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Des visages

Inlassablement je regarde les visages, et partout le drame, inscrit en rides et en traits durcis ou épurés au contraire; et les humbles, muettes figures de l’autobus ou de la salle d’attente; et la comédie des peaux liftées, tendues comme sur autant de masques d’un éreintant carnaval; et la ménagerie, le casoar ou le sanglier; et le cabinet de curiosités des natures subies ou sublimées, la babine sexuelle ou l’icône de vieux bois.
Or curieusement, plus je les regarde et plus je me surprends à les accueillir tous.
En regardant de tout près le visage de quelqu’un qu’on aime, on se sent parfois défaillir de tendresse. Ce seul visage n’a pas au monde son pareil, se dit-on, et tous les visages y délèguent cependant un reflet. Un instant, on se figure qu’on perdrait tout en le perdant, puis à le regarder vraiment on s’aperçoit que sa lumière n’est pas que de lui: que sa présence n’est qu’allusion à l’on ne sait quoi d’éternel.

 

Commentaires

  • une belle ode amoureuse

    très poétique

    tellement vrai
    et
    tellement fragile

    l'essence même de la vie

  • Cher Jean-louis
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  • Qu'elle est songeuse en ce matin de pluie où on lui a demandé de poser. Est-ce un matin de novembre juste avant qu'elle ne parte rejoindre celles et ceux pour lesquels et avec lesquels elle travaille ? Avec les caresses de l'Indienne par un matin de pluie alors que les arbres se dépouillent comme de vieilles putains fatiguées.

  • Le visage ce qui nous distingue et nous rapproche, ce qui nous identifie et nous fait tous semblables, ce qui nous singularise et nous fait membre d'une espèce ... le visage si merveilleux quand il est congruent, si antipathique quand il ne reflète pas nos paroles, nos gestes,... Le visage une caresse posée sur la main quand ce n'est pas le sien

    A vous lire
    Claire

  • Les regarder ces visages, les apprendre, les inscrire dans la mémoire du coeur parce qu'un jour, un visage, celui que nous cherchons comme un radeau... Celui-là, le temps et l'absence auront brouillé ses traits. On tend la main dans le vide, on tâtonne, on caresse une trace... on cherche un front, cette bouche tremblante, cette joue qu'on aimait caresser en passant, ces cheveux... Et cela fuit, cela s'en va, cela s'efface... Alors nous regardons d'autres visages et parfois...

  • Ton petit texte, Jean-Louis m'encourage à poursuivre ardemment mes études iconographiques et mes essais de captures numériques des visages dans tous leurs états, au naturel comme à l'état d'imprimé ou à celui de sujet filmé. Devant mon objectif il y a la nudité du visage, la nudité ce caractère fondamental du visage; certes avec sa plastique il se donne une contenance, mais l'expression du visage perce cette forme, il se fait alors exposition et imposition de la pure nudité de l'être.

    Pour un portraitiste cette vulnérabilité du visage doit être saisie sans être violentée sinon elle touche alors au viol de l'image, à la caricature méchante...cet équilibre, cette finesse, cette douceur qui peut parfois s'apparenter à une prise en force, à un vol à la tire, est complexe à travailler dans la rue avec des inconnus désarmés qui nous offrent leur nudité, leur vulnérabilité et qui souvent s'y refusent par un mouvement d'humeur entraînant souvent l'invective...

    Je m'inspire pour mon travail du très beau texte de Levinas dans "Ethique comme philosophie première" où le philosophe appelle à ne point confondre le visage avec une figure, un portrait, à ne pas l'aborder comme élément d'un blason, mais de le regarder droit dans les yeux pour voir, non l'iris mais la pupille, car elle fait saisir le caractère fondamental du visage : sa nudité. Le lexique dans lequel on doit alors en parler est celui de la vulnérabilité, laquelle seule exprime l' "exposition extrême" et le "sans -défense" du visage qui est au bout de cette exposition...voilà ma recherche actuelle pour aboutir à un geste photographique respectueux de cette nature profonde du visage que Levinas me révèle...et j'espère que tu accepteras JLK quelques séances d'offrande de ton visage, d'offrande à mon art visuel et numérique en plein balbutiement...Philip.

  • Au milieu des figures, ton visage,
    Jaillit comme la source,
    Souffle porté comme un chant.
    Au milieu des figures, ton visage,
    Vibre comme la Terre.

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