C’est le soir, ce matin je lisais ce qu’écrit Max Dorra sur l’heureuse rencontre que constitue le Dieu de Spinoza, j’y ai pensé toute la journée, j’y ai pensé en nageant à midi 500 mètres en brasse coulée, j’y ai pensé en faisant pour celle que j'aime l’acquisition, avec le fric du prix littéraire que je viens de recevoir, d’un Bouddha de l’époque Song entièrement rongé par les termites à l’exception de l’impassible visage au sourire doux qui a traversé sept siècles avant de rayonner ce soir dans notre maison au bord du ciel, et j’y pense encore à l’instant en lisant le Manuel de contemplation en montagne d’Yves Leclair où je copie : « Tout le monde dort dans la paume d’un Dieu qui rêve », et je lis en moi : « Tout le monde rêve dans la paume d’un Dieu qui dort », et Dhôtel cité par Leclair : « L’univers vagabonde comme un enfant à travers ses abîmes. Mais il n’y a rien, absolument rien que le temps de Dieu, que chacun mesure à sa façon. »
Bouddha de l'époque Song (960-1127). Provient d'un temple, détruit, de la ville de Xiaken. Bois aux traces de polychromie.
(Note de juillet 2003)
Commentaires
Et moi je veux vivre dans la paume d'un dieu qui vit !
Je ne te le fais pas dire. Mais rêver et dormir n'est-ce pas vivre ? Ce qui est sûr, c'est que je pensais à ton texte sur la poésie paru la veille dans Le Monde en lisant Max Dorra et Yves Leclair. La poésie est partout pour qui vit et vit son dire...
Il n'y a rien en effet de plus vivant que le Dieu de Spinoza, grâce à qui les rêveurs ne peuvent jamais s'endormir tout à fait... JLK vous ne pouvez pas dire le contraire, à moins d'ignorer la vertu "réveilleuse" de vos coups de coeur!
" deux truites remontent le Rhin( ou le Rhone....)l'une s'adresse à l'autre et lui dit : pour sauver l'humanité il faudrait tuer l'Homme."
Quelqu'un pourrait il me renseigner et me dire qui est l'Auteur de ce pamphlet
Merci par avance
Que d'échos tous les jours, résonnent d'une conscience collective, qui transpire par chaque vie...
Tiens revoici Max Dorra que je dois découvrir!
Quand je me suis baignée dans Milosz et ai soif de le trouver!
Ce sourire du Bouddha, de la Joconde, de Reims ou d'un vieil éléphant mort... les mouettes et les dauphins rient biens de leur tour, de ces hommes qui ne comprennent plus rien et ne savent plus écouter la pluie et le vent...
Ils se fouttent pas mal de savoir si Dieu existe ou pas et s'il a un nom... Ils ne s'entretuent pas pour cette chimère... Et si nous portions chacun notre part de déité si lourde à assumer, que nous avons besoin de la mutualiser dans un Dieu fédérateur et rassurant...
Et si l'important était d'être là et de vivre éveillé dans le rêve ou le sommeil... Transparent à l'autre et à soi même... Juste là et veiller à desherber tout les jours son jardin pour ne pas se laisser deborder, envahir... Maudit soit parfois le prisme de notre inconscient, qui filtre tout ce qu'on perçoit, interprête, amplifie et transforme, nous interdisant l'accès direct aux informations de nos sens...
Lacher prise et laisser venir, loin de la peur de se perdre...
S'affranchir et dépasser cette liberté individuelle jalousement gardée, pour laisser fonctionner ensemble plusieurs cerveaux fertiles, réceptifs...
J'espère que les deux truites font fausse route, bien que j'ai déjà pensé cela et que je tremble qu'un savant fou lache un jour un virus mutant léthal et contagieux