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Fin d'un roman

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A La Désirade, ce dimanche 3 septembre. – C’est dans les pleurs, les sanglots nerveux et les larmes de croco que j’ai mis le point final, ce soir à huit heures, à mon roman Les bonnes dames. J’en étais si ému du fait que la matière de ce roman si près de notre vie est pour moi chargé d’émotion, surtout depuis que l’une de mes trois vieilles petites filles, Marieke, Katia dans la vie, est entrée dans un coma profond, le 25 août dernier, et que nous vivons cette étrange situation que j’ai vécue avec ma propre mère il y a quatre ans et presque jours pour jours, très pénible aujourd’hui à ma bonne amie qui voit sa mère mourir sans mourir.
Dans l’espèce de transe qui m’a saisi depuis que notre chère Katia est entrée dans sa nuit, j’ai écrit d’affilée des vingt et trente pages manuscrites par jour, presque sans hésiter, que je recopiais à mesure presque sans rien corriger. J’ai mieux compris, à ces moments-là, le phénomène du jaillissement par concentration extrême qu’a vécu un Simenon.
Voilà : c’est fini pour le roman, mais la vie continue et son roman de tous les jours.

A La Désirade, ce lundi 4 septembre. – Cinq heures du matin : je me réveille. Le pli est pris. Je me suis levé tous les jours à cette heure depuis des mois que je travaillais à mes Bonnes dames, et maintenant je vais continuer aujourd’hui dans la foulée comme un brave percheron sur son sillon.
D’ailleurs c’est à l’instant même que je me lance dans Le souffle de la vie, le troisième volume de mes carnets qui regroupera les années 2000 à 2006.
En outre une autre aventure commence pour Les bonnes dames, dont je me réjouis aussi. Mon éditeur est aussi l’un de mes meilleurs lecteurs, Bernard vit les livres qu’il lit et qu’il fait et c’est toujours un vrai bonheur de travailler avec lui. Et puis nous nous nous mettrons peu après sur un autre bouquin que j’ai déjà fini, qu’il publiera le printemps prochain. Enfin j’ai très envie, ces jours, de me consacrer plus à la peinturlure de paysages et de visages, enfin je vais en avoir un peu le temps. J’ai reçu l’autre jour une magnifique aquarelle de l’ami Bona, évoquant des espèces de fleurs de volcan, la grande fermentation des rouges et des bleus noirs charnels de l’ombre organique happée par une lumière plus que réelle, de l’autre côté des choses, et ce cadeau m’a bonnement irradié et impatienté de me replonger dans le cratère des couleurs. 

Papier découpé. LK, 2004.

medium_Bona.JPGBona Mangangu, encre et huile sur papier aquarelle.

Commentaires

  • Toutes mes félicitations pour ces bonnes dames. Rythme impréssionnant. Dans la daube sèche où j'étouffe en ce moment, j'aurais presqu'envie que quelqu'un de proche tombe dans le coma. C'est horrible.
    Essayer déjà de ne pas y sombrer chaque soir.

  • Vous nous aurez permis de suivre "en live" l'élaboration d'un roman, de son idée de base à son point final. C'est généreux, et je me réjouis de pouvoir lire les histoires de ces "Bonnes Dames".

  • Bonjour,
    Je m'y mettrai aussi avec plaisir.

  • Merci jeunes gens. Mais lisez plutôt Les bienveillantes: ça c'est urgent.

  • Rupture de stock, nom d'une pipe!
    Ah, il y a quand même une logique!
    Pour un peu, la main invisible du vieux con de Smith.
    Non, seulement la belle rumeur:
    au loin nous arrive un Livre!
    Allez hop.
    On fait un petit feu sur la plage.
    On attend le navire.
    C'est très bien comme ça!


