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  • Perles de rentrée

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    Quatre moments de vrai bonheur littéraire à partager, entre découverte et retrouvailles.

    Quatre ouvrages ressortissant à ce qu'on appelle la littérature romande, mais qui en font plus que jamais déborder voire éclater le concept. Nul hasard, d'ailleurs, si trois d'entre eux sont publiés à Paris ou, pour l'un d'eux, entre Lausanne et Paris. 

     

    20842137_10214077382675454_4626414193782392596_n.jpgAdrien Gygax. Aux noces de nos petites vertus. Cherche midi, 147p.

    Voici, et c'est merveille, un nouvel écrivain romand d'une complète originalité, loin des effets et postures, dont le premier roman est présenté par le Cherche midi comme une variation sur le thème de Jules et Jim, et qui représente tellement autre chose aussi de jamais lu !

     

    20882835_10214077382915460_2993889385581654297_n.jpgCorinne Desarzens. Le soutien-gorge noir. L'Aire, 187p.

    On retrouve, avec allegria, l'une des meilleures plumes romandes des temps qui courent, dans un récit vif et profond qui sonde les eaux mêlées de l'Occasion manquée et de ce que la vie fait de nous...

     

    20914606_10214077383435473_2143900396921803703_n.jpgFrédéric Pajak. Manifeste incertain 6. Noir sur blanc, 139p.

    Passionnant aussi de suivre le nouveau détour autobiographique de Frédéric Pajak dont le grand talent bifide se déploie dans une fresque d'époque sans pareille mêlant destinée personnelle et lectures du monde, textes limpides et dessins aux surprenants cadrages cinématographiques de vrais tableaux...

     

    20952915_10214077383155466_6604073927751389951_n.jpgPhilippe Rahmy. Monarques, La Table ronde, 197p.

    Enfin je me plais à reconnaître, chez Philippe Rahmy, poète de profonde résilience et de constante et progressive ouverture au monde des plus dures réalités, un écrivain d'exception de haute stature morale et de style à l'avenant. Un grand prix de l'automne littéraire français ne serait pas surprenant, et combien mérité ! 

  • Ceux qui lisent entre les lignes

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    Celui qui ne se contente pas que de mots / Celle qui regarde son enfant quand il se tait / Ceux qui sont fatigués du bruit humain / Celui qui déchiffre la montagne à livre ouvert / Celle que l’ironie agace / Ceux qui se croient plus malins que l’herbe / Celui qui n’en peut plus de tout démystifier / Celle qui préfère les choses à la publicité / Ceux qui se parlent à mots couverts pour mieux se découvrir / Celui qui entend soudain la clameur obscène de l’Internet libéré / Celle qui se noie dans la vague du vague / Ceux qui estiment avec Ortega y Gasset qu’ « une culture qui perd le sens du sacré perd tout son sens » / Celui qui vit en enfer sans désespérer / Celle qui préfère les terrasses du Purgatoire avec un doigt de limoncello / Ceux qui négligent l’amitié et s’en ressentent / Celui qui demande pardon sans être sûr de le mériter / Celle que la muflerie ambiante dérange profondément mais qui n’ose pas le dire / Ceux qui travaillent à la meilleure intelligibilité du monde / Celui que sa curiosité garde frais / Celle que son sérieux et sa sincérité font passer pour une bêcheuse / Ceux qui citent Marcel Duchamp pour montrer qu’ils ne sont pas dupes / Celui qui se déplace à bord d’un petit sous-marin à périscopes modulables / Celle qui aime les concerts de musique de chambre donnés en plein air et par exemple en Toscane ou en Provence ça fait plus chic / Ceux que la poésie aide à moins radoter / Celui qui se demande comment ressusciter la ferveur / Celle que le manque d’enthousiasme a toujours atterrée / Ceux qui se sont éteints par blasement / Celui qui pratique l’ironie dissolvante des tièdes / Celle qui ne s’en laisse pas conter par les prétendus épicuriens de l’Eglise hédoniste des derniers jours / Ceux qui rêvent de camper au Sommet sans se douter que les y attend la déesse Gelure et sa fille Engelure / Celui qui aime la nature sans se demander pourquoi / Celle qui a fait la chose avec un guide de Chamonix durant un bivouac mais trouverait déplacé de s’en vanter au bar du Grand Dru / Ceux qui disent sans cesse qu’il ne faut pas exagérer jusqu’à en perdre tout humour / Celui qui se dit (dans Extinction de Thomas bernhard) un artiste de l’exagération / Celle que le feu de la poésie habite mais en sourdine pourrait-on dire / Ceux que la peur de toute créativité rend aptes au fonctionnariat et à la retraite anticipée / Celui qui défend la valeur correctrice de l’ironie tout en lui préférant l’humour vache à la manière belge ou carrément anglaise tendance Shakespeare & Co / Celle qui préfère la simplicité radieuse au sublime glacé / Ceux qui disent qu’ils relisent les Classique pour faire croire qu’ils les ont déjà lus / Celui qui entend à tout moment la voix d’un souffleur qu’il appelle son oncle Stanislas et qui l’empêche souvent d’en faire trop dans un sens ou dans l’autre enfin tu vois ce que je veux dire sinon c pas grave / Celle qui oscille entre empirisme lucide et foi de charbonnier / Ceux qui estiment que l’introversion n’est pas la réponse la plus adéquate à la stupidité de masse, etc.
    Image : Philip Seelen