La version du Guardian
Selon le quotidien anglais The Guardian, le litige opposant le défenseur italien Marco Materazzi et le capitaine français Zinedine Zidane, qui s'est soldé par un terrible coup de tête assené par Zidane, et qui a valu au meneur de jeu tricolore un carton rouge, se serait déroulé de la sorte: suite à une action française non fructueuse, et alors que les Italiens avaient récupéré le ballon et avaient débuté une contre-attaque, seuls quelques joueurs demeuraient dans la surface de réparation italienne: David Trezeguet, Gennaro Gatuso, Zinedine Zidane, Marco Materazzi et le gardien Gianluca Buffon.
Zinedine Zidane avait été, au cours de l'action précédente, très strictement surveillé par Marco Materazzi, qui le ceinturait fermement des deux bras, et lui tiraillait le maillot. Le ballon a été pris par Del Piero, et se trouvait déjà à ce moment au-delà du milieu de terrain. Les caméras live ont alors complètement déserté la scène où le litige a eu lieu. Mais pas les caméras off…
Tout au long de la rencontre, Marco Materazzi, qui était chargé desurveiller Zidane dans la surface de réparation, avait apparemment continuellement matraqué le capitaine français de paroles indélicates, voire même injurieuses, que le milieu de terrain français a longtemps fait mine de négliger.
Toutefois, après cette séquence, Zidane a signalé à Materazzi, en lui montrant la manche de son maillot: « Arrête de me tirer ! » Déclaration à laquelle Materazzi a répondu : « Tacci, enculo, hai solamente cio che merite..." (Tais toi enculé, tu n’as que ce que tu mérites...)
C'est à ce moment que Zidane s'est éloigné quelque peu du défenseur italien, qui aurait poursuivi, dans son dos: « Meritate tutti ciò, voi enculati di musulmani, sporchi terroristici" (vous méritez tous ça, vous les enculés de musulmans, sales terroristes)
C'est alors que Zidane, désabusé, fatigué, mentalement fragilisé, a porté son terrible coup de tête au torse du défenseur italien…
Nota bene : cette version est invérifiée pour l’heure. A suivre…
Zinedine Zidane: "Mais dans quelle galère me suis-je embarqué sur ce coup de tête ?!"
Commentaires
C'est intéressant, mais cela méritait-il votre attention ?
La mienne, en tout cas!
Eh beh, je cherchais une explication, si v'est vrai, ben c'est franchement decevant !
Merci d'avoir publié ça sur ton blog..sur le mien on cherchait le pourquoi du comment avec la vidéo choc du coup de boule ^^
Il me semble, Stéphane, que tout geste humain mérite notre intérêt. Si la version du Guardian est vraie, qui me semble tout à fait plausible, le geste de Zidane est à mes yeux aussi émouvant par sa fureur sincère que par sa liberté, et c'est la vilenie de l'Italien bien plus que son geste qu'il faut stigmatiser !
Si c'est vrai ( de mon côté j'ai entendu à la radio que ce serait une insulte faite à sa soeur ... ), je comprend que Zidane ait fini par sortir de ses gonds. C'est malheureux qu'il soit tombé dans le piège tendu par cet italien, mais c'est comprehensible, avec la fatigue, la tension, le stress de perdre le match et les insultes continuelles... C'est un homme comme les autres après tout, avec ces failles..
Zidane méritait le carton rouge mais Materazzi n'est pas un ange!!!
Selon les premières rumeurs qui courent, dont les sources viendraient des proches ou de spécialistes de la lecture sur les lèves le geste inexplicable de Zidane aurait pour origine des insultes de Materazzi portant sur sa famille et ses origines: celui-ci l'aurait traité de "sale terroriste musulman" et aurait dit de sa soeur qu elle est une pute. Si cela s'averait vrai, bravo à l'Italie qui s'était déjà illustrée par ses supporters lançant des cris de singes dès qu'un joueur de couleur touche la balle ou par le joueur Paolo di Canio faisant des saluts nazis pendant les matchs, sans parler du plus grand scnadale de corruption qui touche actuellement le Calcio.
Par ailleurs, Materazzi est lui-même loin d'être un enfant de coeur sur les stades, voyez plutôt cette vidéo des plus "beaux" gestes de Materazzi au lien suivant:
http://www.youtube.com/watch?v=rKGcUr0S-FU*
A la télé ce soir, le comédien Stéphane Freiss comparait Zidane à Delon et expliquait que pour vivre une vie un peu normale, pour vivre sa vie et non pas celle que ses dévôts lui imposent par leur amour cannibale, une idole devait fatalement se déboulonner elle-même.
