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Comme un don qu'on reçoit

Baudelaire-Gustave-Courbet.jpg
« Assommons les pauvres !»
 
(Baudelaire, Petits poèmes en prose)
 
Votre fin de non-recevoir
l’afflige un peu, c’est vrai,
mais rien au fond ne vous oblige
non plus qu’Allah d’ailleurs
devant tout le malheur
offert par le ciel en partage
avec ce qu’on dit le bonheur
nul ne reçoit gorge serrée -
ou menacée de coutelas
le Don juste gracieux…
 
Recevoir ne rapporte rien,
c’est si vrai que l’avare
vous dit qu’il préfère ne pas
avoir à vous devoir,
et le riche flairant la triche
se terre lui aussi dans sa niche ;
mais loin d’être sans voix,
impitoyable et généreux
vous vous tenez au don -
vous donneriez les yeux fermés
sans peur d’être déçu…
 
Baudelaire assomme un mendiant
comme on réveille un mort :
le mendiant réveillé le mord
alors lascars en foire
celui qui donne conjurant
les fautes de la maldonne
et l’autre qui reçoit
les coups le délivrant du sort
s’en vont boire de concert -
« Enivrez-vous ! », dit Baudelaire…

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