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Romeo et Giulietta


littérature,textes courts

Romeo ne parle que de ça, vraiment ça l’obsède. Il me la faut, il me la faut, il me la faut, répète-t-il en salivant comme une bête, et ce qui suit est étrange.

Dès qu’elle lui est livrée il se met à fréquenter les cinémas de province. La logique voudrait qu’il se montre en ville avec elle, mais pas du tout; et personne ne comprend à quoi rime le choix des toiles qu’il se paie.
Personne n’a pigé qu’elle ne devait pas avoir de rivale.

Personne n’a remarqué qu’il ne supportait plus les femmes à robes rouges.

Personne ne remarque non plus que le mal qui le rongeait s’est résorbé, vu que personne n’était au courant.

C’est grâce à elle que, de cinéma en cinéma de province, il découvre l’arrière-pays et la peinture sur le motif.

Personne ne sait qu’il lui parle comme à un amante italienne:
- Giulietta mia, ti voglio bene, ce genre d’inepties dont il est le premier à sourire.

Lorsqu’il rate un virage et se précipite avec elle contre un chêne, il en réchappe mais restera paralysé. Elle, on l’envoie à la casse en dépit des râles du malheureux.

Il en parlera toujours comme de l’amour de sa vie, mais personne ne comprendra de qui il s’agit.

Certaines caissières de cinémas de province se souviennent de cet étrange garçon.

(Extrait de La Fée Valse)

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