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L'Apôtre du tiroir-caisse

 

2a7f09d6242f4beb21df960c29a3f2ca.jpgPaulo Coelho, messie multipack de la littérature de gare et d’aérogare, ex chanteur de rock et futur Nobel de mystique ploutocratique, est apparu ces derniers jours au Salon du Livre de Genève, où je n’étais pas et peux donc en parler plus librement...
En bonus: retour à La solitude du vainqueur, qui fit date dans le genre démago...

 

Un critique littéraire est-il censé parler des livres de Paulo Coelho, plus que des romans de feue Barbara Cartland ? La question ne s’est pas posée à la parution de L’Alchimiste, conte initiatique fait de bric et de brocante qui pouvait faire illusion, genre Petit princerelooké New Age. Mais comment défendre ce qui a suivi ? Comment ne pas voir que le présumé auteur inspiré, ex-hippie visité par la Muse, était moins un candide conteur qu’un malin opportuniste  jouant avec la crédulité des foules, dont la mythologie pseudo-mystique des Guerriers de la Lumière qu’il bricola en marge de ses écrits ne cédait en rien au marshmallow pseudo-spirituel des sectes multinationales, de Moon à la Scientologie en passant par les fameux adeptes (paix à leurs cendres) du Temple S olaire.
Si le critique littéraire « à l’ancienne » regimbe à l’idée de parler du contenu (?) et de la forme (??) des romans de Paulo Coelho,  c’est que l’idée de faire la leçon aux foules, du haut de son «élitisme», ajoute au dégoût de parler pour rien, puisque de toute façon la Machine à faire pisser le dinar tourne à plein régime.

83a6ecdf89538f67066e5bf5d33442da.jpgJ’ai rencontré trois fois, réellement puis virtuellement, Paulo Coelho. La première fois, c’était au lancement de L’Alchimiste.Charmant garçon, relax max, un vrai pote. Ce qu’il m’a dit était peu de chose, mais « tout est dans le livre » étions-nous convenus. La deuxième, ce fut dans un cagibi préservé du bruit du Salon du Livre de Genève, dont le Brésil était l’invité d’honneur. Paulo se souvenait très bien de moi, prétendait-il. Comme je suis bonne pâte, j’ai fait celui qui le croyait, tout en notant qu’il n’avait rien de plus à me dire que la première fois. Par ailleurs, comme c’est loin d’être un imbécile, il avait constaté que mes questions trahissaient un esprit critique inapproprié, comme on dit, et la non-conversation tourna court. Audit Salon du Livre, je relevai le fait que les piles des best-sellers de Coelho occupaient le devant des devantures du Pavillon du Brésil, alors que les Jorge Amado et autres plumitifs « élitaires » se trouvaient relégués en second rang - mais quel esprit mesquin me fait noter un tel détail...
Or je reviens à ma question : l’approche critique des livres de Paulo Coelho a-t-elle le moindre intérêt. Certes : en tant que phénomène typique des simulacres de la culture globalisée, cette approche est intéressante, bien plus que celle d’autres best-sellers mondiaux du type Barbara Cartland. Pourquoi cela ? Parce que la secte virtuelle entretenue par les livres et le site internet (récemment restructuré après avoir atteint des sommets de kitsch New Age) de Paulo Coelho participent à l’évidence du multiculturalisme mou visant au décervelage des populations.
Paulo Coelho est le Messie de cette idéologie anesthésiante, qui ne manque pas un World Economic Forum. C’est d’ailleurs là que je l’ai rencontré la troisième fois, à titre virtuel. Etait-ce à Davos, à Zermatt ou à quelque autre sommet de la Phynance ?

Peu importe à vrai dire, et peu importe si c’était le vrai Paulo Coelho qu’on voyait sur l’écran. A vrai dire, comme il y eut en son temps des Saddam de rechange, il est fort possible que le petit homme en jeans et à bouc grisonnant ne soit qu’un prête-face à l’entreprise Coelho & Coelho, dont Sulitzer pourrait écrire la chronique, à supposer que Loup Durand en ait encore le tonus. Tout cela est passionnant, n’est-il pas ?


Dans les années 20 du XXe siècle, le génial romancier-visionnaire Stanislaw Ignacy Witkiewicz imagina, dans L’Inassouvissement, une secte multimondiale, guidée par le phénoménal Murti Bing, qui avait commercialisé une pilule assurant à chacun la Vision Lumineuse de la Lumière Invisible. On voit que Paulo Coelho n’a rien inventé : belle découverte en vérité, et ça continue aujourd'hui.

Paulo Coelho entre Croisette et Vatican

Coelho7.jpgCar, en fait de démagogie spiritalisante, Paulo Coelho n'en manque pas une. Ainsi a-t-il repris, avec La Solitude du vainqueur, le chemin du Bon combat qui le conduit, cette fois, dans les coulisses sordides du Festival de Cannes, lequel, tiens, vient justement d'ouvrir ses portes infernales. La première invocation du Guerrier de la Lumière nous rappelle qu'il fut un enfant de choeur brésilien avant de s'égarer lui-même dans les miasmes sataniques du rock et de la pop: - Ô Marie sans péché, priez pour nous qui faisons appel à Vous - amen. Sur quoi la première phrase de la Préface de ce Thriller de la Vraie Voie pousse le lecteur à s'agenouiller fissa: "L'un des thèmes récurrents de mes livres est qu'il est important de payer le prix de ses rêves." En l'occurrence: 19 Euros, ce qui fait tout de même 40 balles suisses pour qui ne reçoit pas le Service de Presse gratos... Et la Leçon de s'ensuivre qui ne s'achèvera qu'au terme de cette fable édifiante: "Nous vivons depuis ces dernières décennies au sein d'une culture qui a privilégié notoriété, richesse et pouvoir, et la plupart des gens ont été portés à croire que c'étaient là les vraies valeurs auxquelles il fallaait se conformer". Et le gourou christoïde d'enchaîner aussi sec: "Ce que nous ignorons, c'est que, en coulisses, ceux qui tirent les ficelles demezrent anonymes. Ils savent que le véritable pouvoir est celui qui ne se voit pas. Et puis il est trop tard, et on est piégé. Ce livre parle de ce piège". 

