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Le mec super sympa, quoi...

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À propos de Polémiques

de Benoît Duteurtre

 On rit pas mal à la lecture des Polémiques de Benoît Duteurtre, dont la vivacité critique, féroce et joyeuse à la fois, procède d'un jugement en somme aussi sain que sérieux. Les uns le trouveront trop à droite, et les autres trop à gauche, alors qu'il est essentiellement benoît, c'est à savoir plutôt doux et bon, mais bon comme le scout et refusant donc d'être poire. Très Français,  comme nous autres francophones (éventuellement francophiles) nous les aimons, il  échappe en tout cas à un  travers également très français qui est de ne connaître en logique et dans le choix des couleurs que le noir et le blanc, la gauche et la droite exclusives, le Bien et le Mal, la Réaction et le Progrès, sans nuances et détails intermédiaires, bref l'esprit tout binaire et cartésien dans le sens le plus étroit. En outre, à l'ère des spécialistes en presque rien, il est généraliste en un peu tout et surtout: en écrivain.

De fait, qu'il s'en prenne à la terreur "sympa" des vélos zigzaguant sur les trottoirs avec l'arrogance des purs, à l'invasion des "soirées foot" sur les chaînes de radio aux mêmes heures, à la marche triomphale des nouvelles poussettes à fronts de béliers ou de tanks dans les établissements ou les transports  publics, à la sanctification de l'Enfant-Roi ou de la Mère sacrificielle, à l'optimisme obligatoire ou à la convivialité forcée, à tous les nouveaux lieux communs du politiquement correct ou du moralement inapproprié, à la diplomatie du bien ou à la culture du zapping, au dénigrement masochiste de la France par les Français, au culte si confortable de l'art-qui-dérange ou de l'artiste officiel "rebelle", Benoît Duteurtre oppose, en écrivain à substantifique moelle,  un esprit critique fondé sur le bon sens (valeur absolument suspecte aux yeux d'une certaine intelligentsia), un goût de la contradiction à double tranchant qui se défie de tout ce qui semble aujourd'hui le plus convenu - du mariage pour tous au rejet sans débat du nucléaire -, avec des positions personnelles qui se distinguent des "postures" affichées par tant d'intellectuels de gauche ou de droite, caractérisées par l'insoumission à l'empire américain, le réalisme en politique, la défense de l'idée européenne de nation non assimilable à un chauvinisme, l'amour de la musique et de la peinture de Claude Monet, le rejet de tout terrorisme intellectuel ou spirituel et la redécouverte de notre passé non assimilable à un passéisme.

Ce que, pour ma part, j'apprécie particulièrement chez Benoît Duteurtre, c'est un certain ton enjoué qui ne cède jamais à la condescendance hargneuse ou méprisante de certains contempteurs de l'époque, sans omnitolérance pour autant; et puis il écrit clair et vif, ce qui ne gâche rien. Bref, en nettement  moins teigneux, et moins radical aussi, qu'un Philippe Muray, non loin par l'esprit d'un Michel Houellebecq, c'est un chroniqueur de bonne compagnie que l'auteur de Polémiques, qui pense en romancier autant qu'en journaliste curieux de tout et en bon vivant cultivé, gentiment hédoniste et joliment libre d'esprit. Avec un grain de sel disons: le mec super sympa, quoi...

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Commentaires

  • Le nom de Duteurtre convoque aussitôt pour moi ceux de Philippe Muray et de François Taillandier. J'ai lu tous les romans de Taillandier, pas (encore) lu Muray ni Duteurtre. De Duteurtre, j'ai offert "Le voyage en France". Je pense que je lirai très bientôt "Polémiques". Quant à Muray, il me faut le lire, je crois n'avoir lu de lui qu'un texte sur "Les nouveaux réactionnaires", dans L'Atelier du roman.

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