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  • La France sans Periscope

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    Chemin faisant (150)

    Sensibilité de la Nature.– L’appellation de Côte sauvage, entre La Baule gravement bétonnée et la pointe de Croisic, plus précisément ici dans la baie du Manerick, est justifiée par les rochers sculptés et les falaises farouches que l’on peut longer en suivant un aimable sentier surplombant de sable fin bordé de fils de fer protecteurs que justifie la sensibilité de la Nature au passage des marcheurs, coureurs et autres Anglais.

    13040844_10209288672320688_8464943148827742042_o.jpgDes pancartes mettent en effet en garde les sujets de Sa Majesté en ces termes précis : To protect our coastline, please stay in the trails. Et l’injonction se fait plus précise dans la langue du président Hollande : Les aménagements réalisés ici visent à protéger une végétation très sensible au piétinement. Telle étant aussi la France réelle, qui ne passe pas toujours la nuit debout et suit les chemins balisés.

    12976954_10209288672520693_123669928616037046_o.jpgDes lieux privilégiés. – Au volant depuis notre départ, il y a de ça deux dimanches, de La Désirade, notre maison sur les hauteurs lémaniques, à Colmar puis à Bois-le-Duc-Hertogenbosch (pour la grande expo de Jérôme Bosch), Bruges (sa bière sucrée et ses vieilles pierres romantiques), Dordrecht (sa vue sur les grues de Rotterdam), la Normandie (les parkings de Honfleur et du Touquet), la Bretagne aux bourgs pittoresques et la Loire Atlantique (où l’océan mène au fleuve), Lady L. a suivi les indications vocales infaillibles d’une robote GPS à voix suave quoique inflexible. 

    12983838_10209288672960704_4462276053754050818_o.jpg13055660_10209288673040706_1391945558927354799_o.jpgMais pour dénicher des coins qualitativement uniques : débrouillez-vous. Ce que nous avons fait avec autant d’alacrité dans la sagacité que de pot : ainsi avons-nous découvert l’adorable bourg pittoresque de Guérande, moins touristique et plus vivant que Tréguier ou que Dinan, l’anse de sable hors du temps où rêver à l’éternité les pieds dans l’eau, au restau éponyme de Pont-Mahé, et, à Baz-sur-mer, l’hôtel *** Le Lichen, idéalement situé à cent pas de la mer, entouré d’une pelouse sensible et tenu par un couple très avenant et de sûre compétence dont le fils a passé par l’école hôtelière des hauts de Lausanne - c’est dire.

    13029660_10209278327182066_4330630335945709598_o.jpgDu réel au virtuel. – Lisant (un peu) les journaux et regardant (le moins possible) la télé le soir, nous aurons été frappés, durant ces vingt premiers jours à traverser trois pays et, plus particulièrement, la France « des régions », comme on dit à Paris, par le hiatus constat, pour ne pas dire le contraste antagonique, entre cette France réelle, paysagère et potagère, cette France des gens et des jardins, des maisons et des magasins, et le pays filtré par les médias parisiens, si différents aussi des journaux du coin.

    Cela dit sans dénigrer forcément qui ou quoi, n’est-ce pas, mais juste en constat, pour dire que la nouvelle toquade informatique du nom de Periscope (le fameux outil d’interface twittant entre la rue et les réseaux sociaux) n’est qu’un œil parmi d’autres, et le volapück des experts sociologues et politistes estampillés Sorbonne qu’une novlangue de plus qui nous en dit moins, le plus souvent, que nos yeux et nos antennes…    

      

  • Des endroits où aller

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    Chemin faisant (149)

    À Davos par Cabourg. - L'antique Yi King ou Yi Jing (qui se prononce Yi-ting), livre de sagesse chinoise trimillénaire qu'on dit aussi Traité des transformations, affirme à qui veut l'entendre, potentat casanier ou mendigot errant, qu'"il est avantageux d'avoir où aller".
    C'est aussi le titre du dernier livre d'Emmanuel Carrère avec lequel nous avons eu l'avantage d'aller d'Alsace en Flandres, puis du delta du Rhin à l'estuaire de la Seine, en passant par Spetsai et l'Irlande (dans un texte consacré à son ami Michel Déon), Cabourg (notre pèlerinage au Grand Hôtel du petit Marcel) et Davos (son reportage gratiné sur le forum des battants), nos découvertes en 3 D alternant à tout moment avec les observations passionnantes de cet auteur formidablement présent au monde.

