En relisant Les catilinaires
Ce roman est sans doute, avec le récent Acide sulfurique, l’un des ouvrages les plus remarquables de la romancière, que je relisais l’autre soir avant de la rencontrer à Paris. Cette confrontation entre le couple le plus tranquillement civilisé qui soit, de profs en retraite dans la maison de leur rêve, et de l’emmerdeur absolu que figure leur voisin débarquant tous les jours pour leur imposer sa présence taiseuse de rustre de mauvais poil, débouche sur des abîmes juste entrevus au passage, comme souvent dans ces romans si elliptiques, mais qui n’en sont pas moins effrayants, relatifs au non-être et donc au mal.
Palamède Bernardin est en effet celui qui, s’ennuyant mortellement au monde, rempli come une outre vide d’un gaz acide, ne peut faire que diffuser son poison intérieur et en contaminer autrui. Il y a chez lui comme une variante du démon de petite envergure.
Or parlant hier de ce livre avec Amélie Nothomb, qui lui a été « donné » par une conversation surprise dans un bus belge, elle m’a appris que les habitants d’un seul pays au monde, sur les 37 traductions faites des Catiliniares, l’avaient interprété au rebours de tous les autres, en trouvant incompréhensible son couple et tout à fait normal le personnage qui se rend tous les jours chez ses voisins pour ne faire que les assommer de son silence revêche.
Je reviendrai, ces jours prochains, sur cette rencontre d’Amélie Nothomb qui fera l’objet d’un long entretien, intéressant me semble-t-il. Dans l’immédiat, cependant, je me demande si notre projet de Réveillon à traîner nos raquettes du côté de Tampere ne va pas être remis à des jours meilleurs…
Commentaires
C'est vraiment passionnant de savoir que vous avez rencontré Amélie Nothomb. Comment va-t-elle ? Est-ce qu'elle va se mettre à la littérature?
Amélie rêve de se mettre à la littérature, mais elle manque d'un chaperon. Vous êtes partante ?
Et de quel pays parle-t-on, qui aurait interprété à rebours la relation du couple de retraité avec leur voisin?
Je ne l'ai pas dit ? Ah mais non je ne l'ai pas dit, ou plus exactement j'ai parlé de Tampere qui n'est pas connu de tous comme une bourgade de Finlande. C'est en effet de Finlande qu'il s'agit. Je n'aime pas cafter, mais il faut que les Finlandais assument, raquettes ou pas...
L'idée des catilinaires ne lui est pas tombée dessus dans un bus !!!!Elle l'a piquee à Beatrice Commengé (verte)apres une discussion (elle la "remercie" du rapt apres coup en lui dediant le bouquin),tout comme elle a pique celle de Mercure à la chanson de Mylène Farmer etc...
Deux fois merci, cher lecteur: d'abord pour l'intéressante précision, qui n'ôte évidemment rien aux qualités du roman d'Amélie Nothomb - outre le fait que la littérature a toujours été faites d'emprunts, de rapts et autres remakes; et puis votre note me rappelle que je me promets depuis un an de lire le roman de Béatrice Commengé au si beau titre: Et il ne pleut jamais, naturellement ...