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  • Prends garde à la douceur

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    (Pensées du soir, I)
     
    "Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
    La nuit contre mon cou;
    Car je pense à la mort laquelle vient trop vite
    Nous endormir beaucoup".
    (Jean Cocteau, Plain-chant)
     
    De l’allègement.- On ne marche pas sur les œufs : on y danse, les yeux fermés, le cœur à la romance et fredonnant des airs légers comme les jeux appris dans cette ancienne vie que restera toujours l’enfance...
     
    De la spontanéité.- On ne marchera pas au pas : on dansera plutôt en bandes déliées au gré de flûtes enchantées, le long des avenues ou par les hauts où des oiseaux voltigent en nuée ou relancent les envolées de nos élans adolescents...
     
    De l’apaisement.- On passe le temps à jouer: on parle quand on dort, on rappelle à souper nos morts là-bas, les yeux ouverts sur les quais des ports éphémères où le temps les a déposés sans effort apparent, ni mesurer jamais ses heures à jouer dans les vents aux douces odeurs éventées des roses du présent...
     
    De ta présence au soir.- Ta vie dans la mienne a tracé cette ligne claire, comme un fil de lumière suivant la rondeur des collines et le détour des rivières, comme un chemin d’issue malgré les apparences, comme une évidence en réponse aux questions difficiles, et la caresse de ta présence endormait les enfants...
     
    De la clairière de l’être.- Un être exquis m’attend maintenant là-bas par delà les eaux sombres, par delà la rivière de la rue encombrée, par delà ton trépas: ta façon de sourire sans pareille, ton béret sur l’oreille, ton regard de très douce amie, ta présence éveillée au sommeil...
     
    De l’ignorance au-delà.- Toutes ces vies au regard perdu, cette autre façon d’être advenue, cette autre façon de paraître, enfin que sais-tu de ce que j’ignore, demande le vivant à l’absent qui sourit dans la patience de la nuit...
     
    Du ciel de mémoire.- L’inquiétude en sa chambre noire se rappelle, le soir, les heures d’ombre et de lumière de tant d’années et de poussière de nuits étoilées...
     
    De votre connivence.- Vous vous entendiez de concert, sans parler souvent que des yeux dans le précieux silence du temps qui se souvient des promesses réalisées sans autre délivrance...
     
    De la précaire assurance.- Rien n’est sûr que cette inquiétude qui vous tenait éveillés, et rien ne dit que cet interlude entre le tout et les riens de votre vie à la fin ne les résumerait, amoureux et serein...
     
    De l’immanence. – Les choses en sont donc là, et nous voici les contempler comme au premier matin, alors ce qui se dirait serait la question de ces nouveaux jours sans toi, et le dire et comment à t’entendre de là-bas: le vert serait sensation pure au dévalé des monts qu’ensemble nous parcourions, et le rouge pointerait, en vive affirmation, aux couleurs de la passion ravivée par quelle douceur irradiante - les choses en seraient là, et l’absence lancinante mentirait : tu serais là tout ardente et souriante en ta gratuité…
     
    Du doux parler. - Tu es telle mon hirondelle, dans le torrent des airs, en joyeux tourbillons, que les vers en ribambelles à leur tour jailliront : au fond du ciel est un mobile secret et radieux, dont la grâce efface la trace…
     
    Peinture JLK: Le chemin sur la mer.