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  • Le justicier infiltré

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    En 1996, l’adaptation théâtrale de Tête de Turc, à Lausanne, par un groupe de jeunes comédiens, fut l’occasion, dix ans après sa phénoménale enquête, de faire parler Günter Wallraff de son action de justicier infiltré non moins qu’« indésirable ». Rencontre à Cologne.


    Au nom de Günter Wallraff est lié celui du Turc Ali Lèvent, avec les papiers duquel, dès 1982 et deux années et demie durant, le journaliste allemand vécut la condition des immigrés sous-loués pour des salaires de misère. Cette expérience est à l'origine d'un reportage à valeur humaine exceptionnelle, rappelant le voyage au bout de la nuit des bagnards russes accompli par Tchékhov à Sakhaline, et donnant au journalisme une portée sociale et politique immédiate.


    Dès la parution de Ganz unten en 1985, bientôt traduit en français sous le titre de Tête de Turc, le livre de Wallraff allait provoquer une formidable vague d'intérêt (trois millions d'exemplaires vendus en Allemagne, et vingt-cinq traductions), bientôt suivie d'une non moins féroce tempête de réactions à coups de procès.
    C'est qu'une fois de plus Günter Wallraff avait transformé le chasseur en gibier, portant le fer au cœur du système. Or le «journaliste indésirable» était loin d'en être à ses débuts dans ses jeux de rôle. D'abord ouvrier aux pièces et à la chaîne en 1965, enquêteur masqué sur les menées de la police politique dans les milieux étudiants contestataires des années 1967-68, puis sur la justice complaisante envers les anciens tortionnaires nazis, ou sur les cas de conscience posés au clergé par la vente d'armes au Vietnam, Walraff devint le coursier Gries pour décrire les pratiques du trust Gerling, affronta les colonels grecs en 1974 à l'occasion d'une spectaculaire mise en scène (laquelle lui valut la torture et une condamnation quatorze ans de prison, bientôt différée), se déguisa en haut gradé en 1976 pour confondre le général portugais Spinola en pleine préparation de putsch militaire (le conspirateur fut expulsé de Suisse assez précipitamment...), puis publia le témoignage du rédacteur Hans Esser qu'il avait incarné incognito à la Bïld Zeitung, dont il décrivit le fonctionnement dans un livre fracassant: quatre millions d'exemplaires vendus, à la fureur du magnat de la presse Axel Springer!

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    Souvent attaqué en justice par les puissantes entreprises qu'il mettait en cause, de Thyssen, McDonald's ou Melitta, Gunter Wallraff n'a jamais été brisé par ses adversaires. L'argent n'a pas, non plus, corrompu ce franc-tireur vivant, aujourd'hui, dans la petite maison d'artisan de ses aïeux facteurs de pianos, en plein quartier populaire de Cologne.
    La perspective de voir, en Suisse romande, Tête de Turc adapté à la scène par le metteur en scène Ahmed Belbachir et le dramaturge Armando Llamas, avec une trentaine de jeunes comédiens, le réjouit visiblement...


    - Quel est, dix ans après la parution de Tête de Turc, le bilan de votre action?


    - La situation s'est partiellement améliorée dans notre région, mais a empiré pour l'ensemble de l'Allemagne. En Westphalie du Nord, la condition des immigrés turcs est soumise aujourd'hui à un contrôle plus sévère qu'avant mon enquête. Des organes de surveillance ont été institués, et des procès ont sanctionné les plus graves abus. Cependant, une nouvelle catégorie d'exploités est apparue avec l'afflux des réfugiés de l'ancienne Europe de l'Est. Ce sont ainsi des Polonais, des Roumains ou des Albanais qui se trouvent pressurés. Plus de la moitié des chantiers allemands occupent uniquement des immigrés. Mon livre a du moins agi dans le sens d'une prise de conscience. Le concept d'esclavage moderne a bel et bien remplacé celui de l'hypocrite «travail au noir». D'un point de vue plus concret, j'ai consacré plus d'un million de marks, résultant des ventes de Tête de Turc, a promouvoir la Fondation Vivons ensemble, qui implique, sous le contrôle du maire de Duisbourg, une communauté d'Allemands et d'immigrés établie dans un complexe d'habitations ouvrières rénovées. Mais il ne s'agit là que d'une action ponctuelle...

