'Oscar Wilde mérite qu'on le lise vraiment. Ses oeuvres (à peu près) complètes sont disponibles chez Bouquin pour pas très cher.
    A propos des femmes, ma préférée est lorsqu'il dit qu'il y a deux types de femmes : celles qui sont laides et celles qui se maquilles...
    Mesdames...

  • My God que vous êtes sérieux ! Mal digéré ? Ce qu'on peut ajouter pour la défense de ce recueil, c'est que chaque fragment est identifié par rapport à l'oeuvre d'où il vient, donc le lecteur voit bien que ce ne sont pas des propos de la même voix ou de la même pensée ni de la même période, passant de Dorian Gray à Dans la conversation via Le critique en tant qu'artiste ou L'âme humaine et de là le lecteur peut remonter à la source. Je ne vois pas en quoi c'est du pillage: c'est juste du grappillage, et je n'en ai retenu ici que de courts fragments par pure paresse. J'aime bien aussi, même si vous exécrez, le recueil des mots de Léautaud ou La boîte d'échantillons de Ramon Gomez de la Serna, et je vous laisse à votre méchante humeur...

  • Tout va bien côté digestion, juste la gueule de bois... C'est juste que je trouve ce genre de livres dommageables parce que l'accès à une oeuvre exige un effort. Les livres d'aphorismes sont légitimes lorsqu'ils sont conçus en tant quel tels, uniquement lorsqu'ils sont conçus en tant que tels.
    Vous connaissez sans doute les exigences qu'avait Gracq : il voulait que le lecteur ait à couper les pages, parce que lire un livre, ça se mérite.
    Gracq était sans doute un peu excessif. Soit. Mais l'idée est belle.
    Amicalement et avec le sourire !

  • Il est délicieux de grappiller ici dans votre rouge page ces phrases, comme une légère gourmandise mais je suis tout à fait de l'avis de Bartleby: les morceaux choisis sont à mon sens une sorte d'offense à leur auteur et certainement in fine une facilité néfaste pour un vrai lecteur.
    Personnellement à haute dose, je suis vite écoeurée d'un tel ouvrage, en revanche ici, en antipasti, ces aphorismes donnent appétît à retrouver Bouquins ou pléïade dans sa bibliothèque. So... thanks!

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