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L’amour des livres


Aux visiteurs de ce blog

Pour vous qui feuilletez ces pages virtuelles, visiteurs identifiés ou non, proches ou lointains, complices ou sceptiques, j’ai ramené l’autre jour, de la librairie Tschann où je passais, ce petit livre qui ne se veut lui-même qu’un feuillage de mots, arrangé par Manuelle de Birman à l’enseigne de L’Archange Minotaure, sous le titre de L’Amour des livres & de la lecture.
C’est cela, sans doute, quels que soient nos goûts proches ou opposés, qui nous réunit de loin en loin, dans la conviction partagée que « tout, au monde, existe pour aboutir à un livre », selon la formule de Mallarmé.
Cela fait-il du monde un cabinet de rat des lettres claquemuré dans sa poussière ? Nullement. Car « l’écriture est un art d’oiseleur, et les mots sont en cage, avec des ouvertures sur l’infini », comme le notait Charles-Abert Cingria.
Le même Cingria disait que la meilleure critique ne faisait que coudre ensemble des citations. Lui-même ne s’y tenait pas, mais l’art de la citation est une composante de la bonne critique, et voici que Léon Bloy suggère : « On devrait fonder une chaire pour l’enseignement de la lecture entre les lignes ».
L’autre jour, dans son petit bureau de la rue Huyghens, Amélie Nothomb, folle de lecture s’il en est, me rappelait l’observation de Virginia Woolf selon laquelle n’ a été vécu que ce qui a été écrit, mais une nuance qualitative est apportée sur ce qui est vécu et écrit par Valéry : « La lecture des histoires et romans sert à tuer le temps de deuxième ou troisième qualité. Le temps de première qualité n’a pas besoin qu’on le tue. C’est lui qui tue tous les livres. Il en engendre quelques-uns ».
Quelques-uns. Le critique d’ultra-droite Robert Poulet écrivit un jour Le livre des quelques-uns, après avoir signé un pamphlet Contre la plèbe.
Or Philippe Sollers, dans Une vie divine à paraître au début du prochain millésime, prétend lui aussi, sous l’égide du retour de Nietzsche (l’un des personnages du roman) rétablir telle aristocratie de l’esprit et du goût, non sans hautain mépris. Or celui-ci me semble, précisément, une faute de goût. Virginia Woolf, elle encore, ne disait-elle pas que l’aristocrate naturel, sachant sa qualité, n’a pas besoin de se comparer ni de se faire valoir. Ces sont des paysans, des artisans, des gens de nos montagnes qui me l’ont appris bien mieux que des patriciens à particules ou des bourgeois imbus de leur bourgeoisie. D’ailleurs à Sollers et consorts Nabokov lance au passage : « Le Style et la Strucure sont l’essence d’un livre. Les grandes idées ne sont que foutaises ».
« Lire , c’est aller à la découverte d’une chose qui va exister », écrivait Italo Calvino et ce n’est pas autre chose que dit Deleuze dans Proust et les signes, qui souligne le dévoilement aval de la mémoire bien plutôt que son involution.
Enfin je recopie ceci d’Alberto Manguel, où je trouve soudain un écho à ma propre conception de la lecture : «Tout lecteur est un lecteur associatif. Il lit comme si tous les livres étaient les livres d’un même auteur prolifique et sans âge ».


A vous qui me faites l’amitié de me lire, je souhaite de belles et bonnes fêtes et une belle et bonne année 2006.

 

 

JLK, Autoportrait, 2004.

Commentaires

  • Joyeux Noël et bonnes fêtes, et merci pour ce blog si riche et tous ces moments partagés...
    Raymond Alcovère

  • la lecture de tes comptes rendus de lecture me persuade de plus en plus que chaque livre est une version parmi d'autres d'un seul livre, le livre a-venir,

    bonnes fêtes et joyeuse année

  • Joyeux Noël, bonnes fêtes à vous et votre famille et continuez à nous faire partager ici vos découvertes.

  • Buon anno a Gianluigi e famiglia, a Filù ed agli uccelli di lassù !
    Je trinquerai à la Cité ce soir pour fêter une semaine de lectures, justement, partagée entre Le Jardin face à la France, quelques Early Irish Myths, un peu de saine folie quichottesque et un zeste timbré de Schott's Original Miscellany, récemment traduit.
    Mes sincères voeux de santé et de rires au Blogueur et aux Bloguistes !

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