    On fait ainsi deux, voire trois voyages à la fois en entremêlant choses vues à la fenêtre et choses lues. Aujourd'hui, ainsi, nous aurons traversé les merveilleux paysages de la Bretagne mythique, par Brocéliande, en lisant de belles pages de la bio de Simon Leys en ses premières années d'apprentissage; ou cette inepte présentation de la saison culturelle à Zurich, dans le Magazine super-snob-gauche-caviar du journal Le Monde, alignant les poncifs complaisants et faisant passer la capitale alémanique pour un foyer mondial de la culture balnéaire - l'hommage ultra-consensuel et convenu au mouvement avant-gardiste  Dada et les bains publics branchés - cet article dégoulinant de flatterie n'étant en fait qu'un publi-reportage non signé...

    L'argent à deux faces. - Le fric fout tout en l'air en cette époque d'hallucinant déséquilibre entre trop riches et trop pauvres, mais nous qui sommes entre deux ne pourrions nous payer cette espèce de Grand Tour sans les quelques moyens acquis par notre travail, et celui de nos parents (!) qui ont eux-mêmes commencé à voyager sur le tard.

    13002448_10209278289301119_2459740031984525767_o.jpg13055273_10209284323811978_6499450527324131829_o.jpgNe crachons donc pas sur l'argent, grâce auquel nous nous sommes régalés hier soir, sur cette côte sauvage, de fruits de mer arrosés de Sancerre, avant un coucher de soleil virant de l'orange doux au rose virulent, et tâchons de rester aussi enthousiastes et poreux que lorsque nous allions en stop à vingt ans sur nos semelles de vent de petits fauchés.
    12977052_10209284324371992_3942772115830124217_o.jpgLa merveille est d'ailleurs gratuite, à tous les virages. Hier par exemple, dans cette courbe de la route bombée des abords de Brocéliande, avant la descente sur la mer, entre les grands beaux arbres nous faisant comme un tunnel de lumière verte...

    Le sel de ce jour.- Un dimanche non moins lumineux se lève ce matin sur l'Atlantique bleu-rose du sud Finistère, mais nos vieilles osses fatiguent un peu et nous avons renoncé à pousser jusqu'à la pointe du Raz, crainte d'un ras-le-bol forcé. Du coup nous avons renoncé à une bonne rencontre espérée avec une amie plus que virtuelle de Quimper...
    Or c'est comme ça: tout va trop vite et les rencontres "en vitesse" ne rendent d'ailleurs pas justice à l'amitié, mais le coeur n'y est pas moins se dit-on pour se consoler.

    13055747_10209284323771977_5507346515506615648_o.jpgD'autres lieux nous attendent en attendant, sur le chemin du retour, de La Flèche demain où la révérence s'impose aux éléphants philosophes et aux otaries folâtres, à Vendôme, Blois ou Nevers dont les noms chantent si doux...
    Nous avons dû "zapper" deux rencontres amicales, à Honfleur et à Quimper, mais le jour a ce matin des reflets prometteurs aux mille miroirs d'eau des marais salants. Merci la vie...

  • À l'ouest d'Ouessant

    littérature,poésie

    Au sud du sud, que je situe à l’instant plein ouest d’Ouessant, sous un ciel de plomb veiné de blanc de zinc qu’une bande de gris ombré sépare du vert bitumé de la mer, je me trouve, encore très petit, quoique je pense là encore avoir déjà sept ans et que c’est le seul sentiment de l’immensité de l’océan qui me minimise ainsi que le plus amenuisé Gulliver – plus exactement : nous nous trouvons là, le Président et moi, et mon grand-père me fait regarder la mer et me fait voir, me fait scruter et me fait observer, me fait observer et me fait scruter, me fait voir et regarder la mer où nous arrivent de partout des vagues et des vagues, et d’autres vagues encore, et d’autres derrière elles qui semblent naître d’elles pour se confondre à elles tandis que d’autres derrière elles les chevauchent soudain et les soumettent avant d’être chevauchées et soumises à leur tour, et chevauchant celles de devant avant d’être chevauchées se busquent et se renversent à la fois comme des piles de tuiles d’eau que le vent dresserait et ferait s’effondrer en même temps, ou comme des briques d’eau s’élevant en murs qui éclatent et nous aspergent jusque sur la berge, et toutes nous arrivant dessus, toutes nous faisant avancer et reculer en même temps en criant et en riant en même temps, le mur écroulé redevenant vague et vagues multipliées sur d’invisibles et mouvantes épaules où s’ébrouent et se répandent des chevelures d’écume sous le vent les ébouriffant et les soulevant, les traversant de son élan fou venu de Dieu sait où…


    Regarde-les, me dit mon grand-père, regarde-les toutes et chacune, regarde ce qui les distingue et ce qui les unit, donne-leur à toutes un nom pour les distinguer et donne-leur le même nom si tu trouves ce qui les unit, ou alors donne ta langue au chat, et je pensais à Illia Illitch dans son antre de sous les toits de la maison de mon grand-père, et je regardais la mer, et je cherchais le nom des vagues, mais dès que j’allais en nommer une l’autre la chevauchait et la soumettait. Je ne savais rien encore de l’ondin qui chevauche l’ondine, je n’avais vu jusque-là que le cheval chevauchant la chevale, mais à présent c’étaient les vagues, qui n’ont pas de corps ou tous les corps, les vagues qui ont tous les noms ou rien qu’un seul que seul le chat à sept langues connaissait, qui l’avait dit en secret à l’étudiant Illia Illitch logeant dans les combles de la villa La Pensée, lequel étudiant russe l’avait répété à mon grand-père qui, finalement, ce jour-là, me dit voilà: voilà la secret des noms des vagues.