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    - Heinrich Böll souhaitait l'apparition d'autres Wallraff. Avez-vous eu des émules?


    - Relativement peu, à vrai dire. Un confrère américain a infiltré le Parti républicain, de même qu'une jeune journaliste française, Anne Tristan, s'est inscrite au Front national pour le disséquer de l'intérieur, comme en témoigne son livre Au Front (Gallimard, 1987). En Hongrie, un ancien dissident s'est également inspiré de ma méthode avant la chute du communisme.


    - Quels rôles avez-vous endossés plus récemment?


    - Deux des derniers rôles importants que j'avais imaginés ont été désamorcés avant que je ne les joue. En 1989, je devais me mettre alternativement dans la peau d'un ouvrier blanc et d'un ouvrier noir en Afrique du Sud, pour dresser un constat comparatif. À la même époque, j'avais préparé une action en Roumanie où je devais incarner un émigré de retour dans un village peuplé d'Allemands. Il s'agissait d'observer les ravages de l'urbanisation ououtrance. Dans un cas comme dans l'autre, l'évolution de la situation politique m'a fait renoncer. L'année dernière, enfin, je me suis mêlé à une équipe de travailleurs iraniens clandestins au Japon. Cependant, nous n'avons pas tardé nous faire expulser...


    - Quels sont vos activités actuelles?


    - Je joue actuellement un rôle d'une manière intermittente, limitée par des problèmes de santé, mais je ne puis vous en dire plus. Par ailleurs, je me suis beaucoup démené pour agir auprès des autorités allemandes en faveur de Salman Rushdie. Etant donné les relations entre l'Allemagne et l'Iran, mon pays peut jouer un rôle clef dans le règlement du sort de l’écrivain. Celui-ci est devenu un ami personnel, que j'ai hébergé à plusieurs reprises. C'est à mon initiative aussi qu'il rencontré l’écrivain turc Aziz Nesin, après que celui-ci eut échappé à un massacre. Je crois être parvenu modifier l'attitude des politiciens allemands à l'égard de l'affaire Rushdie, et notamment de Klaus Kinkel. En outre, comme je bénéficie d'un crédit important dans la communauté turque, il me semblait de mon devoir d'agir en faveur de Salman.

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    - De laquelle de vos actions êtes-vous le plus fier, et laquelle fut la plus risquée?


    - Mon intervention dans la Grèce des colonels, en 1974, m'a apporté et coûté le plus. L'enjeu était considérable, et puis j'ai découvert, en prison, une solidarité impressionnante. J'y ai aussi risqué ma peau. Cela dit, je suis assez fier de mon infiltration dans la rédaction de Bild. Si ce journal est toujours aussi désastreux, il a cessé ses pratiques les plus crapuleuses. Les méthodes ont changé, et même le directeur a pu déclarer au Spiegel qu'il y avait, pour Bild, un avant et un après- Wallraff.

     


    - Quel est, finalement, votre motivation profonde?


    - D'abord le goût du jeu, qui n'est pas négligeable. J'ai toujours senti en moi quelque chose d'un personnage à la Till Eulenspiegel. Et puis mes actions sont liées, aussi, à une certaine quête d'identité personnelle. Enfin la lutte s'impose d'elle- même. Je ne sais pas très bien ce qu'est la justice. En revanche, je sais parfaitement ce qu'est l'injustice...


    Gunter Wallraff: Le journaliste indésirable, Ed. La Découverte; Tête de Turc, Livre de Poche; La Vérité comme une Arme, Ed. La Découverte.

  • Sauvé des ténèbres

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    Fin 1994 paraissait la traduction d’Un matin de Virginie de William Styron. Les résonances personnelles de la guerre, les relations entre Noirs et Blancs et la mort de la mère constituaient les thèmes de ce beau livre. Retour sur une rencontre mémorable à Paris. William Styron est décédé en 2006.


