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Le vent se dégonfle

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À propos du dernier film d'Hayao Miyazaki, mélo de poétique amnésie.

 

D'aucuns voient en Le vent se lève, dernier film (au sens propre à ce qu'il annonce) du maître de l'animation japonaise, un chef-d'oeuvre. Ah bon ? Ils ne confondent pas avec Le vent se lève de Ken Loach, cette sombre merveille avérée ? Que non pas: ils parlent bien de cette espèce de romance édulcorée et niaise, sur fond d'Histoire poétisée, qui évoque la destinée d'un présumé génie de l'aéronautique japonaise assimilé à une sorte de Petit Prince amoureux d'une brebis pleurétique.

Bien entendu et ça crève l'écran de part en part: Miyazaki est un merveilleux manipulateur d'images animées, comme il l'a prouvé maintes fois et, plus précisément, dans Nausicaa de la vallée du vent (1984), Le voyage de Chihiro (2001)  ou Le château ambulant (2004), notamment. Dans la foulée de Walt Disney, il a fait de l'animation japonaise, empruntant à l'esthétique des mangas et la dépassant, un art fascinant.  Dans Le vent se lève, la poésie plastique du genre nous vaut d'ailleurs, encore, de grands moments, notamment dans l'évocation prenante, au début du film, du tremblement de terre de 1923, ou dans les mouvements célestes d'aéroplanes, les déploiements de magnifiques paysages, la dramaturgie plastique des plans ou la perfection picturale de l'ensemble. Il y a du limpide livre d'enfance dans Le vent se lève, et d'une sorte de rêverie mélancolique sur la solitude de l'Artiste. Soit.

Mais on s'embête, aussi, là-dedans. Et c'est très long. Et c'est assez vide finalement si l'on songe à la terrible époque traversée.    

On sait que Miyazaki n'a pas toujours été "au-dessus de la mêlée", et que la tragédie japonaise: il connaît. Mais ici, pour qui ne saurait rien de  son passé, ni du passé du Japon, Le vent se lève paraît décidément un filet d'air bien suave et bien inconsistant, en contraste absolu avec une histoire lourde.

De quoi s'agit-il en effet ? De la carrière de Jiro Horikoshi, as de l'ingéniérie aéronautique japonaise auquel on doit, entre autres "merveilles", l'invention du Chasseur zéro. Le personnage, dans le film,  est du genre rêveur candide au possible, la réalité la plus dramatique qu'il vit lui apparaît sous forme de songes, et nous le verrons dessiner un bombardier tandis que sa fiancée tuberculeuse lui tient la main. Certains voient en lui l'exact équivalent du cinéaste non moins "rêveur". Autant dire que le constat s'aggrave !

À un moment donné notre jeune prodige nippon se retrouve en Allemagne hitlérienne pour se documenter  sur la technologie habile des bombardiers Junker. Dans une vague brume, le temps d'une séquence-éclair, il semble qu'une espèce de bande poursuive une espèce de fuyard, peut-être juif ? Ce n'est pas sûr. Pas plus que n'est sûr le scrupule du charmant myope rêveur à l'instant de modéliser  des armes de destruction massive.

Autant dire qu'il y a prescription et que ni Pearl Harbour, ni les kamikazes, ni Hiroshima n'ont plus lieu d'être cités dans un film célébrant, n'est-ce pas, le rêve de voleter et les fleurettes du poétiquement correct...   

Vous appelez ça chef-d'oeuvre ?

  

 

Commentaires

  • Un film abordant la culpabilité du constructeur face à l'usage des avions aurait été certes intéressant et Miyazaki vous déçoit. Mais on peut raconter la vie d'Einstein sans faire d'Hiroshima le centre d'intérêt du film. Pourquoi voulez vous que l'artiste ait politiquement raison? L'histoire démontre souvent le contraire. Ce n'est pas ce que moi j'attends de l'art.

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