UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ceux qui se laissent aller

PanopticonF7.jpg

Celui qui suit sa pente en la remontant / Celle qui met toute sa nonchalance à résister / Ceux qui prennent le temps de nettoyer leur clavier avant le concert du Bureau Philarmonique de l’Entreprise /Celui qui ne laisse rien au hasard pour mieux se laisser surprendre / Celle qui préfère les enseignements oraux de la vie à ceux de la morale écrite / Ceux que la vie a décrispés / Celui qui est rompu à l’art du commérage style bantou / Celle qui s’ouvre comme un livre au milieu de l’assemblée des pagnes / Ceux qui se confient aux échos du Creux-du-Vent / Celui qui dénonce la secrétaire à l’essai Martine Maus pour son laisser-aller à la pause / Celle qui gère les mégots de Martine sur le trottoir de l’Entreprise / Ceux qui de Martine aiment surtout la Maus / Celui qui cache tant ses soucis qu’on en oublie sa barre au front / Celle qui bosse les doigts dans le nez selon son expression difficile à traduire du swahili / Ceux qui s’endorment sur leurs dossiers qui se mettent à ronfler à l’unisson / Celui qui prend conscience en souriant de ce que signifient les quarante ans qui le séparent de ce jeune collectionneur de papillons du Gabon qu’il a rencontré au Col Ferret / Celle qui s’abandonne dans les bras souples et mous du beau maître-nageur surnommé le Poulpe / Ceux qui se lâchent dans leurs couches au motif que leurs actions en Bourse ont chuté grave comme en 29 / Celui qui lâche un peu de mou à sa maman qu’il tient en laisse / Celle qui devant sa webcam se fait des choses en solo avec une courgette achetée le matin même à la Coopé sans se douter que sa cousine Delphine est branchée sur le même site libéré / Ceux qui apprécient les courgettes farcies de Daisy la farceuse / Celui qui s’est installé dans un container de la zone pourrie de Belgrade Sud en dépit de son doctorat en linguistique / Celle qui entre par erreur dans ce bordel de garçons et s’exclame oh pardon avant de siffler un diabolo menthe avec la taulière /  Ceux qui sont d’autant plus inassouvis qu’ils savent que désormais tout est possible / Celui qui se signale par son ricanement récurrent à la table des moqueurs / Celle qui dit qu’elle en a vu d’autres sans préciser lesquelles / Ceux qui laissent dire celles qui prétendent qu’ils sont ce qu’ils sont parce qu’ils savent sur elles ce qu’ils savent / Celui qui se fait tricoter ses chaussettes sexuelles par sa marraine ouvrière chez Multi Latex la firme qui assure / Celle qui conseillera toujours à ses jeunes parents gays de se pacser ensemble pour que ça reste en famille catholique souverainiste / Ceux qui trouvent à John Burnier une dégaine de Christ en nippes / Celle qui engage John Burnier pour un shooting de Ralph Lauren / Ceux qui ont enterré John Burnier qui n’a pas ressuscité jusque-là / Celui qui a corrigé les poèmes de John Burnier et les fait passer pour siens après sa mort  ah le chien / Celle qui acquiert une combi de vélo noire pour assouvir son fantasme dit de l’Otarie / Ceux qui n’ont jamais rien vu de si joyeux que les jeux  des otaries du Zoo de Bâle dont les gardiens sénégalais ou cameronais valent aussi le déplacement soit dit en passant, etc.

 

Image : Philip Seelen           

Les commentaires sont fermés.