    Regarde la mer, me dit mon grand-père et voici que sa main plonge dans la vague et en retire une main d’eau dont il me dit : voici l’eau de la vague qui est celle de toutes les vagues, voici une main de mer qui est toute la mer. Toi-même que j’aime, comme ton grand frère et tes sœurs que j’aime, tous nous sommes des poignées de mer mais à présent regarde-moi : je te bénis de cette main de vague. La mer t’a giflé et te giflera, mais avec la même main d’eau je te bénis et t’appelle par ton nom...

    Image JLK: sur la Côte sauvage...

  • Aubépines, pierres et druides

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    Chemin faisant (148)

    Folklore contre pittoresque. – Avec ses parcours fléchés, ses clichés vidés de leur substance,ses contraintes et ses atteintes, son kitsch substitué à toute vraie beauté, le tourisme massifié des temps qui courent ne cesse de nous soumettre aux tensions schizophréniques entre curiosité et dégoût, attirance et répulsion, reconnaissance et déception, et cela s’avère par les lieux les plus remarquables, de Venise à Bruges ou, ces jours pour nous, en Bretagne, deTréguier à Dinan. 


    À Tréguier surtout, un peu moins à Dinan, mais aussi à Roscoff, d’imposants ensembles architecturaux ne sont plus aujourd’hui que des coquilles vides, dont nous admirons la beauté extérieure ne correspondant plus à un habitus communautaire vivant. 12977005_10209269490161146_8588950862208063160_o.jpgDu moins la beauté de cette architecture qu’on dit « sans architectes » fait-elle écho au génie populaire  dont est issue, en Bretagne la poésie « analphabète » relevant d’une haute tradition druidique puis chrétienne, qui se module notamment dans les lais du Barzas Breisz, somme lyrique et légendaire, musicale et morale de la plus ancienne histoire de Bretagne, dont la matière fut collectée auprès des vieilles paysannes et dans les cafés de marins, les comices agricoles ou les veillées funéraires, au mitan du XIXe siècle, par un vicomte ami de Chateaubriand (Théodore Hersant de La Villemarqué) qui fut d’abord traité de faussaire à Paris avant d’être honoré comme glaneur de folklore au même titre que Bartok dans la puszta ou, plus récemment, Pierre Jakez Hélias dans ses travaux de passeur-conteur.

    D’envoûtantes itanies. - Nous roulions ce matin sur la départementale assez encombrée reliant Roscoff et Dinan, et je psalmodiais, ainsi que le conteur en sabots, les Séries citées par Yann Quéffelec dans son Dictionnaire amoureux de la Bretagne, telles que les Neuf petites mains blanches ou Le Druide et l’enfant que lui récitait sa tante Jeanne au manoir de Kervaly, quand les oreillons le retenaient au lit.13041374_10209269514521755_4395974385607442434_o.jpg

     

    Je cite trop brièvement, en renvoyant la lectrice et le lecteur aux pages 117 à 132,sous la rubrique Barzas Breizh, du Dictionnaire amoureux de Quéffelec :

    « -Tout beau, bel enfant du Druide, réponds-moi. Tout beau, que veux-tu que je te chante ?

    -     Chante-moi la série du nombre un, jusqu’à ce que je l’apprenne aujourd’hui.

    - Pas de série pour le nombre un. La Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur, rien avant, rien de plus.

    -     Chante-moi la série du nombre deux, jusqu’à ce que je l’apprenne aujourd’hui.

    -     Deux bœufs attelés à une coque, ils tirent, ils vont expirer. Voyez la merveille ».

    Et ainsi de suite, les séries se suivant et s’amplifiant au fil de l’incantation, au risque d’hypnotiser Lady L.au volant de la Honda Hybrid : « Sept soleils et sept lunes, sept planètes, y compris la Poule. Sept éléments avec la farine et l’air »…

    13041017_10209269516961816_4754934933527950281_o.jpgLe pays profond. – « Si le monde actuel est un village planétaire, écrit Yann Quéeffelec, un village internautique, le villageois breton en exil n’oublie jamais le tuf armoricain. La terre, l’océan : racines. La musique et la danse : racines. La Langue : sectionnée, mais racine. L’appartenance – abusivement qualifiée d’identité -, voilà bien la force innée qui l’attache à la tribu, breton qu’il est avant d’être français, européen. Ce n’est pas un repli, c’est un ancrage ».

