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Plutôt rien

Le Weyergans "tant attendu"

A La Désirade, ce vendredi 30 septembre. - La France aime toujours la littérature, écrire un livre semble plus que jamais y signaler un « supplément d’âme », et même le personnage de l’écrivain qui n’écrit pas - l’écrivain « empêché », comme on dit,  y jouit d’une sorte de prestige, d’autant plus que toute Française ou tout Français se sent un peu dans ce cas, rêvant d’écrire un jour « son » roman et préparant, dans son bain, les réponses qu’elle ou il fera tantôt à Patrick Poivre d’Arvor ou à Guillaume Durand, après la parution de l’ouvrage rêvé chez Grasset.
Chez Grasset justement vient de paraître le dernier roman longtemps « empêché » de François Weyergans, le type de l’écrivain en difficulté, à propos duquel ses proches ont toujours un peu peur (il est si fragile, le pôvchéri), et que Madame Public, quand elle lira enfin ce roman « que tout le monde attendait », n’aura de cesse de prendre dans ses bras pour le consoler.
Dans Trois jours chez ma mère, François Weyergans explique comment François Weyergraf (son double romanesque, n’est-ce pas) n’arrive pas à écrire les divers romans (dont un qui parle de volcans) pour lesquels il a déjà reçu des à-valoir, et comment il est en train d’écrire Trois jours chez ma mère. Est-ce intéressant ? Pas moins que la voisine qui vous explique comment apprêter le homard à la nage ou le voisin qui vous confie, sous l’effet d’alcools divers, que sa femme accoutume de le branler dans les trains. Cela fait-il un livre ? Pas plus que la matière des chroniques de Bernard Frank en feraient des chroniques, sans le ton de Bernard Frank. Car François Weyergans a un ton. Et puis il a de l’humour, François Weyergans. Cela fait déjà deux bons points de plus qu’à Marc Levy, à cela près que celui-ci est mieux mal rasé que Weyergans et qu’il sait comme filer une intrigue combinant l’Amour, genre Love story, et le Drame, genre Urgences. Ainsi est-il douteux que Spielberg propose jamais à Weyergans de tirer un film de Trois jours chez ma mère. Celui-ci, en revanche, aura droit à une belle grande chronique de Jérôme Garcin, dans Le Nouvel Obs, où un élégant parallèle sera tiré entre ce livre « tellement attendu » et le fameux Paludes de Gide, vous savez, ce roman d’un auteur en train d’écrire Paludes
Je suis, pour ma part, en train d’écrire n’importe quoi du fait d’une putain d’insomnie. J’ai dû relancer le chauffage tout à l’heure sur la position Hiver. Mes femmes vont partir ce matin pour le Midi tandis que je resterai à la niche comme un bon chien avec mon compère Fellow. Je vais passer trois jours avec mon chien. Trois jours avec mon chien: voilà le titre d’un roman dont l’écriture me demandera bien trois jours aussi…

François Weyergans. Trois jours chez ma mère. Grasset, 263p.

Commentaires

  • Donc Levy two points - Look et Filage d'une hstoire
    Weyergans two points - Humour et ton.

    Voilà bien, en autres, pourquoi j'ai arrêté mon abonnement à l'Obs. Cette chronique de Frank qui m'attire et qui m'agace et cet article obligatoire sur le livre de Weyergans avec l’élégant parallèle…

    Quant à trois jours avec mon chien, je n’ai pas de doute sur le temps qu’il vous faudrait pour l’écrire, vu votre productivité ici, mais vous n’aurez peut-être pas l’article dans l’Obs et c’est pas sûr que je l’achète :-)

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