    Guéri de la terrible dépression dont il a détaillé les atteintes dans Face aux ténèbres (Gallimard, 1990), William Styron nous revient avec trois récits à caractère autobiographique dont les épisodes, tantôt poignants et tantôt cocasses, s'inscrivent sur fond de crise économique (rappelons que l'auteur est né en 1925) et de guerre.


    Relevant de la musique de chambre en regard des symphonies romanesques qui ont établi la célébrité mondiale de l'écrivain, telles La Proie des Flammes et Le Choix de Sophie (réunis dans la collection Biblos, Gallimard 1993), ce recueil en est d'autant plus attachant, avec des moments d'une intense poésie et un nouvel éclairage très personnel sur le jeune Styron.


    — Ces récits sont présentés comme autobiographiques. Cependant le protagoniste y apparaît sous un autre nom que le vôtre. Pourquoi cela?


    — Aucune de ces histoires n'est purement autobiographique. Disons qu'il s'y trouve un tiers d'événements réellement advenus et deux tiers inventés, qui ne sont pas moins «vrais» pour autant. S'il est exact que j'ai été dans les marines, je ne me suis jamais trouvé sur un bateau au large de la côte japonaise, et l'officier qui raconte son histoire detravesti russe est un symbole du «macho» guerrier. Ma mère est effectivementmorte à la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle a étudié la musique à Vienne et rencontré Gustav Mahler, mais les péripéties de cette matinée emblématique sont imaginaires. Quant au personnage du père, autodidacte cultivé, socialiste et antifasciste, il ressemble bel et bien au mien.


    — A-t-il eu la même réaction violente contre Dieu face aux souffrances de votre mère?


    — Non, cet épisode est inventé, bien que mon père fût un sceptique, comme je le suis moi aussi. Cela étant, je puis dire que j'ai éprouvé personnellement cette sorte de révolte à la manière de Job, contre un Dieu sans miséricorde, lorsque je me suis trouvé au fond de la dépression, dont la souffrance est particulièrement atroce.

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    — Avez-vous éprouvé le sentiment, à l'armée, d'être un zéro?


    — Sans doute, mais ce que j'ai tenté d'exprimer fait surtout référence à la machine de guerre, par rapport à laquelle les états d'âme des jeunes gens ne pèsent rien. L'approche du danger donne en effet une nouvelle profondeur à la vie, et l'on ne sent pas du tout, alors, un zéro...


    — Que pensez-vous des guerres actuelles? On a parlé récemment de «guerre propre»...


    — Même si toute guerre me semble mauvaise, je crois que la dernière guerre «propre» que les hommes aient livrée était la Seconde Guerre mondiale. Pour ma part, je n'ai eu aucune hésitation à propos de la justification de cette guerre contre le fascisme à l'état pur des Allemands et des Japonais. En Corée, j'ai eu plus demal à distinguer le bien du mal. Quant au Vietnam, c'est nous qui étions du côté du mal. Plus on va, d'ailleurs, on le voit dans les Balkans, et plus la ligne de démarcation entre bien et mal paraît difficile à discerner.


    — Que représente l'enfance à vos yeux?


    — Pour beaucoup de gens, c'est l'âge d'une sorte d'idyllique innocence qu'on ne peut retrouver, mais qui diffuse toujours une précieuse douceur. Nous savons pourtant que l'enfance n'est pas qu'innocence,et que les ombres du mal y rôdent aussi. Pour un écrivain, au demeurant, c'est un terreau d'une grand richesse.


    — Les relations assez fraternelles qu'entretiennent le vieux Noir et la famille blanche, dans Shadroch, sont-elles typiques des années de la grande dépression?