Si la version du Guardian est la bonne, il n'est finalement pas certain que Zidane ait réussi cette ultime dé-piédestalisation. Je parie que la confirmation tombera dans 40 heures et que des promeneurs jureront l'avoir croisé sur la route d'Emmaüs.
CHUTE D'UN TITAN
Ordinairement je ne m'intéresse nullement au jeu de balle au pied (football pour les puristes).
Le match d'hier (Mondial du 9 juillet 2006) fut passionnant cependant. Des milliards d'humains regardaient dans la même direction : nos onze étoiles nationales projetées en orbite mythique devenaient quasi cosmiques. Parties pour la légende.
Ou la désintégration en plein vol.
Finalement la chute des héros français, rendue encore plus pathétique par les mines abattues et les pleurs rentrés, c'était encore plus beau que la gloire ! Jusqu'au dernier moment le suspens a fait frémir des milliards de gens. Magnifique spectacle planétaire ! La fin fut cruelle, tragique, poignante : nos demi-dieux sont tombés.
Voilà précisément ce qui a donné tout son éclat au match.
Sans cette chute vertigineuse, sans le coup de tête félon de Zidane, sans ces larmes finales mêlées à la sueur, quel intérêt aurait eu cette partie de jeux du cirque moderne avec Chirac trônant comme un empereur romain au-dessus de l'arène ? Il fallait que les onze astres s'éteignent avec fracas pour que le chaos soit beau.
Zidane sorti du terrain au dernier moment, quelle surprise ! L'apothéose, inattendue, théâtrale, terrible, fut à la hauteur de l'évènement. Les coeurs ont cogné, pleins de sanglots, les têtes ont tourné, pleines de rêves brisés... En un seul coup de ballon les onze sont passés du statut de héros à celui de perdants planétaires.
C'est ça qui était magnifique.
Raphaël Zacharie de Izarra
raphael.de-izarra@wanadoo.fr
Je ne suis guère plus fan de foot que vous, mais comme vous j'ai trouvé cette fin de match grandiose, et le plus grandiose fut ce geste de Zidane, nullement félon comme vous le qualifiez mais VRAI, le cri du coeur, la juste riposte au félon qui était évidemment l'insulteur italien, ce Ganelon berlusconien traquant le Zinedine francisé, Roland Furieux au Roncevaux teuton. Grandiose vous dis-je: le coup de boule d'Antigone dans les roustes de Créon ! La loi de mon coeur plus forte que celle de l'Etat filou et du Système sportif corrompu...
N'étant pas au fait de l'art foot-balistique, je ne peux que déplorer le geste de Zinedine Zidane. Je ne sais pas ce qui s'est passé réellement comme la plupart d'entre nous mais, ayant comme image de Zinedine Zidane le fair-play et la modestie qui le caractérise, je suppose que ce coup de tête faisait suite à une provocation réelle de l'Italien, des plus ignobles si elle se révèle raciste. Ceci dit, quant à la réaction de flo:
"Si cela s'averait vrai, bravo à l'Italie qui s'était déjà illustrée par ses supporters lançant des cris de singes dès qu'un joueur de couleur touche la balle ou par le joueur Paolo di Canio faisant des saluts nazis pendant les matchs, sans parler du plus grand scnadale de corruption qui touche actuellement le Calcio." , je lui implore de ne pas tomber dans le piège même qu'elle veut dénoncer, à savoir la xénophobie. Ne remettons pas en cause toute l'Italie pour quelques (trop nombreux au delà de 0, il est vrai) tifosi racistes. Sous Mussolini, il y a eu des résistants italiens qui ont couru beaucoup de risques pour lutter contre le fascisme. Et même si la Ligue du Nord existe, elle n'est pas dans le coeur de tous les Italiens.
De plus, sur le plan footbalistique, les Français ne font pas mieux avec, par exemple, les humiliants et inacceptables lancers de bananes à Georges Weah et à Basile Boli . Les ultranationaux font malheureusement partie de toutes les nations (http://sport.rfo.fr/article203.html et propos de la LICRA: http://www.licra.org/licrasport/index.php?section=presentation&id=6). Les ennemis ne sont pas les nations mais les nationalistes !
