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Un verbe de feu

 

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La géniale Marina Tsveraeva revit au Théâtre de Vidy

Du printemps 1903 à l’été 1904, une paire de petites filles russes séjournèrent dans un pensionnat lausannois du boulevard de Grancy, aux bons soins des très catholiques sœurs Lacaze. L’aînée, Marina, âgée de onze, sema la zizanie dans la sage pension en répandant les théories athées qui lui venaient d’une éducation très libre, frottée d’anarchisme. Un abbé « pêcheur d’âmes » s’occupa d’elle et de sa sœur cadette Assia, qui devinrent de vraies bigotes une année durant. Cette « crise religieuse » m’a guère laissé de traces dans l’œuvre de Marina Tsvetaeva, la plus grande poétesse russe du XXe siècle avec Anna Akhmatova, qui a en revanche signé un récit fascinant intitulé Le Diable, paru aux éditions L’Age d’Homme, à lausanne, en 1993.

« Eblouissante Tsvetaeva ! », s’exclamait Soljenitsyne, « païenne pleine de lumière et de joie », ajoutait Ilya Ehrenbourg. Pourtant la trajectoire de cette femme farouchement libre, sauvagement indépendante, qui se pendit le dimanche 31 1941 en Tatarie après de terribles tribulations, fut marquée au sceau du tragique, entre amours impossibles et péripéties dramatiques, dont l’accusation fait à son ami d’avoir assassiné un agent soviétique. Déchirée par des exils successifs, tiraillée entre l’amour de son pays et le rejet de la dictateur, celle qui fut l’amie de Rilke et de Pasternak, comme en témoigne une correspondance mythique, a laissé une œuvre éclatante, au verbe de feu, qui exprime à la fois la révolte contre la bassesse matérialiste et l’aspiration à l’absolu.        

Pour moduler ce verbe incandescent, la comédienne Anne Conti a réalisé un montage de textes qui fait intervenir aussi le chant et le geste.

« Personne n’a besoin de moi ; personne n’a besoin de mon feu qui n’est pas fait pour faire cuire la bouillie », écrivait Marina Tscvetaeva, dont nous avons besoin plus que jamais au contraire.

Lausanne. Théâtre de Vidy. Salle de répétition,du 9 au 19 février.

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