Sur une phrase d’Yves Leclair
« Je suis ce petit aveugle conduit par une main inconnue, venu contempler un moineau dans les jets d’encre des bambous ».
Yves Leclair, Manuel de contemplation en montagne, La Table Ronde, 2005
JLK: L'oiseau petit. Aquarelle, 2006.
Commentaires
Voilà deux jours, que je ne peux m'empêcher de m'arrêter, devant ce petit oiseau d'encre, avec son oeil triste, ses plumes mouillées. Quel orage? Quelle crainte le fait s'abaisser, et trembler? Petit oiseau de misère, juste là posé, pourquoi est-ce que tu me troubles autant? Pourquoi ce besoin de redescendre le fil des discussions pour encore te voir? Y aurait-il là mystère à percer? Le mien peut-être, mais on s'en fout, là, aucune importance. Autre mystère alors? Oui.
Qu'est-ce qui fait qu'un dessin, quelques coups de crayons, ou quelques mots, prennent soudain vie? Qu'est-ce qui fait exister ton oiseau, Jean-Louis? Et qu'est-ce qui manque encore à mes personnages?
A regarder, ce petit volatile trop sage, un indice: Ouvrir, et laissez s'échapper ce que l'on n'a pas envie de montrer, et ce qu'on ne maîtrise pas.
C'est cela même, ma soeur Anne, et ça va venir, je les vois d'ici, y aura plein d'oiseaux dans nos cachots...
Cher JLK,
j'aime que votre oiseau d'encre se soit perché sur la cage ouverte de l'une de mes phrases.
Amicalement.
Yves Leclair
Elle est bien, l'aquarelle. Dense, et le tit noiseau.
Je lui vois la tête haute, du défi dans le bec, se ramassant pour mieux s'envoler. Ronchon, peut-être écoeuré, mais pas naze.