Quant à ce qui est de la corruption, les affaires d'argent sale existent aussi en France: l'appât du gain avec trop de zéros au bout est en cause ici, pas la nationalité de l'argent.
L'insulteur italien aurait-il intrigué pour faire sortir Zidane ? Cette éventualité est toujours possible chez les compatriotes de Machiavel, fins stratèges...
Prendre de la sorte l'adversaire avec les mots et non avec les mains afin de faire expulser du terrain à un moment critique du match dans le dessein d'affaiblir son équipe est la chose qui vient naturellement à l'esprit.
L'insulteur n'est pas fautif : il n'a touché Zidane qu'avec les mots. L'insulté a répondu avec les mains. Avec la tête plus précisément. Lui en revanche est fautif.
Si ainsi furent les choses, alors bien joué l'italien !)
Cher JLK, je veux bien vous suivre jusqu'à «VRAI», mais pas jusqu'à «grandiose». N'oublions pas que Zidane écopait là du quatorzième (14e!) carton rouge de sa carrière. En 1998 déjà, il avait été expulsé lors du Mondial. C'était contre l'Arabie Saoudite en phase de poules pour avoir piétiné un adversaire. Avait-il été victime d'une injure raciste? Elle n'émanait en tout cas pas d'un papiste décérébré, l'Arabie Saoudite en compte assez peu dans ses rangs…
«Antigone»? Non, Zidane n'est pas une victime, c'est un footbaleur très agressif, un tueur. Un tueur magnifique, gracieux, imprévisible, sublime sans doute, un «petit prince» de la tuerie, pour parler comme l'Equipe, mais un tueur quand même. Quand un tueur «vrai» croise un tueur félon, ça donne ce qu'on a vu: le félon gagne, et le tueur «vrai» devient un mythe.
Mais ça reste de la mythologie de tueurs.
Bah vous savez, Bertram, je le note avec un grain de sel et je vous trouve bien sérieux, mais vous avez raison: la logique du sport de masse pompe à fric fait de chacun de ces garçons un tueur virtuel, c'est l'évidence. Mais ici, ce que j'aime est que la Raison se prenne les pattes dans les embrouilles de la Passion et que l'Honneur intime s'oppose à l'Hubris national. Et c'est tout: tout ce foin m'indiffère au fond. Je suis allé dimanche soir en ville voir les gueules des tiffosi, et Dieu sait combien j'aime l'Italie: mais ce triomphe était d'une vulgarité qui m'a fait décamper prestissimo. On parle d'autre chose ?
Salut. J'ai vu dans les infos allemandes qu'un spécialiste (orthophoniste) brésilien avait analysé les lèvres de Materazzi pour savoir ce qu'il a dit à zizou. Materazzi aurait traité la soeur de zizou de p***. Or il faut tout de même savoir, que Materazzi, issu des Pouilles (Sud de l'Italie) parle un dialecte difficilement compréhensible. Exemple; la phrase "Allons-nous en" ("Andiamo" en italien) devient "Sham'n" . Rien à voir avec le dialecte toscan devenu langue officielle de l'Italie au XIXe siècle. Il faut donc faire attention à ce que l'on prétend. A mon avis, il faudrait revisionner tout le match, du début à la fin, pour analyser la lutte entre l'attaquant Zidane et Materazzi; les contacts physiques, les regards, les injures, etc... Le "coup de zizou" n'est pas le résultat d'une seule situation, mais ce coup résulte d'une accumululation de différents paramêtres, qui à dix minutes de la fin, ont envoyé Zizou à la retraite, démystifié.
Ecco ! Tout à fait possible que la version du Guardian soit de la pure intox. Comme je le disais: feuilleton à suivre. Zizou va-t-il casser le morceau ? En allemand peut-être, mais alors en prussien ou en dialecte bavarois ? Et comment dit-on enculé en verlan ? Graves questions du jour. Ciao Giovanni ciao ciao ciao...
Je vais voir. Merci pour l'enquête.
(sourire...)
J'étais dans un café, en Toscane, le soir de la finale. C'est étrange (mais pas tant que ça, "finalement" !)... les quelques français qui suivaient le match ont été davantage choqué que les Italiens par le geste de Zidane...
Zidane è grande ! ;-)
Zidane tueur ? Vous l'avez vu s'excuser sans regretter pour autant son acte, si calmement et avec tant d'évidente bonne foi ? Et qui jugerait celui qui défend la chair de sa chair, ignoblement insultée ? Le lâche qui lui a vomi ses insultes avant de feindre les grandes douleurs en se roulant par terre ne s'est pas excusé, lui. Voilà le tueur. Les mots sont parfois plus meurtriers qu'un coup de tête.
