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J.M. Coetzee en immersion


 En lisant L’homme ralenti 
C’est un homme à vélo qui se fait renverser par une voiture à la première page et qu’on ampute dix pages plus loin. Il s’appelle Paul et tout de suite on est dans la peau de Paul. Paul Rayment. Le jeune médecin qui se penche sur lui l’appelle Paul comme s’il se souciait particulièrement de lui. Mais Paul le sent dans son nuage de vapes : que le jeune homme ne s’occupe que de son dossier, et du type de prothèse qui conviendra. Avant la page 25 on sait, à travers ce que rumine Paul lui-même, qu’il est plutôt du genre crépusculaire. On le sent se sentir chnoque désarçonné, sans savoir qui l’a fait sauter de selle et s’en préoccupant vaguement mais sans plus, comme il s préoccupe vaguement de savoir qui a décidé de l’amputer. Or tout s’organise autour de lui. Tout est prévu pour le faire re-marcher, et déjà l’infirmière accorte lui annonce comme une évidence qu’il lui faudra une « auxiliaire de vie ». Mais on sait également, déjà, que Paul vit seul, le même genre de nature crépusculaire en somme qu’Elizabeth Costello, protagoniste du roman précédent de J.M. Coetzee, dont le lecteur se rappelle très bien le grain de peau et le caractère.
On est donc embarqué dès la première page et ça ne se discute pas : « Tout ça – ce lit étrange, cette pièce nue, cette odeur d’antiseptique avec de vagues relents d’urine -, il est clair que ce n’est pas un rêve, c’est la réalité, tout ce qu’il y a de plus réel »
Et dans la peau de Paul signifie aussi: au pied du mur. Avec ce mot qui lui colle soudain à la conscience : frivole. Une occulte machine à écrire le lui a inscrit sous les yeux et dans la peau : frivole. Voilà ce qu’il a été jusque-là. N’ayant rien fait de mal de sa vie, mais rien de bien non plus. Avec le sentiment confus d’avoir laissé passer sa chance. Et voilà qu’un jeune con se pointe dans sa chambre pour lui dire cela justement: pas de chance. C’est le garçon qui l’a renversé, un certain Wayne, qui se garde bien de s’excuser, sachant évidemment que s’excuser reviendrait à reconnaître sa faute. Mais Paul n’a pas envie, pour sa part, de rassurer le jeune mec : Paul a envie de dormir...
On pense à La mort d’Ivan Illitch de Tolstoï en commençant de lire L’homme ralenti, ou au Ravelstein de Saul Bellow, j’entends : à ces livres du bilan existentiel d’une vie, et c’est bien là que nous conduit le dernier roman de J.M. Coetzee, qui va nous faire retrouver une certaine Elizabeth Costello…
J.M. Coetzee. L’homme ralenti. Seuil, 2006.

Commentaires

  • Je continue d'être très déçu par Coetzee. En fait, le précédent (Elizabeth Costello) m'avait tiré de la torpeur ; la forme, le jeu sur les genres, tout cela était audacieux. Mais SLOW MAN, non, vraiment, me paraît trop controuvé, appuyé, avec des métaphores lourdes...

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