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Ceux qui vont voir ailleurs

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 Celui qui se sent déjà le pied léger / Celle qui fume une dernière clope sur le tarmac / Ceux qui se distraient de l’angoisse de l’avion en lisant des thrillers limite gore / Celui qui a pris place dans la Business Class avec l’air de qui représente notoirement la catégorie Top du genre humain / Celle qui apprend avec soulagement à la Une de son journal financier que tout va mieux pour les Junk Bonds / Ceux qui du ciel repèrent avec un serrement de cœur leur maison natale tout là-bas à la lisière de la forêt / Celui qui se signe à la première turbulence de la tempête annoncée / Celle qui lit le dernier roman de Ian McEwan sans retirer les lunettes noires qui lui donnent un air d’intellectuelle divorcée de sensibilité exacerbée comme on en trouve chez Lobo Antunes / Ceux qui n’ont plus revu le Rijksmuseum depuis l'annee de la mort de W.S. Sebald / Celui qui retrouve dans son carnet commencé à Delft en 2008 des notes sur le voyage dans le voyage qu’il vivait alors en lisant Vertiges de Sebald évoquant une pérégrination de Stendhal et le dernier voyage de Kafka alors même que le jeune passager de la rangée de derrière dans le Boeing destination Amsterdam arbore une casquette au logo Franz Kafka et lit Le Mur de Jean-Paul Sartre / Celle qui étouffe entre un Indien parfumé et une matrone aux chairs débordant de son siège / Ceux qui entament une vraie conversation sur l’étourdisssante joie du vieux Bach qu’ils se promettent de continuer le même soir par courriel malgré le décalage horaire entre Madras et Amsterdam / Celui qui subit les coups de coude du jeune homme grave lisant a cote de lui The Joy of Wisdom d'un bouddhiste hilare / Celle qui aime les petits chats des scenes de genre de Metsu qu'elle se rejouit de voir au Rijks / Ceux qui se sont promis de lacher quelques volutes au bord des canaux en memoire de leur folle jeunesse a l'epoque des provos / Celui qui retombe sur cette note prise à Camperduin : « L’univers est la pharmacie de l’univers où les corps lumineux guérissent » / Celle qui accompagne le ténor extra qui chante ce soir une réduction du Chevalier a la rose dans un squat snob d'Amstelveen   / Ceux qui échangent leur e-mails à des fins vraisemblablement érotiques / Celui qui a la physionomie de Cees Noteboom, mais n’a jamais composé que des numéros de téléphone / Celle dont les oreilles ont encore embelli depuis le dernier voyage du couple à Lisbonne en mai 2010 / Ceux qui se retrouvent chez l'Espagnol d'Emmastraat  et tachent de se comprendre en franco-batave matine d'anglo-teuton  / Celui qui se sent tout de suite chez lui à Amsterdam du fait de l'air qui circule dans les rues a la vitesse des bicyclettes constituant un danger certain pour celles et ceux qui bayent aux corneilles au lieu de rester attentifs a la realite amstellodamoise en tant que telle/ Celle qui trouve Rembrandt triste a cause de la penombre de ses tableaux qui donnent envie d'allumer les neons /  Ceux qui n'osent plus admirer les maitres anciens depuis que Thomas Bernhard a ecrit ce qu'il a ecrit, etc.

Image: La plage d'Ostende. Huile sur toile de Floristella Stephani

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