Celui qui ne sait (toujours) pas nouer une cravate / Celle qui te supplie de grandir enfin quoi / Ceux qui ont l’air de rescapés de Woodstock / Celui qui ne sait pas ce qu’est un horaire / Celle qui a conservé toutes ses jupes d’indienne / Ceux qui ne parlent jamais nostalgie des sixties puisqu’ils ne les ont jamais quittées / Celui qui se trouve au mieux l’air de Davy Crockett sexa et au pire celui d’un vieil iguane aux yeux roulant comme des planètes / Celle qui se sent mieux auprès de ses vieux restés jeunes qu’avec ses condisciples trentenaires de l’Ecole de Gestion / Ceux qui ont essayé d’entraîner Michel Houellebecq dans leur footing du matin puis ont renoncé / Celui qui considère les progrès de son arthrose avec une curiosité qu’il ne manifesterait pas pour les genoux d’un autre et sans en conclure qu’il est lui aussi un senior non mais des fois / Celle qui refuse de se maquiller comme à ses vingt ans de sauvageonne / Ceux qui savent que le tramway nommé DESIRE conduit à la station terminus CEMETERY et qui se disent qu’ils descendront avant / Celui que la seule expression freudienne Principe de Réalité ramène à la réalité plénière dont les principes ne sont qu’un aspect secondaire en somme / Celle qui autopsiait les enfants morts-nés à 25 ans et qui s’occupe maintenant des défunts qui ont l’âge de ses parents paralysés / Ceux qui rêvent toujours d’une dernière virée aux Marquises / Celui que le seul timbre de la voix de Jacques Brel ramène à ses dix-sept ans purs et doux / Celle que sa jupe plissée n’empêchait pas à seize ans de danser le twist comme une diablesse / Ceux qui essaient de se faire bien voir par les kids / Celui qui considère que toute expérience nouvelle est intéressante comme par exemple de se payer un paquet de Gauloises bleues trois lustres après avoir cessé de fumer / Celle qui réécoute Cat Stevens sur vinyle dans le studio de sa fille aînée orné de l’effigie du Che en dépit de tout le mal qu’on lui a dit sur le personnage / Ceux qui n’ont pas encore touché à la dope malgré leur âge avancé / Celui qui conduit sa BMW hors d’âge avec la même désinvolture affichée qu’au temps de sa 2CV verte d’écolo à la manque / Celle qui a pratiqué la polygamie tout le temps qu’ont duré ses études de germanistique à Tübingen et jusqu’à sa rencontre du grand Sepp riche et jaloux / Ceux qui ne sont jamais partis pour Goa et n’en sont donc pas revenus non plus / Celui qui trouvait imbécile de mourir pour des idées à vingt ans et qui continue de trouver imbécile l’idée de mourir / Celle qui faisait du crochet à l’âge de 20 ans tout en lisant Marcuse et dont les filles tricotent aujourd’hui en regardant avec elle l’émission de télé Je Décore Mon Intérieur / Ceux qui ont la révolte en eux sans savoir exactement où / Celui dont le col est aussi ouvert que son mental est fermé / Celle qui pense que tout ce que Schubert (Franz) a composé l’a été spécialement pour elle / Ceux qui se trouvent des airs de vieilles tortues malades et le disent pour se faire pardonner, etc.
Image: Philip Seelen
Commentaires
Celui qui met une veste italienne cintrée, pied-de-poule, pour aller à ses rendez-vous, malgré la moue de ses filles devant un truc aussi ringard / Celui qui a conservé le costume qu'il portait à la première communion de sa fille / Celui qui a toujours dans sa garde-robe la veste qu'il avait quand il a rencontré sa femme, etc.
Excuse-moi, JLK, mais cette référence obstinée à Houellebecq est un peu fatiguante.
Non pas que je ne l'aime pas : Je ne le connais pas. J'ai lu les particules, comme tout le monde...
Mais un mec qui est toujours fourré dans le trou du cul des médias, des grands médias, franchement, ça ne me donne pas envie de le lire plus que ça.
T'as pas l'impression que le vieil ado, ce serait plutôt un peu lui et qu'il en tire ma foi une certaine réussite avec un certain talent ?
Ceci dit en toute amitié.
BR
Quant à moi ce sont surtout les gens qui causent sans connaissance de cause qui me fatiguent; et cette focalisation sur les médias, mon Dieu, mais qu'en a-t-on à faire ? N'est-ce pas suffisant de lire de bons livres, quand il y en a ?
Ceci dit également en toute amitié.
Jls
"N'est-ce pas suffisant de lire de bons livres, quand il y en a ? "
Si, et s'ils sont vraiment bons ont-ils besoin du brouhaha médiatique, de France 2, par exemple ?
Se suffisent-ils à eux mêmes ?
Et combien de bons livres te passent sous le nez, et sous mon nez aussi, parce que le podium ne drague que les têtes d'affiche ?
C'est un poncif, je te l'accorde..Mais justement, revenons-en un peu aux poncifs...ça ne fait pas de mal.
Amitiés
Déjà 190 000 bonnes âmes qui se sont ruées sur un bon livre :
: http://actu.voila.fr/actualites/culture/2010/09/14/houellebecq-explose-les-ventes-a-paris-moins-ailleurs_593972.html
ça doit vouloir dire que tous les autres, qui plafonnent à 1000 au bout de queqlues années, sont vraiment mauvais, mais mauvais comme c'est pas possible ! Beurghhhhhhh !
Te fâche pas....ça m'fait plutôt rire, moi.
Pourquoi me fâcherais-je ? Je sais des tas de bons livres qui plafonnent en effet à 1000 exemplaires et même moins. Et puis quoi ? Les millions d'exemplaires vendus par Barbara Cartland sont-ils meilleurs du fait de ces chiffres ? Et les millions d'exemplaires vendus par Georges Simenon signifient-ils que cet auteur n'est qu'un marchand de soupe ? Sais-tu qu'un an après la parution des Nourritures terrestres, Gide n'en avais vendu que 25 exemplaires ? Et après ? En ce qui me concerne, je ne m'intéresse qu'à la qualité du livre et tout le reste est du flan. Poil aux dents.