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  • Ceux qui assument leur part animale

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    Celui qui progresse de branche en branche / Celle qui se sent personnellement regardée par l'axolotl / Ceux qui se verraient bien renaître en panda convivial / Celui qui capte le message de la reine des abeilles / Celle qui se sent proche de l'esprit du lamantin / Ceux qui échangent avec le poisson-lune / Celui qui a traqué l'Apollon dans les Monts des Géants avant l'extinction de sa race du fait de l'anéantissement de sa plante nourricière / Celle qui retire son béret en lisant l'inscription à l'encre dorée sur le parchemin: Le papillon Sans Souci / Salue l'Oiseau Zeitvorbei (en clair: l'Oiseau à côté duquel le temps passe sans le toucher) /  Celui qui sait dans le champ succulent des colonies de chenilles voraces / Celle qui compare la sauterelle à un épileptique à ressort / Ceux qui font hennir leur hippogryphe / Celui qui amorce son hivernage au sein de Dame Nature / Celle qui sait par sa mère  l'alphabet du chardon / Ceux qui recommandent au bonobo les bilobas de Bilbao / Celui qui envoie une caisse de figues au babouin gourmand / Celle qui prétend avoir une âme chrétienne de même que la tortue et le toucan réclamant le baptême / Ceux qui nagent dans l'eau de lune tandis que rampe le légionnaire mal rasé / Celui qui se la joue Bombyx de la ronce en posture d'anneau du diable  / Celle qui fait toujours un effet boeuf à la réu des poules bouillies / Ceux qui allument la salamandre asturienne / Celui qui milite contre la cuisson à froid des poulets de l'espace / Celle qui rêve de s'installer dans le sous-sol de l'aquarium chauffé selon les normes / Ceux qui bourdonnent autour du cognassier tels des hannetons épargnés par le DDT / Celui qui se rappelle à la vue de Philippe Sollers (l'écrivain) à la télé que la paon est l'oiseau symbolique de mai / Celle qui a toujours évité d'irriter le vison et d'inquiéter le  bison / Ceux qui surveillent les essaims en espérant la mise en examen de la présidente du FMI qu'ils estiment une butineuse ingérable / Celui qui sait que l'épaule gauche du mouton est plus tendre au motif qu'elle travaille moins / Celle qui promène son homard que son psy consulte sur la profondeur des gouffres à l'aplomb du Cap Nerval / Ceux qui se rappellent le proverbe bantou conseillant de ne point atteler la charrue à la poétesse languide, etc.     

