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  • Les mots "jamais" et "toujours"

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    On répète des mots d’amour
    sans savoir ce qu’ils disent.
    Les mots ne seront-ils toujours
    qu’idées imprécises ?
     
    On ne sait pas, et va savoir
    si ce n’est pas mieux comme ça ?
    On se parle, et parfois une voix
    résonne par hasard…
     
    On a lancé le mot hasard !
    On se retient de croire
    à la magie de tout cela ;
    on se refait la belle
    dans l’ombre essaimée de Babel…
     
    Amour, je ne sais que te dire
    plus qu’au présent passé,
    mais tu es là et tu respires
    « toujours » et « à jamais »…
     
     
    Image JLK: Lady L. à Paris, en 1982.

  • Dolce cantabile

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    Parfois je cessais de chanter,
    au point de l’inquiéter
    elle, toute fragile,
    que mon bel canto ravissait
    jusques aux airs débiles
    que pour elle j’improvisais,
    tout à coup me voyait
    triste devant la vérité...
     
    Le trou noir ne s’explique que
    par les calculs savants
    de savants restés ignorants
    en matière d’opéra;
    or c’était cet obscur
    abîme que j’avais au cœur
    qui me paralysait
    au dam de toute loi,
    sans qu’aucune autre explication
    ne nous fût accordée...
     
    Ceux qui ont mal sont seuls au monde ,
    et soudain la déprime
    s’est coulée avec la douleur
    en toi autant qu’en elle,
    au point de vous couper les ailes...
    Mais tu le sais de source sûre
    et pour elle si pure,
    cela seul adviendra:
    que le chant vous délivrera...
     
    Peinture: Matisse.

  • Au miroir de Shakespeare (20)

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    Une lecture des 37 pièces du Barde
     
    Les Comédies
     
    20. Peines d’amour perdues
     
    S’il n’est pas rare que des jeunes gens, aussi débordants d’idéal que de sève, se détournent soudain de la chair au nom du pur esprit et de la vertu chaste, assez exceptionnel en revanche paraît le serment signé, au début de cette brillante comedie du premier Shakespeare, par le non moins jeune et beau roi de Navarre et trois de ses fringants ministres, résolus à se consacrer pendant trois ans à l’étude sans se laisser distraire ou tenter jamais par ce démon lubrique ennemi de l’Esprit que représente la femme.
    Point de femme au palais pendant 36 mois, et la honte au contrevenant, l’opprobre voire les fers !
    Le hic, c’est qu’une visite de la fille du roi de France est inscrite sur l’agenda royal et qu’on ne peut couper à l’impure présence vu qu’il en va de tractations diplomatiques et financières de première importance. Que faire alors sinon cantonner la princesse et ses suivantes dans les communs jouxtant le palais, au vif déplaisir de ces dames. Mais le pire est encore à venir, puisque les quatre foudres de vertus tombent illico amoureux des beautés en question, qui vont alors retourner la situation à leur avantage avec autant de ruse que de débonnaire malice.
    Jouant sur une double intrigue, avec celle des assermentés bientôt parjures (évidemment !) et la romance du pédant moralisant qui s’entiche d’une petite fermière toute simple, la pièce combine plusieurs lignes de franche satire visant les faux savants et les précieux ridicules, les pseudo-poètes et les séducteur verbeux, mais aussi de plus pénétrantes observations, par delà les affrontements relevant de la guerre des sexes, sur les simulacres de l’amour et les sentiments plus sincères et vrais, dont les femmes sont ici les souriantes incarnations, à commencer par la malicieuse et non moins majestueuse fille du roi de France, maîtresse du jeu soudain frappée, en plein spectacle parodique, par l’annonce de la mort de son père , après laquelle la pièce devient plus grave, plus émouvante et finalement ouverte à une nouvelle approche de l’amour fondé sur un attachement sincère et durable .
    Saine moquerie de toute forme d’affectation, du donjuanisme creux et de tous les traits de langage signalant la prétention où la fausse vertu, éloge de la bonne vie et du bon naturel , tout cela cohabite dans cette comédie lègere mais pleine de joyeuse sagesse.
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  • Au miroir de Shakespeare (19)

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    Une lecture des 37 pièces du Barde
     