    — Il va de soi que je ne cherche pas à idéaliser les relations entre Blancs et Noirs. Mais je voulais montrer que, dans certaines circonstances, subsiste un certain sens humain fondamental et une forme de solidarité. Celle-ci se manifestait notamment entre gens plongés dans la même pauvreté, même si les Blancs miséreux sont souvent les plus racistes. Ce que je voulais aussi montrer, dans cette histoire, c'est que même après l'abolition de l'esclavage a subsisté une autre forme d'asservissement, jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs.


    — Que pensez-vous de la résurgence actuelle des fondamentalismes, tant au Etats-Unis que dans les pays islamistes?


    — Je pense que c'est un des phénomènes les plus dangereux qui se manifestent à l'heure actuelle. La démocratie, aux Etats-Unis, limite encore l'extension du mal, mais certains des leaders du fondamentalisme chrétien américain ont la même mentalité que les ayatollahs, et je suis sûr qu'ils seraient prêts à tuer s'ils en avaient le pouvoir. Il faut rester très vigilant, même si la défaite récente d'un Oliver North, entre autres signes, pondère notre inquiétude.


    — Pensez-vous, à propos de l'affaire Rushdie, qu'un écrivain puisse tout dire?


    — Je pense que l'écrivain a le droit d'écrire ce que bon lui semble. Evidemment, c'est le point de vue d'un écrivain travaillant en régime démocratique, mais philosophiquement, et par principe, je défends le droit de tout dire, jusqu'au blasphème.

     

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    — Qu'estimez-vous le thème essentiel de votre œuvre?


    — Tous mes romans expriment le conflit opposant notre besoin fondamental de liberté et de dignité aux puissances de l'oppression, quelles qu'elles soient. En exergue au Choix de Sophie, j'ai citéces mots du Lazare de Malraux qui résument en somme ce que je crois avoir accompli, sans projet préalable d'ailleurs: «Je cherche, écrit Malraux, la région cruciale de l'âme, où le mal absolu s'oppose à la fraternité.»


    — S'il vous était donné de vous réincarner sous quelque forme animale, laquelle choisiriez-vous?


    — J'aimerais renaître sous la forme d'un de ces grands oiseaux de mer qui me faisaient rêver lorsque j'étais jeune...


    La lancinante musique de vivre


    Une vie ne devient destin que dans une perspective globale où les joies et les souffrances de l'individu se lestent de sens valable pour chacun. Ainsi passe-t-on, en littérature, de l'anecdote datée et localisée au mythe durable à rayonnement universel.
    C'est dans cette optique que les trois récits en crescendo d'Un Matin en Virginie dépassent le banal souvenir de jeunesse pour toucher au symbole poétique de haute volée.
    Le drame de la guerre et l'humour de la vie se combinent dans Z comme Zéro, où le lieutenant de 20 ans Paul Amhurst, au large d'Okinawa, en 1945, se trouve partagé entre son orgueil belliqueux de marine drillé («c'est une guerre formidable», se répète-t-il selon la méthode Coué), et sa nostalgie du pays et des chères chamailleries de ses parents.
    Dans Shadrach, nous retrouvons le même personnage à 10 ans, dans son village natal du Sud profond, où il assiste au retour d'un vieux nègre décidé àse faire enterrer dans le jardin de ses anciens maîtres, au milieu des siens. Dans une lumière faulknérienne, ce récit évoque merveilleusement ce moment purifiant où les races et les âges se dissolvent dans une sorte de communion amicale.
    Enfin, ce sont les parfums épicés de l'adolescence, mais aussi le premier arrachement que William Styron condense dans Un Matin de Virginie, poignante remémoration de l'agonie de la mère dont les adieux en musique se fondent dans l'innocente et pittoresque rumeur d'une épicerie de province, tandis que, par-delà les océans, se prépare une autre tragédie...


    William Styron. Un Matin de Virginie, traduit de l'anglais par Maurice Rimbaud. Editions Gallimard, coll. Du Monde Entier, 167 p.