  • Ceux qui reluquent

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    Celui qui se prend dans l'oeil un jet de salive possiblement contaminée vu qu'il mate le site grave de Webcamworld.com / Celle qui veut absolument savoir dans quelle tenue Arielle Dombasle se met au lit le vendredi soir / Ceux qui matent faute de pouvoir mater le matou / Celui qui constate que l'indiscrétion mondialisée coïncide avec l'indifférence globalisée / Celle qui va aux rensigements sur Facebook en sorte de nourrir ses rêveries de fin d'après-midi / Ceux qui se flagellent après chaque séance de voyeurisme et ça maman c'est le plan géant / Celui qui estime que l'exhibitionnisme n'est pas un humanisme au sens existentialiste forgé à l'époque des caveaux de Saint Germain-des-Prés où des femmes nues dansaient sur les tables en tout cas c'est ce qu'on dit / Celle qui se prénomme Margot et n'a pas de chat ni de corsage ni de gougoutte mais un compte au Crédit lyonnais qu'elle alimente avec son salon de Grenoble à l'hygiène garantie / Ceux qui sont gais par nature et trouvent naturellement contre nature les gays qui font la gueule / Celui qui pense que l'amour dit romantique est contre nature au contraire des caresses de certains chimpanzés pratiquant la relation de tendresse genre vieux amants / Celle qui s'est demandé que faire lorsque son fils Rachid est venu au monde avec deux zobs alors que le père présumé avait rejoint les brigades du Jihad / Ceux qui veulent la peau du père Anselme au motif qu'il confesse les vierges à vue / Celui qui classe la curiosité au rang des péchés majeurs méritant un max de pénitence genre fouet à neuf queues / Celle qui montre tout à ses hommes mais pas en même temps / Ceux qui se font masser à l'oeil / Celui qui prétend que Dieu voit tout ce qui explique les tsunamis et autres séquelles de Sa Colère / Celle qui dénonce sa cousine effrontée à l'imam absolument opposé à la révélation publique des lèvres inférieures féminines / Ceux qui obligent leurs épouses à se baigner en anoracks avec passe-montagne et piolet contre les voyeurs obsédés / Celui qui fouette sa femme lui demandant d'allumer une bougie pendant l'Acte et gare si leur premier fils est une fille / Ceux qui ont vu le Surmoi calviniste pénétrer dans la boîte par la porte de derrière et faire ça comme je vous dis pas / Celui que scandalise le comportement inapproprié des amants sur la plage déserte qu'il observe à la longue-vue / Celle qui se fait empaler dans la boîte libertine en s'attendant à ce que ça jase demain mais faut assumer n'est-ce pas / Ceux qui se rincent l'oeil à l'eau de source en rappelant la Parole selon laquelle tout est pur à ceux qui sont purs, etc.  

  • Le mec super sympa, quoi...

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    À propos de Polémiques

    de Benoît Duteurtre

     On rit pas mal à la lecture des Polémiques de Benoît Duteurtre, dont la vivacité critique, féroce et joyeuse à la fois, procède d'un jugement en somme aussi sain que sérieux. Les uns le trouveront trop à droite, et les autres trop à gauche, alors qu'il est essentiellement benoît, c'est à savoir plutôt doux et bon, mais bon comme le scout et refusant donc d'être poire. Très Français,  comme nous autres francophones (éventuellement francophiles) nous les aimons, il  échappe en tout cas à un  travers également très français qui est de ne connaître en logique et dans le choix des couleurs que le noir et le blanc, la gauche et la droite exclusives, le Bien et le Mal, la Réaction et le Progrès, sans nuances et détails intermédiaires, bref l'esprit tout binaire et cartésien dans le sens le plus étroit. En outre, à l'ère des spécialistes en presque rien, il est généraliste en un peu tout et surtout: en écrivain.

    De fait, qu'il s'en prenne à la terreur "sympa" des vélos zigzaguant sur les trottoirs avec l'arrogance des purs, à l'invasion des "soirées foot" sur les chaînes de radio aux mêmes heures, à la marche triomphale des nouvelles poussettes à fronts de béliers ou de tanks dans les établissements ou les transports  publics, à la sanctification de l'Enfant-Roi ou de la Mère sacrificielle, à l'optimisme obligatoire ou à la convivialité forcée, à tous les nouveaux lieux communs du politiquement correct ou du moralement inapproprié, à la diplomatie du bien ou à la culture du zapping, au dénigrement masochiste de la France par les Français, au culte si confortable de l'art-qui-dérange ou de l'artiste officiel "rebelle", Benoît Duteurtre oppose, en écrivain à substantifique moelle,  un esprit critique fondé sur le bon sens (valeur absolument suspecte aux yeux d'une certaine intelligentsia), un goût de la contradiction à double tranchant qui se défie de tout ce qui semble aujourd'hui le plus convenu - du mariage pour tous au rejet sans débat du nucléaire -, avec des positions personnelles qui se distinguent des "postures" affichées par tant d'intellectuels de gauche ou de droite, caractérisées par l'insoumission à l'empire américain, le réalisme en politique, la défense de l'idée européenne de nation non assimilable à un chauvinisme, l'amour de la musique et de la peinture de Claude Monet, le rejet de tout terrorisme intellectuel ou spirituel et la redécouverte de notre passé non assimilable à un passéisme.