    Les Comédies
     
    19. Les deux gentilshommes de Vérone
     
    Que dit Shakespeare dans Les deux gentilshommes de Vérone ? Il montre que ce qu’on appelle l’amour n’est parfois (voire souvent) qu’un leurre, dont l’image illusoire peut nous faire dérailler.
    Ce miroir aux alouettes abuse particulièrement la jeunesse vivant sa première romance, comme on l’a vu dans Roméo et Juliette. Un enfant y verrait plus clair, autant qu’un vieux sage, mais ici – et c’est un régal de malice – c’est le page de Valentin , adorable ado roublard et cupide, qui se fait le commentateur hilare du délire de ses aînés. Moins romantique tu meurs !
    Or il est plus précisément question, dans cette comédie des débuts de Shakespeare (vers 1592-93) d’une amitié gâchée par la rivalité amoureuse, ou plus exactement par une image de l’amour exaltée par l’envie.
    L’intrigue est assez simple et tout se joue très vite. Valentin et Protée, deux amis qui ont tout partagé depuis leur enfance, aussi proches l’un de l’autre que deux frères, et pour ainsi dire unis “à la vie à la mort”, se trouvent soudain en conflit par ce qu’on appelle l’amour.
    Protée, du genre soupe au lait, est amoureux de Julia, et cela ne semble pas inquiéter Valentin au moment où il celui-ci quitte son compère à destination de la cour impériale de Milan où son père l’envoie pour en faire ce qu’on appelle un homme.
    Sans flatter l’amour de Protée, qui en conçoit un certain dépit, Valentin, non sans malice, nomme son ami expert en amour, chargé de lui donner des nouvelles à ce propos par le truchement des lettres qu’il lui écrira. Il sera d’ailleurs pas mal question de lettres dans cette pièce: bien avant l’époque des SMS, ce qu’on appelle l’amour passe en effet par l’épistole, à savoir les mots plus ou moins enflammé qui évoquent l’amour non sans en rajouter le plus souvent.
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    Or, des le départ de Valentin , la flamme de Protée, qui n’a plus de témoin à ses élans, semble vaciller. Sur quoi, son propre père l’envoyant à son tour à Milan, il accuse le coup, non sans jurer fidélité à Julia. Dès son arrivée auprès de son ami, tombé amoureux entre-temps de Silivia, la fille du Duc, le jeune inconstant s’éprend en un clin d’œil de la belle, oubliant Julia et se demandant comment se débarrasser de son meilleur ami, dont il devient illico le pire ennemi sans en montrer rien.
    La pièce illustre donc la crise par excellence de la rivalité mimétique, dont on comprend que René Girard en ait fait l’un des premiers exemples d’une thématique essentielle de Shakespeare, à savoir l’amour triangulaire.
    Ainsi, c’est par ce que Valentin lui dit de Silvia que la passion de Valentin s’enflamme, de même que l’amour de Julia s’exacerbe quand elle voit Protée soupirer sous la fenêtre de Silvia.
    Tout cela n’est pas systématique pour autant, et d’abord du coté des deux amoureuses, plus subtilement sensibles et loyales que leurs amoureux. Quant à Protée, sa faiblesse menace de le faire basculer dans la félonie violente, que l’auteur épargne au public vu qu’on se trouve, n’est-ce pas, dans une comédie où tout doit bien finir…

  • L'Événement à la Maison Bleue

     

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    Il y a le Marché de Noël. Logique de l’estomac : les foules accourent.
     
    Ou les chats de Philippe Geluck : sympa le gars, concept et gadget, les quais de Montreux (Suisse du sud-ouest) deviennent, en cette fin d’année, galerie passante à l’international - Japonais et retraités suisses alémaniques défilent. Et puis quoi ?
     
    Et puis il y a Autre Chose.
     
    Au point d’effusion du goût : il y a l’Exposition des Amis de la Désirade à la Maison Bleue.
     
    À savoir : le généreux partage d’une passion.
     
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    Partage de Beauté : plus de 120 tableaux de toutes dimensions. Quelques noms (re)connus : Joseph Czapski, Thierry Vernet, Valentine Hugo, Karl Landolt, Pieter Defesche, Jean Fournier, Neil Rands, Lélo Fiaux, Charles Clément, Jacques Berger, Robert Indermaur, Olivier Charles, Giovanni Bellini, Géa Augsbourg, etc.
    Diverses merveilles à découvrir : quelques statuettes africaines ou chinoises, la tête d’un Buddha Gupta, le stylo rose vestige de la rencontre d’une starlette au festival de Cannes, sept papillons cloués dans leur boîte par l'impitoyable et savant conjoint de Vera Nabokov, etc.
     
    Un hommage émouvant : trente toiles, paysages et autres découpages, de LK, alias Lady L. , décédée en décembre 2021.
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    Un défi défrisant : les 100 Cervin de JLK, qui font éclater en couleurs et formes, nuances tantôt lyriques et tantôt dramatiques, le parangon du cliché pour touristes et boîtes de chocolat.
     
     
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    Quelques curiosités: un os de baleine orné de motifs gracieux par la main d’un Inuit ; une fiche documentant la préparation du génial roman Feu pâle de Vladimir Nabokov, de sa main propre ; divers autographes d’écrivains majeurs, de Paul Eluard à Marcel Jouhandeu, Guido Ceronneti ou Patricia Highsmith; deux demi-canards de bois serre-livres aux noms de Kama et Sûtra, un dessin d’enfant convoité par le Musée de l'Art Brut, etc.
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    Une boîte à livres : plusieurs centaines d’ouvrages cédés à très bas prix.
     
    Autant de raisons de faire, fissa, pèlerinage à la Maison bleue de la Grand-Rue de Montreux, au 2e étage droite. Visite sur rendez-vous au 079 508 97 29. Chaque pèlerin (ou pèlerine) est reçu (e) individuellement et reçoit, avec le café, une boule de chocolat. L’exposition a été prolongée jusqu’à la fin de l’année 2022.
     
    Images: Karl Landolt, 1976. Joseph Czapski, 1973. Lucia K, JLK.
  • Lumière du présent

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    « Tu comprends à présent
    que la lumière venait de là»...
     
    (Jean-Pierre Lemaire, Les marges du jour)
     
    On ne marche pas sur les œufs:
    on y danse, les yeux
    fermés, le cœur à la romance
    et fredonnant des airs
    légers comme les jeux appris
    dans cette ancienne vie
    que restera toujours l’enfance...
    On ne marchera pas au pas:
    on dansera plutôt
    en bandes déliées
    au gré de flûtes enchantées,
    le long des avenues
    ou par les hauts où des oiseaux
    voltigent en nuées
    ou relancent les envolées
    de nos élans adolescents...
    On passe le temps à jouer:
    on parle quand on dort,
    on rappelle à souper nos morts
    là-bas, les yeux ouverts
    sur les quais des ports éphémères
    où le temps les a déposés
    sans effort apparent,
    ni mesurer jamais ses heures
    à jouer dans les vents
    aux douces senteurs éventées
    des roses du présent ...
     
    Peinture: Thierry Vernet.