    (Cet entretien a paru dans le quotidien 24 Heures en date du 26 novembre 1994)

  • Ceux qui se protègent

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    Celui qui évite les ricanants / Celle qui ne participe pas à la jactance / Ceux qui restent poliment à distance / Celui qui ne répond point à la stupidité non plus qu’à la vulgarité / Celle qui a une ombrelle à postillons acides / Ceux qui restent asociaux dans les réseaux maillés / Celui qui évite de fâcher le lama stressé / Celle qui a toujours su distinguer les divines idées des idéologies verrouillées / Celui qui croit qu’assener une opinion relève de la pensée / Celle qui ne réfléchit pas mais réclame le droit de le clamer haut et fort /  Ceux qui font le tour du jardin sans en faire un plat / Celui qui préfère le monde aux immondes / Celle qui psalmodie au milieu des immondices / Ceux qui s’imaginent que les îles sont des refuges / Celui qui se réfugie sur un pylône genre grillon sur le paratonnerre / Celle qui invente de nouveaux noms aux couleurs / Ceux qui ont un bœuf sur la langue et nulle envie de l’avaler /  Celui dont on dit qu’il ne joue pas le jeu au motif qu’il refuse de participer à l’ordinaire saloperie des fins de sorties du bureau / Celle qui objecte que le bureau c’est le bureau hors duquel elle s’ennuie/ Ceux qui portent des vêtements si bruyants qu’on ne les entend pas radoter / Celui qui ne s’est jamais entendu avec les pyjamas jaunes que lui envoyait sa tante Amélie à Noël du temps de leur célibat / Celle qui se reproche d’avoir laissé son caraco bleu nuit dans la penderie aux vieilles blouses /  Ceux qui se disent en forme – pour la forme / Celui  qui se cache en s’exhibant / Celle qui traite Jean-Patrick de vieux beau pour se consoler de n’être plus vue des jeunes sots / Ceux qui portent des chapeaux pour rappeler qu’ils sont avant tout écrivains / Celui qui parle amoureusemenet du vieux pull dans lequel il a écrit l’autofiction intitulée Mon vieux pull / Celle qui ayant lu Mon vieux pull de Monsieur son fils lui propose de lui en offrir un neuf / Ceux qui n’ont pas lu Mon vieux pull  et Dieu les en protège, etc.

     

  • Ceux qui déjouent le complot

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    Celui qu’on taxe de complotiste pour faire court / Celle qui se sent perdue sur Facebook faute de se trouver un chef de meute / Ceux qui se défient de toute différence affirmée par d’autres qu’eux / Celui qui voit tout par C’est dans l’air mais pas plus haut /Celle qui connaît tous les potes de Ruquier et en parle comme des siens / Ceux qui ont des opinions en kit avec pièces de rechange à option / Celui qui se réalise dans l’optionnel / Celle qui a une mèche rebelle qui résume sa position/ Ceux qui se rangent dans l’opposition du missionnaire / Celui qui est clairement concerné par la nouvelle tendance ventre mou / Celle qui parle au nom des laitues réduites au silence par devoir de réserve / Ceux qui animent des ateliers d’abstention / Celui qui est d’extrême-centre à cause des courants d’air / Celle dont les premières années d’indépendance ont été « à chats » et qui a beaucoup consommé par la suite / Ceux dont la vie se résume à six vies de chiens plus un mainate et deux présidents de gauche /Celui qui a des vapeurs aux abords des usines mais Billancourt n’en a cure /Celle qui embaume les pommes / Ceux qui se mettent en peine de dénicher la mésange à queue de pie / Celui qui déjoue le complot de celle que la NSA lui avait envoyée comme fiancée à l’essai / Celle qui s’est mariée plusieurs fois avec le Révérend Moon pour un prix de gros / Ceux qui se disent de tous les sexes en sorte de détendre l’atmosphère du tea-room / Celui qui a repéré des CHARLIE qui ne le sont pas vraiment au sens où CHARLIE l’entend et ça c’est lui qui en décide sinon CHARLIE c'est quoi / Celle qui invoque le droit à l’ingérence humanitaire pour te forcer à te déclarer / Ceux qui estiment qu’il y a complot dès qu’on pense autrement qu’à la télé, etc.