    Cordialement,

  • Lisez plutôt Les bienveillantes , c'est urgent.....
    Hum...par exemple, DR, qui écrit ici, je ne suis pas certaine que pour lui, ce soit si urgent. "Les bonnes dames" me semblent un ouvrage plus, comment dire, positif?
    Car je ne cesse de lire des critiques du livre de Littell. Et toutes disent que c'est un livre extrèmement dur, dans la description des atrocités commises. Atrocités absolument réelles, d'ailleurs, Jonathan Littell a longtemps travaillé dans l'humanitaire et dans les pays en guerre, les charniers, il semble connaitre. De là à dire que c'est urgent d'en lire la description.......
    Alors,moi, je voudrais poser une question au critique: qu'est ce qui fait qu'il y a urgence à lire ce livre? L'écriture? Le thème ( qui est en fait celui de l'oeuvre quasi entière de Steiner: comment peut on écouter de la musique classique le matin, et massacrer des centaines de personnes l'après midi, qu'est ce que l"humanité"?) ? La - même pas découverte, car ce n'est en rien une découverte, on le sait...- re- connaissance par la chose écrite de ce que l'homme est capable de faire à l'homme?

  • Je pense qu'il y a urgence extrême de lire Les bienveillantes, même si c'est un livre d'une dureté extrême, en effet, parce qu'il nous fait comprendre, par le détail, et par un effort sans pareil d'empathie, sans jamais édulcorer ni excuser le Bourreau, que celui-ci est semblable à chacun de nous. Je suis en train de recopier mes notes relatives à cette lecture, une quarantaine de pages manuscrites, et j'expliquerau beaucoup plus en détail pourquoi ce livre, en deça ou au-delà de la littérature, est à lire dans l'urgence, mais peut-être pas par vous, Marie...

  • Ne serait-ce pas une urgence de prise de conscience? de rappel de mémoire?
    Madonna crucifiée sur l'hôtel du rock, elle, a bien osé crier "FUCK BUSH" lors de son concert Parisien!

    et plus joliment écrit:

    Derrière la règle consacrée discernez l’absurde
    N’acceptez pas comme telle la coutume reçue
    Cherchez en la nécessité
    Nous vous en prions instamment ne dites pas :
    « c’est naturel ! »
    Devant les événements de chaque jour,
    A une époque où règne la confusion
    Où coule le sang
    Où on ordonne le désordre
    Où l’arbitraire fait force de loi
    Où l’humanité se déshumanise
    Ne dites jamais « c’est naturel ! »
    Afin que rien ne passe pour immuable
    Sous le familier découvrez l’insolite
    Sous le quotidien décelez l’inexplicable

    B. BRECHT L’exception à la règle

  • Il est beau, ce texte de Brecht....
    Mais toujours sur la lecture "dans l'urgence", est ce que ne se pose pas là le problème de l'écrivain et du lecteur?Une urgence de prise de conscience? Bien sûr. Sauf que ceux qui vont lire ce livre "dans l'urgence" , qui seront ils? 900 pages, quand même, à une époque où les gens lisent peu ( je lisais hier sur un blog littéraire qui me semble être celui de quelqu'un de très sympathique la lectrice dire, c'est bien, mais qu'est ce que c'est long!)
    Je vais mettre de côté une catégorie bien particulière, les mêmes que j'ai vus, de mes yeux, lire le bouquin d'Hatzfeld sur les bourreaux rwandais dans un but bien particulier, ceux que la lecture des atrocités commises par l'homme fascine ( il en est et pas qu'un peu, psychiatre au départ, j'ai été très surprise par l'imaginaire de certains)
    Il y aura quelques lecteurs , bien sûr, qui vont découvrir un monde dont on leur a déjà parlé à l'école, ou à l'occasion de commémorations.C'est pour eux, je pense, que vous parlez d'urgence. Comme il y aurait eu urgence à lire "Voyage au bout de la nuit" à une autre époque . Et puis il y aura nous, vous, moi, eux. Qui avons déjà tant lu sur ces dérives humaines, et qui constatons tous les jours que rien ne change vraiment. Croyez vous que ceux qui auraient besoin de le lire vont le faire? Non, je ne crois pas. Et même si on les forçait à le faire, ils ne comprendraient pas, j'en ai bien peur. Ceux là , sans être des bourreaux même en puissance ,dans des circonstances normales, ne pleureront jamais ( en référence à un autre de vos textes-qui me font beaucoup de bien) en lisant David Grossman parler d'Uri. Ils diront que c'est bien fait, d'un côté, qu'il est mort pour le grand Israël, de l'autre.Du blanc et du noir. Le gris, connait pas. Or, l'être humain est gris, et même le bourreau. Du gris plus ou moins sombre, et il y a tant de facteurs qui jouent. Eichmann, après tout, n'a jamais compris ce qui lui était reproché. Il avait fait son boulot........

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