    12973070_10209269492561206_4711623503703952060_o.jpgEn passant à travers les neiges d’aubépines et les soleils de genêts, vous entrevoyez les crucifix de pierre de Bretagne : racines. Des mots incompréhensibles surgissent ici et là :racines. Et Yann Quéffelec, relayant ’auteur du Cheval d’orgueil que j’ai entendu un jour psalmodier lui aussi par cœur, de conclure à propos du villageois breton : « S’il veut parler brezhoneg en ces jours globalisés où Molière paraît s’américaniser à plaisir, c’est par instinct prométhéen, une gloire de sauveteur de feu »…  13041378_10209269485401027_8915011452987344553_o.jpg

  • Passeurs

    13002536_10209269272355701_5378416411601410681_o.jpgChemin faisant (147)

    Juste en passant.- La première fois que je suis venu à Saint-Malo, je ne sais plus en quelle année, le Big Jim était là, qui vient de quitter notre drôle de monde, et d'autres plumes fameuses du Montana, et l'ami Bouvier (Nicolas, qui rejoignit lui-même les grandes prairies en 1998), ou Tony Hillerman le Navajo blanc, et moult étonnants voyageurs très divers - jusqu'aux éternellement jeunes Théodore Monod et Ella Maillart - réunis à l'initiative de Michel Le Bris, grand ordonnateur hugolien, court sur pattes et très barbu, de la manifestation.

    Jim Harrison avait d'extraordinaires chemises à bariolures tropicales, mais le plus étonnant était ailleurs: dans sa rencontre presque intime avec ses lecteurs - à la gentillesse attentive avec laquelle il répondait à ceux-ci, contrastant avec sa légende de bretteur grandgousier fort en gueule; et l'épatant festival, à ses débuts en tout cas, m'avait enchanté pour cela même: la proximité sans trop de flafla médiatique entre auteurs et lecteurs. En outre, mieux qu'à Paris, la présence de ces passeurs de littérature que sont les petits éditeurs de la galaxie francophone, et les libraires du lieu et d'ailleurs, se vivait au contact immédiat et à la venvole malouine.

    13040938_10209269085391027_7555405625059172733_o.jpgJ'ignorais alors que le manchot épaulard, alias Stéphane Prat, fût de la fiesta, mais c'est lui-même qui me l'a rappelé hier au lieu de l'ancien marché au poisson où, auteur-bouquiniste-galeriste de bonne compagnie (il a signé un essai sur Jack London et c'est un premier bon signe) il fait lui aussi office de passeur, diffuseur par surcroît des éditions du Bug de mon compère Bertrand Redonnet où je suis censé publier bientôt un nouveau livre…

    Pépites et joyaux.- Le meilleur de la littérature se grappille parfois dans le plus bref et le plus concentré,comme l'illustrent les aphorismes d'Héraclite ou de Joubert, entre autres formules plus ou moins fulgurantes de René Char et de Michaux, Lichtenberg, Peter Handke, Jules Renard en son journal ou Jean-Pierre Georges dans son recueil intitulé Le Moi chronique, que m'a fait découvrir Stéphane Prat.

    Georges-JP-200_px.jpgDans une suite de notations où, sur les traces de Cioran, ce natif de Chinon broie pas mal de noir, des traits de lumière ou d'humour à la Chaval nuancent le désenchantement dominant ces « journaliers » acides.

    Je cite: « Je blanchis comme l'argent sale ». Et ceci: « Une journée à faire pleurer un saxophone ténor ». Et cela: « Dans le soir devenu rose où la pluie luit encore : hosanna des merles ». Et sur le même ton: « Le merle, un homme heureux ». Et cela encore: « Je fais les cent pas dans ma tête et je ne trouve rien, même pas un siège ». Ou en écho à Henri Calet (« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes ») ceci: « Attention ne m'approchez pas, blessure fraîche ! » Et enfin pour rendre justice à la vie: « Passent deux bras nus en bicyclette », ou: « Qu'est-ceque tu veux demander de mieux qu'un rayon de soleil sur une petite route départementale »...

    12973513_10209269271635683_7984437942243343071_o.jpgCouleurs et vocables.- Or Lady L. aussi a fait bonne pioche grâce au manchot épaulard nous conviant ensuite en la galerie où il se fait passeur d'œuvres d'art avec, notamment, un bel ensemble, groupé en dépliant, d'aquarelles marines à la fois abstraites et très évocatrices de vagues et d'airs courants, signées Eric Brault et auxquelles font écho de fines et gouailleuses formules du poète Henri Droguet; et là encore:passe-passe !

