À propos d’une étonnante collection de dessins d’enfants, au Rijksmuseum, reproduisant des tableaux de maître anciens. Du poids du monde et du chant du monde évoqués par le film de Denys Arcand, Les invasions barbares…
Il y a des jours où le poids du monde se trouve conjuré par le chant du monde, et c’est ce que je me dis ce soir après avoir accompagné, avec son fils et ses amis, un amoureux de la vie jusqu’au seuil de la mort, là-bas au bord d’un lac quelque part au Québec, je ne sais pas en quelle année, et c’est comme ça qu’un matin de mars 1983 nous aurons accompagné notre père, présent autour de lu de l’aube à la nuit où il nous quitta.
Il a fait bien lourd, aujourd’hui, sur Amsterdam, et j’avais commencé la journée au milieu de ceux qui nous aidé à supporter le poids du monde en se faisant sourciers de beauté. J’étais au Rijksmuseum au milieu des vivants n’en finissant pas de s’émerveiller de ce que n’en finissent pas de nous dire les enlumineurs de la vie, des pénombres dorées de Rembrandt aux douceurs indicibles des ciels de Vermeer ou de Ruysdael, et malgré tout le poids de la culture je me sentais léger, et plus léger encore lorsque, dans une salle voûtée, un peu en retrait, dédiée aux visiteurs cherchant un peu de silence et de tranquillité, je tombai sur ces centaines de petits dessins ou de coloriages affichés, comme une mosaïque en triptyque, tous réalisés par des enfants et des ados d’un peu partout et s’inspirant tous des peintures des maîtres anciens. Merveille !
Et merveille aussi, que le film de Denys Arcand intitulé Les invasions barbares, chant d’amour et d’amitié marquant les retrouvailles tardives et d’abord rudes, puis en crescendo de tendresse, d’un père en fin de vie et de son fils rassemblant, autour du vieux jouisseur mal embouché, ses maîtresses et ses amis dont la tribu évoque toute une génération, ses révoltes et ses illusions, son culte parfois imbécile des « ismes » et ce qui reste plus important que tout ça, le chant du monde par delà le poids du monde…