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  • Petites vertus et grand talent

    9782749154282.jpgÀ propos du premier roman du jeune auteur Adrien Gygax, Aux noces de nos petites vertus, à découvrir très bientôt...
     
    Le roman d’Adrien Gygax, Aux noces de nos petites vertus, m’a immédiatement éberlué par son mélange d’ingénuité et de pénétration, de naïveté primesautière parfois, avec ses images et ses métaphores à la limite de la gourderie et qui sonnent pourtant juste - comme tout le livre quasi sans faille mais qui défrisera les puristes et les pédants –, sa formidable énergie et sa plasticité sans pareille dans sa façon d’évoquer les lieux (la Grèce, la Macédoine, puis Istanbul) et plus encore dans sa capacité de faire vivre des personnages, à commencer par ses deux fringants jeunes protagonistes se partageant la craquante Gaïa, enfin son humour un peu dingo et sa profondeur quant aux sentiments en matière d’amitié et d’amour.
    Surtout il y a là-dedans un ton unique, une originalité de vue tout à fait rare, quelque chose de l’ahurissement walsérien et une propension sentencieuse qui rappelle parfois les formules définitives du Voyage au bout de la nuit, mais dans une tonalité souvent burlesque et sans qu’il y ait probablement de filiation directe – en tout cas pour Walser.
    Le roman tient à la fois du « film » épique genre road-story, avec une narration déconstruite à la Fellini ou à la Kusturica, du conte (notamment pour le motif du double en rivalité érotique sublimant joyeusement le scabreux de la situation) et du tableau de mœurs d’une époque et d’une génération, à l’enseigne d’une liberté sexuelle nullement convenue et de dérives multiples aux limites de l’expérience sensuelle et de la curiosité métapsychique, good trip et chute d’anges compris...
    Ma première lecture à haute voix, sur la route de Valence à la Désirade où Lady L. zigzaguait entre les poids lourds intempestifs, a passé par de véritables pics d’intensité, et ma deuxième approche, stylo-scalpel en main, ne fait que confirmer cette impression initiale tout à fait saisissante.
    Bref ce sera, après le deuxième roman de Quentin Mouron, Notre-Dame-de-la-Merci, le livre d’un jeune écrivain de nos régions qui m’aura fait la plus forte impression depuis longtemps - et j’y ajouterai encore Les oies de l’île Rousseau de Xochitl Borel -, très au-dessus de la production, souvent talentueuse au demeurant, des auteurs romands de moins de 33 ans; enfin j’y reviendrai de manière plus détaillée à sa parution prochaine, au rang des premiers romans constituant, et c’est rarissime, une véritable découverte…
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  • Inferno

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    Vous qui entrez laissez toute espérance, écrit l’auteur de best-sellers italien qui n’en finit pas de cartonner, et c’est l’inscription qui figure à l’entrée de la disco Vade dentro Satanas où ça va chauffer ce soir avec le groupe des Wild Cats, donc le Chien tu restes là, je reviens ; hélas le Chien y a pas de boucle pour Papa - mais si Papa est souvent parti, le Chien, Papa est toujours revenu…

    Image: Philip Seelen.

  • Hors-la-loi

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    … Il paraît aller de soi que nous avons affaire ici à la fameuse courbe à figure de cloche dont chacun sait que la fonction est une exponentielle en opposé de l’abscisse, et même au fond de la classe vous vous rappelez que ladite fonction minimise le principe d’incertitude de Fourier, comme on peut le prouver par la formule sommatoire de Poisson, or le problème qu’il nous reste à résoudre ne semble pas soluble par la seule loi en question, eu égard au Destin dont ont ne saurait se gausser au moment où le type qui monte risque d’émarger au principe de Peter - parce qu'alors là ça la foutrait mal...

  • Ceux qui font comme si

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    Celui qui fait semblant de ne pas être indifférent à la distraction commune / Celle qui passe d'un corps à l'autre avec la même révérence inattendue dans ce pays à surmoi grave / Ceux qui ont l'air de n'y être pour rien alors qu'ils participent de toutes leurs molécules et autres capteurs vibratiles / Celui qui félicite les artificiers lacustres alors que les bouquets finaux lui foutent la gerbe / Celle qui dit franchement sur Twitter ce qu'elle pense du principe de non-résolution transcendantale et tout le toutim / Ceux qui font la pièce droite sur l'asymptote du repentir / Celui qui s'estime à la pointe de la réflexion post-moderne ainsi que le prouvent ses chaussures très pointues de cadre universitaire hyperactif lisant du Jaccottet à moments perdus et cultivant la réserve mentale / Celle qui émarge à l'individualisme bêlant / Ceux qui dans les vernissages citent volontiers tel ou tel mystique syriaque ou soufi pour concrétiser leur approche du minimalisme ambiant / Celui qui persifle sans se moquer ou inversement selon le degré d'humidité / Celle qui a le cœur sur la main et l'accroche-cœur en option / Ceux qui reviennent sans discontinuer à leur commentaire herméneutique du Sempiternel Retour dont l'intuition leur est venue en visitant la charmante Casa Nietzsche de Sils-Maria où ils sont revenus après leur bachelor et plus tard avec leur master en poche traitant de la récurrence différée du Même dans les fragments du Gai Savoir sans que jamais ils ne se lassent de la vue des lacs d'Engadine incessamment alimentés par les neiges elles aussi éternelles comme tout ce qui passe, etc.

    Image: Diane Arbus.