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  • Ceux qui se relèvent

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    Celui qui repart d’un bon pas après sa chute de l’Arbre de la Connaissance au serpent piteux / Celle qui s’ébroue genre bonne pomme / Ceux qui préfèrent les jardins ouvriers de derrière la gare de triage /  Celui qui parle de son coma dépassé à Radio-Brouillard / Celle qui dit avoir déjà donné puis se ravise / Ceux qui y regardent à deux fois avant de signer leur arrêt de mort / Celui qui tombé de cheval reprend la moto / Celle qui ne regrette point d’avoir été tombée par le beau cycliste / Ceux qui ne laisseront pas tomber le comité du club de badminton / Celui qui ne change jamais d’opinions sur rue / Celle qui change de position comme de chemise de nuit / Ceux qui comprennent que leur manque est la preuve de l’existence du vide / Celui qui se rappelle avoir été poisson avant que les écailles ne lui tombent des yeux / Celle dont la vie a été renversée par un jet de vapeur / Ceux qui renaissent de leurs cendres sans arrêter de fumer / Celui dont l’expérience se fait de plus en plus native / Celle qui franchit la gorge d’un bond de son cheval à décolleté bateau / Ceux qui disent écrire pour survivre genre Robinson subventionné par l’Office de la culture / Celui qui dit écrire « sous le regard de Dieu » ce qui fait doublon avec l’œil de Caïn / Celle qui n’écrit point sauf les listes de commissions en espagnol pour la bonne /  Ceux qui tombés de cheval vont à selle / Celui qui tombé de cheval est remis sur pied par ses fidèles compagnons et vomit alors « un plein seau de bouillons de sang pur» et le surlendemain se met à écrire deux volumes d’essais toujours disponibles en poche chez le libraire catho qui préfère l’œuvre provinciale de Pascal où c’est marqué que la foi vient au pas à qui renonce à monter sur ses grands chevaux / Celle qui aime se réveiller de sa sieste avec l’impression sympa que l’après-midi c’est le matin / Ceux qui ne sauront jamais la mort mais la devinent parfois /  Celui que hante l’imagination de la scène primitive mais ça aussi se soigne / Celle qui dit « tomber dans l’origine » chaque fois que Gustave le lui fait / Ceux qui se réjouissent à chaque éveil tels Eve et Adam au Jardin après quoi c’est Djihad et compagnie, etc.  

  • Sorrow

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    …I’m sorry, I’m so sorry my sweetie, I never had such a starving swoop my smooth Sadie, I’m shirtless and shortless and sockless and I suffer like a silly snubby swindlesucker, so sorry sweet Sadie…

    Image: Philip Seelen

  • Ceux qui écoutent l'Arbre

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    Celui qui ressent la souffrance de l’herbe privée d’eau / Celle que l’odeur des bêtes apaise / Ceux qui vivent à l’heure des champs / Celui qui a investi dans le progrès / Celle qui se lève après le père mais avant tout le monde / Ceux qui remarquent les minuscules poings serrés par le désespoir des plantes en train de crever  de sécheresse / Celui qui trouvant une colombe blessée décide qu’elle s’est échappée d’un cirque après que le magicien a foiré son tour d’illusion / Celle qui n’entend pas la supplique du chien qui l’aime / Ceux qui n’entendent pas la musique des haies vu que de haies il n’y a plus trace / Celui qui touche les gens pour leur parler / Celle qui traite de pervers le demeuré qui la frôle d’un peu près / Ceux qui se retrouvent à la ferme de Jean pour la démo des nouveaux Tupperware /Celui qui cherche réconfort dans les étoiles qui ne sont cette nuit-là que de froids et lointains incendies / Celle qui apparaît à son fils par le trou de serrure de la fenêtre éclairée au cœur de la nuit / Ceux qui à la ferme vivent deux matins/ Celui qui ne reçoit de sa mère que des bises sèches / Celle qui cherche une échappatoire à sa vie de servitude / Ceux qui disent qu’ils cuisent sous le soleil chauffé à blanc / Celui qui se sent observé comme un jeune animal par la femme à décolleté qui défie sa pudeur et le moque / Celle quid out le bordel dans le ménage du fermier / Ceux qui sentent qu’une perturbation se prépare dans le monde et les corps et plus encore les coeurs / Celui qui pense déjà « déchets carnés » en négociant les poulets en batterie /Celle qui se demande ce qu’il y a sous la peau de la terre qui a ces jours comme des crevasses aux mains / Ceux qui se font traiter de bouseux par celle qui rêve d’un rôle dans un téléfilm / Celui qui se rafraîchit la nuit en collant son ventre contre le freezer / Celle qui se croit immortelle en ses dix-sept ans arrogants / Celles qui réinventent le gynécée à leur façon peace and love / Ceux qui se sentent écartés de leur terre pour cause de restructuration de la condition paysanne comme on a dit dans les journaux /Celui qui se tait sous l’humiliation / Celle qui a introduit le discours libéré chez les taiseux / Ceux qui surprennent les femmes au bain / Celui qui ne partagera pas son chagrin même avec son fils qui le comprend mieux que personne / Celle qui y gagnera une Toyota Cressida et un mari assez fort en tennis / Ceux qui se sentent dépassés et vont se réfugier sous l’Arbre, etc.

     

    (Cette liste a été notée en marge de la lecture du Milieu de l’horizon, poignante, profonde et poétique modulation romanesque de la fin d’un monde, signé Roland Buti et sur lequel je reviendrai avant Minuit.)