    « Et encore du papier qui rejoint du papier », grince pour sa part Jean-Pierre Georges, auquel j'ai envie de balancer alors un aphorisme de mon cru propre à épingler sa déprime à répétition: « Un type qui écrit sur le fil du rasoir, jusqu'à le devenir »...

    Mais demain, sur la route de Roscoff, nous retrouverons Jack London qu'a rencontré imaginairement Stéphane Prat, dit le manchot épaulard - clin d'œil à Cendrars, et la vie repiquera !

  • Ceux qui se ressourcent au niveau du senti

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    Celui qui reconnaît que tout est parfait dans l'espace Wellness de l'Hotel Thalassa Sea & Spa de Dinard  et qui angoisse d'autant plus grave / Celle qui acquiert avec confiance le package Poids (sauge, verveine, citronnelle, chiendent, feuilles de bigaradier) drainant, reminéralisant et détoxiquant / Ceux qui sourient sans discontinuer aux séances d’aquagym / Celui qui rassemble ses forces avant sa séance de Power Plate   / Celle qui consacre quatre heures à The Ultimate comprenant le Body Scrub, le Vitamine Body Wrap, le Tailor Made Massage, l'Organic Facial et la Manicure & Pedicure de l'Espace Wellness de l'hôtel Julen de Zermatt (Suisse orientale) pour la somme forfaitaire de 525 francs suisses / Celui qui estime qu’un pot de gelée royale vaut le prix d’un Evangile relié plein cuir / Celle qui découvre enfin la pressothérapie après deux divorces épuisants quoique rémunérateurs / Ceux qui parlent russe dans le jacuzzi / Celui qui a appris à distinguer le bigaradier coupe-faim de l’oranger ordinaire traité aux produits chimiques / Celle qui va se fumer une pipe de tabac hollandais sur la terrasse enneigée après que son amie Rosemonde lui a clairement fait des remarques sur son surpoids et ses humeurs de sanglier / Ceux qui se repassent la vidéo de l’exécution de Saddam en attendant l’heure de leur traitement botulique / Celui qui lit Eschyle dans l’Espace Wellness du Sea & Spa de Biarritz / Celle qui remarque que ce qui manque à l'Espace Wellness de Porticio (Corse méridionale)  est une enceinte de barbelés et des miradors pour surveiller ceux qui refusent de se relaxer / Ceux qui ne sont pas loin de penser que le watsu est la grande conquête de la nouvelle culture japonaise / Celui qui se fait expliquer l’origine du shiatsu par le Japonais aux long cheveux qui lui a emprunté Le Tapin (c’est ainsi qu’il appelle le journal Le Matin) / Celle qui explique à la petite amie du Japonais aux longs cheveux que la raclette ne se déguste pas avec de la bière / Ceux qui passent des heures dans la salle de repos panoramique à s’efforcer de ne penser à rien sans y parvenir nom de Dieu / Celui qui se demande comment son chien Snoopy réagirait à la cure de relaxation Reiki plusieurs fois millénaire / Celle qui recommande le traitement à la pierre volcanique aux Hollandais qui lui ont révélé les vertus du massage pédimaniluve / Ceux qui estiment que les employés du Focus Julen ne devraient pas faire usage des nettoyeuses Karcher aux abords des bassins en plein air à cause des gaz polluants et d’une nuisance phonique pas possible / Celui qui se paie une teinture de sourcils pour se donner plus de chances auprès du jeune Chilien Pablo Escudo dont il apprécie les interprétations au pianola / Celle qui pète les plombs dans le hammam / Ceux qui déclarent que la cure de détente totale Nirvana à 75 francs les 30 minutes ne vaut pas la caresse gratos des buses d'eau, etc.Celui qui fait l’Expérience du Caisson / Celle qui se fait lipposucer le fessier sur fond de musique tibétaine/ Ceux qui ne manqueront pas la Soirée Bingo de mercredi / Celui qui a relevé les Thèmes de tous les soirs et en parle à Suzanne afin de tout partager au niveau du couple restructuré  / Celle qui se la joue star en cure à qui il arrive quelque chose de complètement inattendu genre le moniteur d’aquagym antillais la saute / Ceux qui même nus ont l’air d’employés de La Vie assurée / Celui qui dans son bain de bulles gère son burn out / Celle qui ferme les yeux quand l’eau lui fait du rentre-dedans / Ceux qui lisent du Marc Levy dans l’Espace Détente / Celui qui stresse à l’idée de se lâcher / Celle qui se plaint à la Manager du fait qu’on laisse des poupons partager le petit-dèje de leurs parents dans la même arrière-salle en principe réservée aux  retraités qui ont « déjà donné » / Ceux qui optent pour un concentré d’énergie positive que relance le massage aux pierres chaudes / Celui qui va cumuler aujourd’hui l’hydromassage et l’affusion Kneipp avant de reprendre sa lecture de la Baghavad-Gîta dont la masseuse thaïe lui a dit que c’était le top dans l’optique Dévelopement Personnel / Celle qui booste ses principes actifs de performance par la stimulation du toucher  / Ceux qui vivent dans la conviction que les catastrophes sont globalement destinées aux autres en tant que « detached cosmopolitan spectators » / Celui qui reconnaît que les usages de gouvernance dépendent de choix stratégiques très clivants à court et long terme / Celle qui se réidentifie derrière ses données anonymisées / Ceux qui gèrent leurs échanges affectifs et sexuels en termes comparables aux tractations du big data/ Celui qui optimise la gestion de son stock de mémoire vive au moyen de modèles prédictifs usinés  dans le complexe créatif de Combray-lès-Vivonne / Celle qui se fait masser en 3D par l’Anamite à mains chaudes / Ceux qui vont en cassation pour recoller les débris / Celui qui dépose sa ceinture d'explosifs avant d'entrer dans la cabine cylindrique individuelle de cryothérapie dont il ressortira  top performant /  Celle qui établit son porte-clefs couleurs grâce auquel elle va réapprendre à aimer / Ceux qui en reviennent à la petite secousse, etc.                  

