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Mon amour à la lampe douce

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15442154_10211477896289919_961855217992433748_n.jpg(Pour conjurer maintes vaines tentative de faire un portrait)
Mon amour à la cascade ensoleillée - le premier soir dans ce bar.
Mon amour longtemps attendu, sitôt reconnu, son visage irradiant le noir, affleurant comme un dahlia bleu dans le blanc des fumées.
Mon amour à notre premier rendez-vous – l’adolescente au cinéma.
Mon amour à la première soirée de neige passée seul à seule.
Mon amour au corps qui se donne et s’abandonne avant les mots prononcés.
Mon amour à l’élan torrentiel.
Mon amour après l’amour dénouant nos aveux comme des cheveux de l’enfant la mère défait les nœuds.
Mon amour à l’enfance blessée – mon amour au lourd secret.
Mon amour à la première aube nue – devenue mon amour.
Mon amour au serment aveugle, ce matin-là, au jour réinventé ce jour là.
Mon amour à la Deux-Chevaux bleue arrêté au bord d’une prairie fleurie de la route de Paris – notre première équipée.
Mon amour sur ce pont de la Seine dont l’ange de pierre blanche était là qui l’attendait pour la photo.
Mon amour sur un banc, le vrai cliché, dans le jardin du Luxembourg.
Mon amour essayant des chapeaux aux puces, la cloche puis le canotier, la vieillerie à fleurs variés, camélia ou cattleyas, trucs à plumes, machins à fruits, ou le béret, le feutre mou de Maigret - puis recoiffant son bonnet de coton de marin breton, et le soir abandonnant ses cheveux au vent de la rue.
Mon amour à la paresseuse, à la chaise-longue et au Canard enchaîné dans le bocage de ce premier été à Buicourt.
Mon amour en madone à l’enfant.
Mon amour sous la neige à Venise, où nous ne sommes jamais allés.
Mon amour à l’enfant dans la brume de lait.
Mon amour exténué d’enfant ce premier hiver.
Mon amour vomissant le lait d’enfant.
Mon amour adoptant son premier enfant dans la lumière du printemps.
Mon amour écartelée sous le drap vert, les mains gantées et les bras musclés des chirurgiens, et le second enfant soudain brandi comme un lapin écorché.
Mon amour à la coiffure afro de sa période groupe Mozambique, sur une photo jaunie.
Mon amour en larmes pour un mot de travers.
Mon amour en marinière de nuit.
Mon amour aux petits noms naturels, mon bijou, mon caillou, ma choute, ma loute, ma veloutée.
Mon amour dans le jardin d’hiver d’un palais d’été cet automne viennois à l’air printanier
Mon amour au milieu des princes afghans où somalis, des Roméos serbe et des Juliette des hauts plateaux du Kosovo, des rappeurs noirs du Cap-Vert et des filles voilées d’Arabie - mon amour leur faisant réciter l’alphabet français.
Mon amour affrontant la colère d’enfant de son père, et celui-ci baissant le nez.
Mon amour découvrant le Waterloo de l’appartement à son retour de quelques jours entre filles et son nez fouinant dans mon linge et mon air digne, mon air innocent, mon air de Napoléon chicané par son gouvernement.
Mon amour chantant Dactylo rock avec Eric Arnoult, en littérature Orsenna.
Mon amour d’amour est d’eau claire, au Périgord, se gorgeant de foie gras et de vins bordelais.
Mon amour à ses hauts fourneaux, en bleu de chauffe, aux gestes de maestro dirigeant une brigade de lutins ailés.
Mon amour en gisante aux grands pieds.
Mon amour s’endormant au concert.
Mon amour et sa mère à la mer, deux amies portées par le vent sous le ciel.
Mon amour au nom de lumière.
Mon amour à la lampe douce...
(Cette variation est extraite du Sablier des étoiles, paru en 1999 chez Bernard Campiche)

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