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L’urgence de s’échapper

A propos de L'Argent, l'urgence, de Louise Desbrusses
On n’entre pas facilement dans ce livre aux segments de phrases secs et brefs, cisaillés de parenthèses figurant l’ in petto dédoublé de la narration en deuxième personne. Il vaut cependant la peine, malgré son aspect astringent, de suivre ce récit d’une femme engagée, à son corps plutôt défendant, mais pour l’argent et par urgence, dans une méga-boîte rappelant celle d’Amélie Nothomb dans Stupeur et tremblements, à la française. D’une tonalité plus froide et plus mordante, le récit module des observations assez limitées, et le regard sur les êtres y est peu généreux, voire réducteur quand il s’agit du sexe dit fort. Le premier homme que la protagoniste rencontre, dans le métro, ne peut que lui mettre la main à la cuisse, son compagnon est une limace (elle l’appelle maternellement « l’homme-à-élever », quoique disant l’aimer d’Amour majuscule…) et ses collègues se réduisent à des bouts de chemises ou de pantalons. Un seul trouvera grâce, qu’elle rencontre ailleurs et appelle l’Eclat noir, annonçant l’échappée finale. D’abord rebutant, ce premier roman à la forme frisant l’artifice, et parfois à la limite du maniérisme, révèle toutefois un regard et une voix en sourdine, elliptique et têtue, qui s’amplifie et finalement s’impose.
Louise Desbrusses. L’argent, l’urgence. Editions P.O.L., 170p

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