Le piège, revisité par un auteur empruntant à la fois à Gérard de Villiers, pour la délicatesse de l'intrigue frottée de sang, et à feue Barbara Cartland (en moins chaste) pour le zeste d'intrigue sentimentale, entre autres modèles impérissables, rappelle un peu le dessin de Sempé figurant, sur un quai de Saint-Trop, le bon père de famille désignant à ses femme et enfants une kyrielle de yachts plus luxueux les uns que les autres et s'exclamant: vous voyez, ces gens-là sont malheureux bien plus que nous !

Or c'est exactement ce que Madame et Monsieur Toulemonde se diront après lecture (car ils lisent) de La solitude du vainqueur: que tout est pourri-gâté à Cannes, de la jeune starlette au produc véreux ou du styliste self made man au top modèle rwandais - non, je n'invente rien ! Paulo Coelho lui non plus n'a rien inventé, on l'en savait incapable depuis L'Alchimiste, où j'avoue qu'il m'a piégé comme tant d'autres, par une fabrication habile, alors que ce livre déjà n'était qu'une compilation de contes orientaux et de resucées de sagesse passe-partout. À plus tard l'analyse littéraire fouillée (sic) de L solitude du vinqueur. J'attends de me trouve dans l'enceinte du Vatican pour faire mon rapport aui vicaire du fils de Marie-conçue-sans-péché...

        

Commentaires

  • Bien incapable de juger du style, de l'homme que je n'ai jamais rencontré, pas plus que du risque sectaire qu'il semble incarner ou de l'aspect commercial dont je me fout, j'ai passé quelques très bons moments plongée dans Véronica se cache pour mourir ou le Démon et Melle Prim et le chemin de Compostelle...
    J'y ai trouvé un humanisme constant qu'il me semblait plutôt bien de savoir aussi largement diffusé... comme quoi...
    Amitiés du Dôme...

  • Aucun risque "sectaire", faut pas pousser... il s'agit de dilution de certaines vérités bien réelles et pas du tout maléfiques, ni castratrices, ni emprisonnantes.

    Sinon, je n'ai jamais pu lire plus de dix lignes de l'Alchimiste. Je ne remets pas en cause la démarche de cet écrivain, je le pense sincère et pas plus commercial que bien d'autres.

    Je ne pense pas qu'il soit un "littéraire" au sens consacré du terme, alors bon...

    J'écris ces lignes parce que, après avoir lu la descente en flèche de JLK, je suis allée voir sur le site à P.C.

    Le bouquin en question commence en réalité ainsi:

    "Personne n’allume une lampe pour la cacher derrière la porte : le but de la lumière, c’est d’apporter davantage de clarté autour de vous, de vous ouvrir les yeux, de vous montrer les merveilles qui vous entourent.

    Personne n’offre en sacrifice son bien le plus précieux : l’amour.

    Personne ne confie ses rêves à des individus destructeurs.

    Sauf Athéna."

    D'accord, la phrase incriminée ne brille pas par son originalité, mais, tout de même, cela ne me paraît pas très juste de sortir comme ça une phrase de son contexte. En l'occurrence, comme en toutes les occurrences, le contexte donne son sens à une phrase ridiculisée, dont on peut se gausser, ainsi extraite. Prise dans le contexte, on comprend qu'il veut poser une évidence toute plate, en opposition à la complexité ou à l'aspec original d'un personnage.

    C'est pas chic... "ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse."

  • marius ratti le héros(frêre de paulo coelho)du tentateur de broch,avait le chic de vous mettre dans le contexte,et le contexte c'est quoi? c'est être hors de l'histoire et coelho comme ratti sont des maitres du contexte.hors sortie prise dans le contexte,et on peut tout dire...mais essayez de lire "l'écriture ça crispe le mou... de christian prigent,d'un coup ça vous remet dans l'histoire des paroles et des phrases décontextées,essayez de les mettre"dans hors sortie prise"du contexte vous pouvez pas elles sont l'histoire.Stanislaw Ignacy Witkiewicz est très loin des lecteurs de notre époque bien à tord ces deux romans se défendent dans l'histoire avec génie.les lecteurs des livres de poche(en quinze versions luxe,petit prix comme un psaumier,reluire or cuir dans toutes les matières,un peu comme le prophète de khalil gibran,un livre de vie,le seul livre qu'on a lu le prophète de gibran ayant lui substance,mais le même genre de livre d'éditer pour les fans) de coelho aucun n'est capable de le lire,comme le tentateur de broch"la lecture ça crispe le cool..."

  • Bonjour,

    Je travaille pour Newsring, le site de débat lancé par Frédéric Taddeï, je me permets de vous contacter car nous venons de lancer un débat sur le Festival de Cannes et nous vous proposons de venir participer afin de partager votre point de vue et faire progresser le débat :

    Le Festival de Cannes n'est-il qu'une foire aux célébrités ? (http://www.newsring.fr/culture/856-le-festival-de-cannes-nest-il-quune-foire-aux-celebrites)


    Pour participer, il suffit de se connecter sur le site (à l’aide de Facebook, Google+ ou LinkedIn) et de cliquer sur “contribuer au débat”.

    Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me recontacter.

    Cordialement,

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    Jérémy
    Community Manager Stagiaire à Newsring.fr

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