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  • Le Grand Tour

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    9. Paris la nuit
     
    Après l’heure du dernier métro, quand il n’y a plus dans les cafés que des traînées de sciure et de vagues ombres vertes au fond des miroirs, Paris devient comme un théâtre de songes, et je m'en vais suivant mon pas qui ne sait, pas plus que moi, où il va...
    Ce soir, la lune à peu près pleine roule au-dessus des toits en créneaux de Montmartre. De rares passants vont leur chemin tandis que je dévale la rue Fontaine avec des idées de marche à n’en plus finir...
     
    °°°
    Le long d’une venelle déserte, mon pas résonne jusqu’au dernier étage où s’aperçoit encore, tamisé par un rayon malingre, le quinquet de l’étudiant, des amants insatiables ou du vieil insomniaque. Et ainsi, de loin en loin, mon pas solitaire fait se lever les chers vieux clichés de la vie de bohème...
    Un soir qu’il neigeait, je fus ainsi Rodolphe à la Barrière d’Enfer, et déjà je savais que Mimi la douce ne passerait pas l’hiver avec sa toux de misère.
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    C’était triste à languir, mais que serait l’amour sans la mélancolie, et les airs de Puccini me revenaient, dont je sais toutes les voix par cœur...
    °°°
    Une autre fois, m’étant attardé dans un square de Ménilmontant avec un volume des Hommes de bonne volonté, je me transformai en chacun de ses personnages, et je fus donc l’apprenti Wazemmes qui rejoint, à la brune, l’espèce de grue dont la vocation spéciale semble de le déniaiser; ou c'était un des quatre jeudis sans heures et je fus le poulbot Bastide qui traverse tout son quartier à la poursuite de son cerceau - puis je fus le député Gurau à l’instant où il rejoint sa théâtreuse, je fus le marquis de Saint-Papoul ou Jerphanion le socialo, je fus le chien Macaire et je fus Quinette, le Landru de la bande qui s’en va dans les brumes du canal Saint-Martin cher à Maigret - et maintenant je m’imagine dans la peau d’ours de celui-ci passant de maison en maison et de secret en secret...
     
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  • Sans fleurs ni couronnes

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    (Au chat de Grignan)
     
    La mort serait indigne du poète,
    dit-on dans les cafés,
    ou pire: le poète ne saurait mourir
    comme tous nous le faisons
    sans rimes ni raisons;
    sans déclamer des choses
    aux parfums suaves de roses,
    serruriers ou fleuristes,
    enfants à peine nés
    ou présumés artistes -
    le Rimbaud de demain ou Mozart
    qu'on assassine dans les magazines -
    et quoi encore pour augmenter
    l’aura de ce quidam
    dont on fait soudain tout un drame
    parce qu’il a defunté ?
    Le poète n’est pas meilleur
    que les vers survivants
    qui dévoreront ses orbites;
    au vrai le poète est ailleurs
    s’il dit vrai de ce qui l'habite
    par delà les eaux sombres
    où l’attendent les dieux
    dissipant les pénombres...
     
    Image JLK: le chat de Grignan.