  • Cure de jouvence

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    Chemin faisant (146)

    Soins et chichis.- Le lieu est admirable, face à l'océan aux bleus à reflets verts et roses, en promontoire à vastes terrasses, entre un bois de pin abritant de riches propriétés et les premières villas de la chic station balnéaire de Dinard, moins visible d'ici que le front des remparts de Saint-Malo, là-bas en horizon sommé d'une fine pointe de clocher et de quelques grues portuaires, par delà l'estran et les eaux planes de la baie.

    En grec homérique la mer se dit thalassa, et l'établissement où nous avons fait escale est tout entier voué à la thalassothérapie, entre autres soins extrêmes dont certains frisent le haut comique, à grand renfort de dépenses supplémentaires - ce qui s'appelle vulgairement faire pisser le dinar...

    Ainsi, â côté des classiques bains en eau salée, massages hydrorelax, enveloppements d’algues et autre détente coachée sous pluie marine, est-il possible, en ce temple du bien-être, de « remodeler son corps » par l’expertise minceur d’Acquascience en 3séances de Watermass (190 euros), avant un gommages douceur aux senteurs méditerranéennes (50 euros les 25 minutes), préludant à trois séances de Conseils en image de soi subdivisées en une expertise de colorimétrie (la couleur de vos fringues assortie à votre carnation), une autre de maquillage et une troisième relative au dressing code – toutes opérations éminemment valorisantes au niveau de l’’estime reconquise de soi, à raison de 190 euros le multipack…

    0-20276-150723161749829-0-420785.jpgLejeune la bien nommée. – Or je me trouvais là, à contempler gratuitement l’océanique sublimité, lorsqu’une voix de femme m’a surpris en pleine rêverie : « Et que ressentez-vous devant le plus beau paysage du monde ?». La dame qui se tenait là, d’une très élégante extravagance, l’air d’une espiègle petite fille avec ses tresses blondes, de très beaux yeux bleus rappelant ceux de la duchesse de Guermantes (avec aussi quelques chose de son profil d’oiseau distingué), tranchait sur le style middle class de la clientèle, genre artiste bon genre; et mon interlocutrice apprécia illico la nuance que j’opposai à son affirmation, en lui faisant valoir que cet incomparable paysage n’en excluait pas quantité d’autres non moins uniques, etc. 

    Alors la conversation de se nouer autour de multiples goûts partagés (de Bruges à PaulMorand, en passant par les ciels changeants des Caraïbes, le romancier Raymond Abellio qu’elle a connu autant que Julien Gracq et Salvador Dali) et de sa pratique de la photographie pictorialiste (100.000 diapos dans sa réserve de globe-trottineuse), un fils humoriste célèbre et un recueil d’aphorismes en quête d’éditeur – d’où notre promesse de nous retrouver le soir…

    normale_lejeune20070919104215.jpgJamais deux sans trois. – Lorsqu’une personne me botte, j’attends volontiers la confirmation de Lady L. dont les antennes sensibles sont quasi sans failles. Or notre premier dîner en trio, avec dame Lejeune dont j’avais appris par une interview, me renseignant à son propos sur Internet, que son odeur préférée était celle du chèvrefeuille, a bel et bien eu valeur d’expertise relationnelle à valeur ajoutée, notre nouvelle amie estimant notre rencontre aussi revitalisante que sa cure d’algues, et Lady L. se réjouissant non moins de l’entendre évoquer ses multiples vies, d’Afrique en Chine en passant par de folles glissades à ski en Engadine - tous trois riant beaucoup enfin à l’évocation d’un inénarrable épisode vécu par la pétillante octogénaire avec son faunesque ami Michel Simon…   