L'internet permet tellement de choses, ainsi que la technologie, mais en vain cette technologie raciste qui n'a pas pu aider le quatrième arbitre à découvrir la provocation que le geste d'un grand comme Zidane. Je tiens à vous dire que je suis pour le geste de Zidane et si j'étais à sa place, j'aurai dû fracasser le gueule de Materrazi. Allez Zizou, tout passe ne laisse que la trace, et quelle belle trace que tu as laissée pour ce stupide Materrazi
J'ai vu (le match et votre blog). J'ai gardé pour moi la forte impression de ce coup de tête. Je sais que j'en ferai une métaphore dans l'un de mes cours, au sujet des "pétages de plombs" qu'on nomme aussi levée de
l'inhibition du cerveau archaïque par le néo-cortex, à moins que ce soit au contraire un geste sublime et créatif, inédit dans une situation inédite (il faudra que j'y réfléchisse encore, mais j'en doute) et que j'en profiterai pour ramener mon cher René Girard, au sujet des boucs émissaires qui deviennent ensuite des héros...
Bah, franchement, je ne sais plus quoi penser. Pourtant cette histoire m'intéresse encore un peu, elle me rappelle le dialogue de Kafka où il est question de gagner et de perdre dans la réalité ou symboliquement: Zidane a-t-il gagné au plan symbolique mais perdu dans la réalité, ou l'inverse?
Oui, j'ai vu Zidane chez Denisot, et je n'arrive toujours pas à le voir en innocent outragé. L'anecdote serait donc, d'après les dernières informations, la suvante: 1. Materazzi tripote le maillot de Zidane. 2. Zidane le nargue («il m'a regardé de haut en bas»: il y a des regards plus insultants que les mots). 3. Materazzi «traite» la sœur de Zidane (il nie avoir pu faire allusion à sa mère, ayant perdu la sienne à l'âge de 14 ans: la mamma c'est sacré). 4. Coup de boule.
Alors? bravoure ou débilité? les deux en même temps? Le méchant vulgaire contre le gentil qui pète les plombs: une heure de colle pour chacun, pas de quoi réécrire l'Enéide.
Reste la sortie de Zidane, et là, je suis d'accord, elle est belle, tragiquement belle. Kafka encore: «Le 22 octobre, à cinq heures de la nuit: L'un des actes donquichottesques les plus importants, plus fâcheux que le combat avec les moulins à vent, est le suicide. Don Quichotte mort veut tuer Don Quichotte mort; mais pour tuer, il lui faut une place vivante, c'est elle qu'il cherche avec son épée, aussi inlassablement qu'en vain. Pris par cette occupation, les deux morts inextricablement enlacés et positivement bondissant de vie, culbutent à travers les âges.»
Sur le plan du symbole, Zidane a gagné. Il le sait, et c'est ce qui lui permet de faire amende honorable (auprès de tous les enfants et les éducateurs du monde!). Materazzi sait qu'il a perdu symboliquement et c'est pourquoi il doit camper sur sa position haineuse. Dans la réalité, je continue à penser que c'est match nul, dans tous les sens du terme. Mais ça, on l'oubliera vite.
Vous voyez ça, filles et garçons, Zidane vous fait relire René Girard et Kafka. Y a que ça de bon. Rien n'est perdu...
Commentaire de commentaires : c'est fou comme, même chez vous, une page consacrée au football, quand bien même s'agirait-il de Zidane, d'une finale de coupe du monde, etc., attire un nombre exponentiel de réactions. Comme quoi, les pieds de Zidane, bien qu'impropres à tenir une plume, n'en ont que plus d'attrait pour nous, pauvres mortels.
Thomas
Ce ne sont pas tant les pieds de Zidane qu'un geste humain vu par tous, et tiens, votre passage me renvoie à l'humus de l'habitus dont vous parlez, qui me renvoie au livre de Jacques Réda que je suis en train de lire. Cela s'appelle Ponts flottants et traite, précisément, de tout ce qui nourrit l'humus de l'habitus...
Le geste de Zidane a enrichi le vocabulaire italien. Désormais, un coup de boule bien assené se nomme "una zidanata", et le verbe en decoule naturellement: zidanare.
Du sens propre on passera vite au sens figuré: une émotion forte qui vous percute le caisson: una vera zidanata !