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Au plus que présent

medium_Bonnard25B0001.2.JPGA La Désirade, ce mercredi 14 juin. – Cinquante-neuf ans aujourd’hui, et qu’est-ce à dire : le masque et la déprime ? Tout le contraire : frais et léger comme l’aube de ce jour de juin aux doigts de rose. Trente-neuf fois plus présent et clairvoyant qu’à vingt ans, vingt-neuf fois moins égaré dans mon esseulement qu’à trente ans, dix-neuf fois plus décidé et délié qu’à quarante ans, neuf fois plus obstiné et détaché qu’à cinquante ans, et chaque jour plus reconnaissant d’avoir passé par tous ces âges et ces avatars, chaque jour mieux fait à l’idée que tout passe…
Reconnaissance alors à cela simplement qui est ce matin: le sourire d’L. qui me dit qu’elle m’aime, la pensée de nos deux enfants là-bas dans leur vies, le pensée de nos vivants aimés et de nos chers défuntés. A peine un souffle sur l’eau bleue. Et quoi de plus ?
Tant à vivre au jour le jour. Tant à recevoir et à donner. Tant à lire et à écrire encore. Ce matin sur ma table : ce livre reçu hier de l’occulte ami Bona, et qui me parle aussitôt « à hauteur d’enfance ».  Ou cet autre message de la noire cavalière, elle aussi rencontrée sur la toile, qui me recommande, à propos d’un certain Ange déglingué, de lire tel livre de Jean-Yves Leloup qu’il lui a fait découvrir, et que j’ai moi-même déjà lu et relu : Désert, déserts... Ou cette lettre de mon cher Bernard, en écho aux pages de mon roman en chantier, dont l’intelligence du cœur s’est retrempée au tréfonds de la souffrance et qui dispense tant de bonne lumière.
Tant d’intersections de vraie vie féconde. Ma bonne amie que je surprends à l’instant plongée dans Matière et mémoire de Bergson, alors que tous les jours je retrouve moi-même la matière et la mémoire de la Recherche du temps perdu. Et ma chère L. de me dire que ces rencontres la délivrent du poids des engluements de la vie en ville et de tant de menées de médiocres bureaucrates ne détestant rien tant que ce qui bouge et respire - les éternels morts-vivants se perdant dans le simulacre de travail.
Quand l’éternel présent est à ressusciter, et que là réside le vrai travail où coïncident savoir et saveur, science et poésie, écoute et don de soi - de là renaissant la joie simplement d’être là, vivant et présent…

Commentaires

  • Bon anniversaire, Jean-Louis. Moi aussi je trouve que c'est bon, de vieillir.
    Vos textes ci-dessous sont très beaux, notamment "Au jardin", et votre texte sur Nabokov, d'ailleurs celui de l'auteur masqué me rappelle "Une beauté russe" bien qu'il n'en vienne pas.

  • Quand on lit ce texte à presque 18 ans, on se dit que décidément, on n'a pas fini d'être heureux.

    Bon anniversaire, Jean-Louis. Et je profite de cette date un peu spéciale pour vous remercier (encore une fois) de m'avoir ouvert, avec le Passe-Muraille, une nouvelle porte.

  • Une pensée pour vous, ce soir.
    J'aime à vous lire, et ce bonheur dont parle Bruno, entre les lignes et à l'intérieur, c'est rare.
    C'est vrai, si j'ose dire, on jurerait que vous avez l'âge de Bruno, devant la vie, devant les livres.
    C'est-à-dire, juste, la présence.
    Et puis, sans doute, par surcroît, une mémoire... mais n'est-elle pas déjà infinie, dès le premier jour?

    Bien cordialement,

  • "Tant à lire et à écrire encore" ! Allegria ! Bon anniversaire Jean-Louis !

  • Bon anniversaire cher JLK! Gut geburgstag Kompherr! Je profite de ce que Bruno en profite pour profiter moi-même de vous adresser le même remerciement!

    Amitiés à Fellow.

  • Cher JLK, heureux anniversaire, et merci pour être présent ici avec tant de belles choses à nous faire découvrir.

  • A vous tous et de tout coeur: merci.

  • Comme je suis en pleine ambassade du papillon, j'avais l'impression que tu étais beaucoup plus jeune. Je n'ai pas beaucoup le temps de lire les blogs vu que je passe le plus clair de mon temps sur les cimes des Pyrénées et le reste avec ton journal et ma bonne amie comme tu dis.
    Bon anniversaire

  • "Vieillir,c'est transformer l'expérience en conscience" mais comment le transmettre?....

    Votre blog est un début de réponse, merci!

    Comme il fait bon venir vous fêter!

  • Merci Frédo. Je viens d'enterrer mon ami Devos. Vieux gamin grave. J'espère que vous avancez bien avec votre camion dans les complications de banlieue, entre Dôme et forêts. Le pétrole sera bientôt remplacé par l'éolienne. La fauvette y va de ses glossolalies. Continuons le combat des tulipes.

  • Triste coîncidence! j'écoutais récement "je vais tuer le premier venu".... Vieux gamin grave et brillant qui nous faisait rire de la folie des hommes et en démontait les rouages pervers... Aujourd'hui j'ai entendu ce sketch par des imbéciles convaincus, s'accrochant à leur haine et à leur folie plutôt que de vivre... ce matin ma charette a failli écraser mon poussin de mes mains...
    Epuisement, découragement, impuissance...
    Dormir, dormir, dormir pour rêver...

  • A Céline qui évoquait la mort, son interlocuteur demandait: que diriez-vous des hommes avant de vous en aller ?
    Et Céline: Ils étaient lourds...
    Alors l'autre cuistre: et vous, vous avez essayé d'être léger ?
    Et Céline: Je n'ai pas besoin d'essayer. Je suis le fils d'une réparatrice de dentelle ancienne, de sorte que je connais très bien les finesses. Je suis l'un des rares à savoir encore distinguer la valencienne de l'alençon, je connais très bien les finesses, la beauté des femmes et des animaux...

    Ne vous laissez pas écraser, Frédérique, ils ne le méritent pas...

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