    Nicole-Lejeune-4.jpgNicole-Lejeune-6.jpgDe la serendipity. Nicole Lejeune m’a demandé, à notre dernière entrevue de ce matin, si je croyais à l’astrologie et à la réincarnation ? Prenant la tangente normande, je lui ai répondu que la serendipity guidait plutôt mes pas, autant que ceux de Lady L. Le fait que le grand amour de sa vie ait été, comme je le suis, du signe desGémeaux, m’intéresse moins à vrai dire que d’avoir eu en mains, cette nuit, la maquette de son recueil d’aphorismes ciselés et peaufinés durant plusieurs décennies, cristallisant de nombreuses observations fines sur la vie, l’amour,la beauté, les tribulations affectives ou sociales, l’art et la nature, avec autant de naturel que de justesse, sans éviter les lapalissades propres au genre. Dons j'aiderai notre amie, dans la mesure de mes moyens, de trouver un éditeur à son livre, sans me prendre pour la réincarnation de Saint Martin...

    La serendipity, ainsi que l’a définie l’écrivain anglais Hugh Walpole, est cet art conjuguant curiosité, disponibilité, flexibilité, appétence et générosité, qui fait par exemple qu’après vous être pointé dans un haut-lieu de wellness tel que le Thalassa Sea & Spa de Dinard, dont personnellement vous n’avez que fiche des conseils en matière de cryothérapie glaçante ou de coaching par Power Plate, vous découvrez là, dans une bibliothèque où se pratique le book crossing, tous les romans de Simenon et le  Dictionnaire amoureux de la Bretagne d’Yann Quéffelec, ou la monumentale bio de Victor Hugo par André Maurois (édition d’Arthème Fayard de 1955) dont vous serez le premier à couper les pages( !), avant de prendre des nouvelles de vos filles à San Diego et Phuket sur une terrasse où vous aborde une jeune fofolle en fleur de 86 ans, et cet après-midi, demain à Roscof, puis à Quimper chez une autre dame de qualité rencontrée sur la Toile, enfin auprès des otaries et des chimpanzés à visage humain du zoo de La Flèche, l’immensité des choses ne cessera de vous surprendre…

  • Compères

    12916118_10209204935627323_2481906555533411043_o.jpgChemin faisant (145)

    Entre deux feux. – Notre compère Florian me balance, ce matin, un texto sur Messenger où il me raconte, en quelques mots, une belle histoire d’Europe : la sienne.

    Fils d’un Allemand et d’une Française, il eut un grand-père français dans la Résistance, et lorsqu’il alla enterrer son grand-père allemand, en 2007, il découvrit, dans le caveau familial, que celui-ci avait un frère mort sous l’uniforme de la Wehrmacht, en Biélorussie. Or la seule photo qu’il retrouva de ce grand-oncle lui révéla que le jeune homme lui ressemblait comme une goutte d’eau !

    Florian a été touché par les lignes émues que j’ai consacrées à notre visite à Omaha Beach, dont les morts lui ont rappelé celle de son aïeul sur le front russe, alors qu’il a passé lui-même une partie de son adolescence en Normandie ; et traversant le bocage je nous lisais la biographie si remarquable de Simon Leys, que le même compère m'a offerte et qui prolonge ces liens multiples, de Flandres en Chine ou de Savoie au pays de Vaud – notre amitié, via Facebook, s’étant établie sur une commune admiration pour les écrits de Jacques Chessex…  

    734737821.jpgNotre front de l’Est. -  Débarquant hier soir à Dinard (chacun son débarquement…), juste en face de Saint-Malo, un autre message m’est arrivé du fin fond de la Pologne, que m’envoyait mon compère Bertrand Redonnet, écrivain dont la prose drue et sensuelle à la fois se ressent fortement de la marque de Maupassant, et qui m’envoyait le début du corrigé des épreuves d’un livre de mon cru,intitulé Les Tours d’illusion et doublement placé sous les égides de Max Dorra et de Peter Sloterdijk, qu’il entend publier en ces marches de la Biélorussie, et diffuser à partir de…Saint–Malo, à l'enseigne des éditions du Bug - ledit Bug n'étant pas un couac informatique mais un grand fleuve majestueux à la frontière polonaise...

    Geographiques (C).jpgSur la route de Bois-le-Duc, au début de notre petit périple, je nous lisais les Géographiques de Bertrand, proses à la fois poétiques et solidement terriennes, tout imprégnées de climats océaniques,mais comme entre deux immensités (l’Atlantique et la steppe), dont je viens de reprendre la lecture sur ces terres bretonnes où nous voici ; et demain j’irai rendre visite au Malouin chargé de la diffusion de mes délires extralucides...

