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Chocolats pour l'âme


Le virginal protagoniste du dernier roman de Christian Bobin chemine, très au-dessus des miasmes de notre bas monde, sur une arête de neige pure d'où il hume déjà l'odeur de sainteté des petits petons des chérubins. C'est un parfum à peine moins éthéré, baptisé Madone, qui lui a valu de tomber amoureux de Louise Amour dont la profession est d'être «nez ». Séduite par les livres tout empreints de mysticisme du jeune lettré, la Louise en question leur a emprunté diverses sentences aux fins publicitaires de lancer son produit. Ce trivial usage des sublimités du jeune homme (notre puceau touche à la trentaine, mais il constate qu'il avait oublié de vivre jusque-là) devrait le fâcher un max, tant il fuit la gadoue et ce qu'il appelle gentiment « l'Antarctique des gens normaux ».
Mais le seul nom de Louise Amour, puis sa rencontre dans la « ville barbare » de Paris, lui révélant cet irrésistible sourire qui « enveloppait son visage d'une chaste cornette de lumière », et leur relation ensuite, vont pas mal bousculer ses saintes habitudes jusqu'au jour, crac, où le cœur de Louise lâche et le laisse là tout veuf, sinon tout bœuf (il lui arrive de voir des saintes en les vaches ruminant au pré).
Frisant à tout moment le kitsch sulpicien, Christian Bobin nous offre ici ce que son personnage appelle « des chocolats pour l'âme ». A consommer modérément, histoire de savourer de fines touches de candeur bluette et d'assez  lumineuse écriture.
Christian Bobin. Louise Amour. Gallimard, 150 pp.

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