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Centaures des dunes

 Houellebecq et les lemmings…
Au Cap d’Agde. Cité du soleil, ce 26 mai. Michel Houellebecq a bien décrit, dans Les particules élémentaires, comment le quartier naturiste du Cap d’Agde, longtemps fréquenté par les très décents nudistes adeptes de la Vie Saine, s’est trouvé investi par une nouvelle population plus portée sur le sexe possiblement partagé, entre couples et gangs à bangs, dont le premier décor des ébats en plein air fut le revers des dunes avant que les exhibitions ne débordent sur la plage au vu de tout un chacun.
Ces dernières années, en fidèles des lieux attachés à leurs vastes espaces de sable doux à fouler des heures durant et de ciel à l’avenant, nous aurons remarqué, pour notre part, ce spectacle étrange, relevant de l’éthologie humaine, de centaines de couples se rassemblant étroitement en un point précis des dunes pour se tenir là en groupes et en troupes, debout et ruisselant d’huile solaire à haute teneur de carotène, les corps le plus souvent ornés de chaînettes et de plaquettes, tatoués et piercés jusqu’aux endroits les plus délicats, stationnant à peu près immobiles et se regardant les uns les autres, plus hagards que souriant, comme paralysés par la même haletante attente d’on ne sait quoi, nous évoquant alors ces attroupements de manchots ou, plus exactement, du fait de leur silence assourdissant, de lemmings – et c’est d’ailleurs ainsi que nous les appelions jovialement en passant et en repassant…
Or voici que, cette nouvelle année, une nouvelle créature a fait son apparition à la crête des dunes, sous l’apparence imposante d’un centaure piaffant, le plus souvent immobile lui aussi, puis fonçant dans telle ou telle direction et gesticulant alors ça et là.
Telle est la police montée qui patrouille désormais les présumés nids de débauche du revers des dunes, tandis que diverses pancartes apposées aux passages obligés proclament la peine encourue par la moindre démonstration publique à caractère sexuel : de 1000 euros à l'ergastule…
Les lemmings vont-ils disparaître pour autant ? Rien n’est moins sûr, et qui d’ailleurs le souhaiterait vraiment ? Notre voisine la Comtesse presque centenaire, naturiste de la première heure sur les dunes de la Baltique où elle fut courtisée par le peintre Edvard Munch dont je suis fou féru, résume notre philosophie commune par la formule « Jedem Tierchen sein Plaisirchen », à chaque bestiole sa babiole…
Et l’innocente Alina Reyes de conclure avec une grâce et un style qui manquent évidement à trop d’enfiévrés du sexe sans amour: « Et mes chairs sont des roses, mes mains des roses aux pétales de doigts, mes doigts un bouquet, chaque pulpe de mes doigts un bouton de rose qui va et vient et fait des rondes dans ma vallée de roses »…

Commentaires

  • Ce château de sable est magnifique.
    Puisque vous êtes rentré de vacances, je vais me décider à vous répondre, Jean-Louis.
    Signé la paresseuse.

  • Mais nous ne sommes pas rentrés du tout chère Alina: cela prend du temps de construire un château les pieds dans l'eau...

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