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Sous les bombes

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Supplément aux Bienveillantes : Une femme à Berlin
Que se passait-il à Berlin du printemps à l’été 1945, pendant que Max Aue, le protagoniste des Bienveillantes, trucidait l’un de ses amants dans les wc d’un hôtel avant d’aller pincer le nez du Führer en son bunker ?
Le récit des bombardements de Berlin, dans Les Bienveillantes, est certes déjà très impressionnant, mais c’est une sorte de zoom, sur l’immeuble défoncé d’un quartier du centre, qu’accomplit le formidable témoignage anonyme qui vient de paraître et recoupe, par ailleurs, les constats établis par W.G. Sebald dans Une destruction.
Entre le 20 avril et le 22 juin 1945, une jeune femme, employée d’édition jusque-là, et qui a pas mal roulé sa bosse en tant que reporter (notamment en Russie), commence à décrire sèchement tout ce qu’elle observe autour d’elle et dans les ruines de la ville où, bientôt, les Russes vont déferler, précédés par une rumeur épouvantable faisant état de viols en série. De page en page se déploie une chronique hallucinante rappelant la « maison des morts » de Dostoïevski, riche d’innombrables détails tragiques ou cocasses. Observatrice implacable, l’anonyme trace des portraits carabinée de ceux qu’elle côtoie dans les souterrains ou aux files d’attente (la faim est l’autre obsession, avec la peur des bombes), avant la terrifiante suite de tribulations vécus par les femmes, des vieillardes aux adolescentes.
Sebald l’a dit après d’autres : de tels témoignages sont restés tabous en Allemagne jusque assez récemment, étant entendu que le peuple allemand, et jusqu’à la dernière des femmes et au dernier des enfants, méritaient le châtiment suprême. L’auteur anonyme l’a d’ailleurs confié à l’écrivain C.W. Ceram en 1947 : « Aucune victime n’a le droit de porter sa souffrance comme une couronne d’épines. Moi, en tout cas, j’avais le sentiment que ce qui m’arrivait là réglait un compte ».
Ce sentiment coïncide, d’ailleurs, avec les premières révélations avérées touchant à l’extermination massive, que la jeune femme découvre avec horreur en juin 1945 alors que la vie commence juste à reprendre ses droits : « Notre triste sort d’Allemands a un arrière-goût de nausée, de maladie et de folie, il n’est comparable à aucun autre phénomène historique »…
Anonyme. Une femme à Berlin. Journal, 20 avril-22 juin 1945. Présentation de Hans Magnus Enzensberger. Postface de C.W. Ceram (alias Kurt W.Marek). Traduit de l’allemand par Françoise Wuilmart. Gallimard, coll. Témoins, 259p.

Commentaires

  • Je suis , personnellement , très curieux de voir quels seront l'accueil et les réactions du public allemand à la publication des Bienveillantes dans la langue de Goethe : des polémiques , sans doute , une réactivation de certaines mémoires occultées peut-être ...

  • Lui aussi en est très curieux. Il a dit et répété que cela comptait pour lui plus que l'accueil de la France. Je ne serais pas étonné, d'ailleurs, que l'accueil allemand soit plus intéressant, voire favorable, que celui de l'intelligentisa française... On peut se rappeller l'accueil débile que certains ont réservé en France au film La Chute, qui a été très bien perçu en Allemagne autant que... dans la communauté juive américaine, comme me l'a dit bruno Ganz lui-même.

  • Je pense que l'accueil sera meilleur et plus riche également ... La France est hélas assez réactive en terme de 'collaboration' sur le paysage 39-45 et tout ce qui ne lui rappelle pas un glorieux passé de Résistance etc. et à mettre aux oubliettes ... ou à descendre en flèche ... La preuve en est que quand je disais plus jeune que mon grand-père avait été déporté ... je devenais juive d'office avant de devoir expliquer que les résistants débusqués et surtout dénoncés étaient déportés aussi ... alors les coups de pied dans la termitière ... on n'aime pas apparemment de ce côté-ci de la frontière : (

    Avez-vous reçu mon mail au fait ? Je ne sais pas si j'ai utilisé la bonne adresse très cher hôte ^^

    Bien à vous Claire

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