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Chemin faisant (106)

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Les salaloufs sévissent. - Je ne dirai pas que je l’ai cherché : pas vraiment, mais sans doute n’était-ce pas très futé, de ma part, de marquer mon début de séjour en Tunisie en diffusant, sur Facebook où je compte plus de 3000 « amis », et sur mon blog perso, qui reçoit ces temps plus de 1000 visiteurs par jour, deux textes évoquant le « niqab arme de guerre », à propos du premier livre que j’avais lu la veille, intitulé Chroniques du Manoubistan et décrivant, par le menu, les événements violent survenus à la Manouba entre décembre 2011 et juillet 2012.

Comme j’avais trouvé l’ouvrage en question dans la vitrine de la librairie voisine, El Kitab, je n’ai pas pensé  une seconde qu’en parler serait mal pris; en revanche, ma liste du jour, intitulée Ceux qui en ont ras le niqab, aura peut-être provoqué l’attaque en raison de son ton ironique voire sarcastique, typique des chiens de mécréants  que nous sommes. En tout cas,  le fait est que, dès le surlendemain soir de mon arrivée au Bonheur International, mon profil Facebook m’était devenu inaccessible, tout en restant lisible de l’extérieur par mes amis. Quant à mon blog, l’attaque s’y montrait plus subtile, tout formatage de mes textes y étant devenu impossible.  Bref, j’avais oublié tout ce que nos amis nous avaient dit en été 2011 à propos des ruses inventées par les révoltés depuis des mois, face aux vigiles plus ou moins hackers  du pouvoir, je m’étais montré crâne et sot, imbu de ma conception de la liberté et ne pensant même pas qu’elle pût déplaire. Mais aussi, j’ai l’habitude de prendre tout en terme d'expérience et celle-ci me disait quelque chose, évidemment, sur la réalité tunisienne.

 

L’ami de Dharamshala. – Par ailleurs je me trouvais, ces jours-là, en contact assez étroit et constant avec un jeune homme lettré, polyglotte et vif d’esprit, qui me disait lire l’immense Pétersbourg de Biély, citait la version polonaise de L’Inassouvissement de Witkiewicz, me parlait de poésie avec une espèce d’autorité de vieux connaisseur et m’évoquait une longue convalescence, suite à une très grave accident, dans une clinique de Dharamshala. Ce charmant complice étant presque aussi graphomane que moi, toute une correspondance épatante se noua entre nous, qui me donna l’idée, au soir du piratage de mon profil Facebook, de lui envoyer mes textes, assortis de leurs images, qu’il « partagerait" ensuite sur FB. Ce qu’il fit obligeamment, poussant même le scrupule jusqu’à ajouter la mention solennelle de Copyright 2014 aux textes en question. N’était-ce pas un beau pied-de-nez à mes censeurs ?  

 

Mellakh.jpgLe Doyen piraté. - Or une semaine plus tard, à la Manouba, lorsque je racontai cette péripétie au Doyen Habib Kazdaghli, qui avait vécu les événements du Manoubistan au premier rang des affrontements avec un courage et une ténacité impressionnants, le cher homme me sourit avec un clin d’œil éloquent signifiant « bienvenue au club », lui-même ayant subi le même genre d’attaques, auxquelles il aura pallié par le truchement de tiers proches...

 

Habib Mellakh, Chroniques du Manoubistan. Editions Ceres, 327p. www.ceres-editions.com. 

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