UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sollers à Salamanque


Du French kiss - à propos de l’intimité


Salamanque, ce dimanche 22 janvier, 11h. du matin. – J’ai retrouvé ce matin, dans les rues du vieux Salamanque, cette inimaginable brume, plus dense que le smog et plus fraîche à la fois, qui s'élève à mi-hauteur des murs et ne fait donc qu’envelopper la moitié inférieure des passants, semblant voguer comme les bustes d’un Magritte géant; et de loin en loin des chapeaux se lèvent, car le bourgeois de Salamanque est toujours poli, des sourires de femmes s’esquissent ou s’esquivent, et c’est comme un rêve éveillé dans lequel toute sensualité se dissout, sauf des mouvements de lèvres…
Or peu après, ayant rejoint le Café Real de la Plaza Mayor, où je me suis assis juste à côté de l’effigie de bronze de ce taureau à clope de Torrente Ballester, siégeant là à perpète (enfin ce que dure la perpète des cafés littéraires), j’ai relu les pages superbes que Sollers consacre au French kiss, en lequel il voit l’essentiel de l’érotisme parce qu’il est affaire de langues et donc d’intimités mêlées, outre qu’il s’exprime « en langue » comme dans la Bible, préludant à la connaissance des corps et donc des âmes (l’âme étant elle-même le corps du corps, comme chacun sait) au sens biblique. « Et ils se connurent », etc. » Donc le cul sans la langue n'est rien que froide pornographie à la puritaine: telle sera mon homélie espagnole de ce dimanche matin...
Il me plaît de lire cette page en Espagne post-franquiste, dont Javier Marias écrits cette semaine dans le Nouvel Obs’ qu’elle n’a pas fait encore son mea culpa, restant essentiellement hypocrite et frivole, selon lui, autant dire conforme à la dramaturgie romaine du catholicisme, savonarolesque en apparence et se foutant en réalité qu’on se foute par les glory holes des confessionaux. Moi qui reste plutôt un païen des hautes terres alpines dont le surmoi porte la robe noire des pasteurs luthéro-anglicans, j’apprécie ce décentrage qui est celui constant, aussi, du plus intéressant Sollers - l’essayiste polyphonique et transculturel, pour user du langage ridicule des temps qui courent. 
Un peu plus tard je relirai, à ce propos, ce qu’en écrivait Dominique de Roux un peu plus tôt, précisément en 1969, dans L’Ouverture de la chasse. J’ai longtemps pensé, et jusque récemment, que notre cher mousquetaire avait tout dit de son compère, et que celui-ci restait épinglé pour jamais comme un trop beau papillon, Mais non : Sollers a bougé sur la photo. Plus exactement : il tourne à présent sa vidéo quelque part ailleurs, peut-être à Séville tout à l’heure ?

Images ci-dessus: Torrente Ballester à Salamanque, et la Plaza Mayor.

Commentaires

  • La controverse (qu'on traverse) romano-sollersienne n'en est pas une (!) enfin oui les romans de Sollers n'en sont pas - j'ai réussi bien péniblement à trouver un peu plus de romanesque à celui-ci qu'aux autres -, c'est plutôt un genre hybride et assez déconcertant qu'il nous propose, auberges espagnole, (fatuité et donquichotisme compris) mais bon allez c'est dimanche, le passage sur le french kiss est superbe, surtout lu en effet au pays de Carmen et Don Juan, bonne continuation !

Les commentaires sont fermés.