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  • Ceux qui hantent le Dédale

     

    79267921.jpg Celui qui va partout sans que ça se sache / Celle qui a les mollets tatoués de fleurs carnivores / Ceux qui font des performances sous le nuage rougeoyant / Celui qui a vu couler le navire amiral de la flotte impériale / Celle qui se reconnaît dans la grande fleur de papier clouée au mur / Ceux qui ont si peu de fantaisie qu’ils ne voient que dalle dans le musées des cloques / Celui dont la vanité blessée flatte l’orgueil / Celle dont l’œil reste coincé dans la serrure indiscrète / Ceux qui ont bien connu Cravan et Crevel les boxeurs à complications sentimentales / Celui  qu’on dit le plus beau skater sarde hélas absent des images de Germinal le skatophile / Celle qui ne stresse pas quand le rapeur lui râpe les reins / Ceux qui trouvent au radiateur rouillé la même beauté mélancolique qu’à la Joconde et le même sourire ambigu si tu regardes bien / Celui qui chevauche la machine à coudre à tendances zoophiles / Celle qui reconnaît Madeleine Duras sur le tableau de Flynn dont on sait le goût pour les femmes garagistes / Ceux qui font de la musique bleue dans le salon grenat sans quitter leurs collants genre Mick Jagger déhanché / Celui qui rend leur dignité aux lettres encrées très noir genre Pollock avant les taches / Celle que l’inscription LESS THAN ZERO fait replonger (le plongeoir = das SprungBRET) dans ses souvenirs de Mulholland Drive et ses jeunes gens vagues / Ceux que les collages du capitaine Flynn font décoller / Celui qui balance son boomerang dans le ciel de l’été indien qu’un orage lui ramène entre les dents le printemps suivant / Celle qui vaticine dans l’antichambre papale où soupirent les pédos grondés / Ceux que leurs mots sucent par la racine / Celui qui met les mots en boîtes à bijoux / Celle qui se retrouve partout chez elle sauf à lamaison où son ex ne l’attend plus depuis le transfert de ses fonds sur le compte de l’avide psychiatre Gwendula / Ceux qui ont passé du conceptuel au contextuel  sans cesser d’être cons comme des boulets / Celui qui a lancé la mode des veuves empaillées avec bijoux de prix / Celle qui se dit veuve de paille à ses nouveaux gigolos tout feu tout flamme / Ceux qui prétendent que François Hollande s’est fait une Malgache intégriste mais ça reste à prouver par le magazine Valeurs actuelles  dont les sources sont parfois toxiques / Celui qui a lancé la mode du Barbie Mec à préférence sexuelle différente et votant social-démocrate / Celle qui n’a peur de rien sauf des  plasticiens méchants heureusement rares / Ceux qui vous ont à l’œil genre Minotaure  à cam de surveillance, etc.

     

  • Du chien

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    Diatribe de Ludwig Hohl contre les chiens supposés nuire à l'esprit; avec un bémol final...

    Le plus clair de son temps, à quoi le passe-t-il ? Soit à faire ses besoins, soit à quêter l'odeur d'urine, aboiements à l'appui.

    Le gros avantage de Vienne sur la Hollande, et même sur d'autres régions plus agréables: on n'y porte nulle estime à ces créatures sans nom, qui sont tenues au port de la muselière. C'est un début. Moi je rêve d'un Etat futur où les chiens seraient éradiqués. (Comme on fait aujourd'hui pour les sangliers, qui en comparaison ne sont que de braves bêtes innocentes. - Pour tout chien supprimé: une récompense; pour tout chien dissimulé, une amende).

    Existe-t-il un seul homme d'esprit qui estime les chiens ?

    Ils prétendent en avoir besoin pour garder la maison.- Pourquoi pas des ours, des serpents, des tigres ! Ceux-ci ne tuent que les corps; les chiens, eux, tuent l'esprit.

    Et puis, qu'ont-ils donc à garder tellement ! Les voleurs ne sont pas aussi dangereux que les chiens, et de loin. Qu'on s'arrange pour posséder un bien qui ne peut être volé ! L'homme a le devoir d'être riche: la richesse, c'est la productivité, c'est le pouvoir de donner; si l'on est riche en argent, eh bien qu'on le donne.

    Les sons émis par les chiens: simplement les sons !Existe-t-il un seul être pensant dont les pensées n'aient pas été tuées par cela ? - Sur mon âme ! Quand cela survient la nuit, quand l'aboiement déchire l'obscurité; quand dans la rue calme, surgi par derrière, un cabot renifle... - n'est-ce pas alors qu'il faudrait tenir, à portée de la main, un revolver chargé ?

    Mais regarde donc les mouvements de cette créature accompagnant son "maître": as-tu des yeux ?

    Regarde-les, regarde ces pieds plats, ces jambes hautes, ces longs poils et ces poils ras ! Regarde le manège de leur queue, leur démarche louvoyante et oblique ! Leur museau lubrique, leur langue pendante, leurs yeux doucereux et coulants, ou qui leur sortent de la tête comme des belladones; et leur pelage, paradis des puces ! Est-il rien de plus stupide qu'une patte de chien ? Regarde ces petits roquets blancs, ou ces chiens de berger, avec leur faciès de maître d'école ! Et qu'est-ce qui unit toutes ces créatures ? La recherche nasale, incessante et frénétique, de l'urine.

    On peut faire une petite exception pour quelques exemplaires de certaines grandes races (à vrai dire je distingue mal des "races" parmi la racaille). Sans rien avoir qui les rapproche de l'homme ou des animaux supérieurs, ces quelques exemplaires évoqueraient plutôt le crapaud; c'est ça: leur comportement s'apparente vaguement à celui du crapaud.
    En comparaison du chien, même la punaise est admirable. La punaise et ses entreprises fantastiques: telle un tank, elle accomplit avec peine un voyage infini, semé d'embûches et de complications.Parvenue au bout, elle oeuvre, toute à sa passion, sur le corps d'un homme dont les dimensions, comparées aux siennes, défient notre imagination: une montagne, mais une montagne qui remue, et qui pourrait se renverser sur elle.

    Les chiens ! Pour ces créatures qu'on a coutume d'appeler Flora, Fauna, Victoria, je propose les noms suivants: Oeil-de-pute, Sac-à-puces, Innommable !. (*)

    (*) On risque de ne pas comprendre qu'il s'agit de poser des principes, et non de haïr quelques pauvres créatures. Au fond, j'exhale surtout ma rage contre certaines caractéristiques humaines. Un certain type humain. S'il est nécessaire, cependant, de faire des exceptions, je citerai en tout premier lieu le petit chien décrit par Konrad Bänninger dans L'Esprit du devenir; et celui du Divan de Goethe, qui, avant d'être admis au paradis, a "si fidèlement accompagné les Sept Dormants" dans leur sommeil.
    (...) Je pourrais citer encore d'autres cas. Je m'en tiens à celui-ci: je venais de poser ma plume et je sortais dans la rue. Là, juste au coin, un petit chien inconnu m'attendait; son regard était si plein de reproche que je compris tout de suite: "Il a lu mon texte". Il n'aboyait pas. Son reproche, si calme, confinait à la tristesse. Je lui donne ici l'assurance qu'il n'était pas concerné par ma diatribe.


    Ludwig Hohl, Notes ou de la réconciliation non-prématurée. Traduit de l'allemand par Etienne Barilier. L'Age d'Homme, 1989, 535p,


    Image: le fox Snoopy, ange gardien de La Désirade.