    Lieber Thomas. – Si j’ai rencontré Bertrand Redonnet et Florian R*** par le truchement d’Internet, via nos blogs respectifs ou Facebook, c’est en 3D que je devins, à l’âge de 14 ans, le  compère de Thomas F***, avec lequel je passai deux étés et fis le tour du Léman en vélocipède, entre autres menées mémorables. 

    Cependant ce fut aussi par l'Internet que, plus de quarante ans après nos premières cigarettes fumées à plat ventre dans les herbes de Souabe, et sans nous donner aucunes nouvelles durant tout ce temps,  je retrouvai la trace du blond adolescent devenu un imposant Herrr Doktor dans le cabinet paternel de sa belle petite ville de la Forêt noire, père lui-même de deux filles (comme nous) et louant un chalet sur les hauts de saint Pierre-de-Clages...

    Autre souvenir d’Europe alors : des récits de sa propre guerre que nous fit le père de Thomas, contraint lui aussi de servir son pays, en officier médecin, en dépit de son amour pour la France (que partage mon compère)  et de son mépris du caporal dément…

  • Tout ça pour ça ?

    12968074_10209240624959534_101232481218260725_o-1.jpg12973169_10209244450455169_2564912653353019562_o.jpgChemin faisant (144)

    Sanctuaire des braves.– L’on apprenait ce matin, à la télé, qu’un spectacle allait se donner bientôt, où ressusciterait Claude François par le miracle de la technique holographique, et simultanément était annoncée une émission d’Arte sur les projets transgéniques de vie éternelle.
    Or une sorte de honte rétrospective m’est venue, à la fin de la même matinée, en découvrant le rivage de sable d’Omaha Beach où, le 6 juin 1944, des milliers de jeunes gens ont été massacrés par les mitrailleuses allemandes alors qu’ils débarquaient à l’aube aux premières lignes du débarquement de Normandie.

    12957480_10209241688106112_8977990080501670818_o.jpg12973514_10209241648785129_3764186544501367669_o-1.jpgL’on a beau avoir vu cent fois mille images photographiques ou cinématographiques de cette aurore homérique aux doigts de sang : se trouver sur le lieu de ce sacrifice collectif reste tout de même bouleversant, et d’autant plus que nulle boutique ou buvette (comme il y en a même à Auschwitz) n’apparaissent sur ce kilomètre de grève nue où ne subsistent que quelques vestiges de casemates entre quelques stèles de mémoire, et ce seul arbre à la silhouette si expressive. Alors le souvenir de Claude François, face à « tout ça »…



    p00v2b0b.jpgslide_2.jpgLa Bombe du paumé.
    – En roulant des abords d’Arromanches à Dinard, où nous voici ce soir, je nous ai lu le texte consacré à Allan Turing par Emmanuel Carrère dans une chronique du recueil intitulé Il est avantageux d'avoir où aller, réunissant des textes en phase avec notre époque, qu’il s’agisse de la France de Renaud Camus ou de Michel Déon, de la Russie de Limonov ou de l’Amérique de Philip K. Dick.maxresdefault.jpg

    Or ce qui nous a frappés, avec Lady L., a été de voyager tout à coup avec le fantôme de Turing, dont le génie d’éternel paumé a participé à la victoire des Alliés sur l’Allemagne en perçant les codes secrets de celle-ci et en permettant des opérations militaires dont le débarquement de Normandie fut la plus éclatante.

    12983384_10209232691041191_3048695329488015617_o.jpgPar delà toute dérision.– Hier à Honfleur, puis à Trouville et à Deauville, après avoir traversé la merveilleuse campagne bocagère, nous pestions de ne voir partout, avec leurs bagnoles saturant leurs parkings, que des Français moyens à la Tati, conglomérés aux mêmes lieux, et sans rires ni sourires. Essayez donc, si vous êtes Suisse et poli, de parquer à Honfleur votre véhicule japonais (on sait aussi la politesse des Japonais) en attendant qu’un Français vous cède la place après vingt minutes d’attente ; sûrement un autre Français vous passera devant en invoquant son droit au territoire !

    Il y a quelques temps, l’éditorialiste Jacques Julliard constatait, dans un édito de Marianne, que les Français actuels ne s’aimaient plus entre eux, et c’est en effet ce qu’on peut déplorer, de l’extérieur, alors que la France reste tellement aimable à tant d’égards.

    Or le constat s’exacerbe à la vision des milliers de croix alignées sur les hauts des rivages normands ! Et c’est pour ça, pour Claude François et ces malpolis, que les jeunes gens du Connectitut et de l’Illinois, du Dorset charmant et de l’Ecosse prodigue d’excellent whiskey, auraient perdu la vie ? Non, mais !