UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Reconnaissance en filiation

 medium_Charras.2.JPG

Pierre Charras rend hommage au « perdant » dont il est le fils

C’est un livre émouvant et vrai que Bonne nuit, doux prince, à la fois tendre et dur, âpre et pourtant généreux, qui rétablit un lien posthume à double valeur d’exorcisme personnel et de témoignage sur un certain type d’hommes dans une certaine France d’une certaine époque. Né en 1911, neuvième enfant d’une famille de montagnards, aspirant vite à fuir le plus tôt possible son bled natal (dont 15 appelés sur 16 tomberont à la Grande Guerre) pour la ville, cet homme marqué à vie par la mort prématurée de sa sœur jumelle, à douze ans, que l’auteur dit peut-être mort lui-même à ce moment-là, est le type du sans-grade qui s’est toujours senti méprisé, tenu pour rien, et qui fera de son effacement et de sa résignation un style de vie « à bas bruit ».
Comme souvent dans ces cas, la défaite du père lui fait reporter sur le fils l’espoir de la Réussite, via le baccalauréat et une carrière qu’on espère exceptionnelle. Devenu professeur et écrivain, l’auteur ne sera pas moins rejeté par son père lorsque celui-ci apprendra sa « différence », accréditant le sentiment de Pierre Charras que « l’amour a toujours été associé aux larmes ».
Rien cependant de larmoyant dans ce petit livre noble d’inspiration et vibrant de douloureuse reconnaissance, beau portrait d’un père en « enfant stupéfait » et, finalement, en « doux prince » du plus humble royaume.
Pierre Charras. Bonne nuit, doux prince. Mercure de France, 114p.

Commentaires

  • Il y a un article sur Pierre Charras dans le magazine Lire. C'est son seizième roman, "tous nourris de sa propre vie, tous marqués par la figure de ce père absent, manquant".....
    "Moi je suis un taiseux. Lire permet à la fois d'être seul et de ne pas l'être" dit cet écrivain dans cet article. Il est également acteur, et traducteur.

  • Merci, Marie, pour ces mots du matin qui pour vous sont du soir. Le petit livre de Charras est exactement de ces pépites perdues dans le monstrueux tout-venant de la rentrée, dont je vais tâcher de parler: les livres d'Ariel Kenig, de Philippe Lafitte, de bien d'autres encore. Je n'ai rien dit des autres livres de Charras et de son travail d'homme de théâtre car ces chroniques quotidiennes de 24Heures sont trop brèves, où l'on ne peut dire que l'essentiel d'une lecture et encore. Il était venu à Lausanne avec une pièce étonnante consacrée à Francis Bacon, et c'est vrai que c'est un "taiseux" qui en dit bien plus que maints "parleux"...

Les commentaires sont fermés.