    Ce que, pour ma part, j'apprécie particulièrement chez Benoît Duteurtre, c'est un certain ton enjoué qui ne cède jamais à la condescendance hargneuse ou méprisante de certains contempteurs de l'époque, sans omnitolérance pour autant; et puis il écrit clair et vif, ce qui ne gâche rien. Bref, en nettement  moins teigneux, et moins radical aussi, qu'un Philippe Muray, non loin par l'esprit d'un Michel Houellebecq, c'est un chroniqueur de bonne compagnie que l'auteur de Polémiques, qui pense en romancier autant qu'en journaliste curieux de tout et en bon vivant cultivé, gentiment hédoniste et joliment libre d'esprit. Avec un grain de sel disons: le mec super sympa, quoi...

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  • Humour de saison

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    Notes de l'isba (36)          

     

    Retour à Chaval. - Il fait gris, il neige en mai, on caille, bref c'est le bonheur: ainsi parlerait Chaval. D'ailleurs la façon suppliante de notre fox Snoopy de nous réclamer une première miette matinale nous y pousse après vingt jours de séparation : il faut revenir au chien, donc à Chaval. Ensuite on pourra revenir à Chardonne, pour le style, ou à Scott Fitzgerald pour les moires de bonheur et pour Gatsby dont on parle beaucoup ces jours à cause du nouveau film et de Leonardo di Caprio qui y fait paraît-il merveille, mais c'est à voir encore: on jugera sur pièce.         

    Désespoir de façade. - Jacques Chardonne, qui emprunta son nom de plume à un village vigneron de nos environs, fut le styliste par excellence, évitant l'adjectif et toute fioriture ou pittoresque, toute boursouflure romantique surtout, pour mieux filer l'ellipse et la formule. Ainsi: "Les hommes ne sont pas désespérés. Ils jouent au désespoir". Valable pour beaucoup de nantis repus. Et Vialatte d'ajouter: "Parce que c'est excitant".

    Chaval était, pour sa part, un authentique désespéré, comme souvent les vrais humoristes, et d'autant plus drôle alors qu'il a payé de conséquence. S'est-il pendu ou tiré une balle ? Je ne me le rappelle pas, mais ce qui compte est le paraphe. Ah oui je me le rappelle pourtant: Chaval s'est suicidé au gaz dans sa cuisine quatre mois avant Mai 68, non sans avoir averti l'éventuel visiteur par ce billet punaisé à sa porte: Attention, danger d'explosion.  

    Et Dieu là-dedans... -   Chaval a su montrer le Chien se retenant d'uriner devant un palais présidentiel. Or notre fox Snoopy atteint l'âge d'un an où l'on peut commencer de s'inspirer de bons exemples en matière de civisme, avant d'accéder à la ferveur religieuse que manifeste parfois l'autruche, parfois contrariée aussi comme le montre Chaval dans son Prêtre refusant la communion (Dieu sait pourquoi) à une autruche sincèrement catholique.

    À ce même propos, Chaval montre un Envoyé de Dieu renvoyé à l'expéditeur, avec la caisse ad hoc conçue à cet effet. On voit par là combien il lisait dans l'avenir, tant les envoyés en question se multiplient de nos jours. C'est en tout cas ce que remarque Benoît Duteurtre dans ses récentes Polémiques, où il fait le compte de ses camarades de lycée ou d'université naguère indifférents ou sceptiques, en matière religieuse, et soudain se découvrant envoyés du Seigneur monothéiste à triple visage. Et cet autre humoriste, plus débonnaire à vrai dire que Chaval mais non moins sérieux, de se demander tranquillement, en voltairien peu porté à l'anathème à l'envers, ce que tout cela peut bien signifier.

    Ce qui est sûr est que l'autruche sincèrement catholique d'aujourd'hui, loin d'être snobée par le prêtre, est en passe d'en être bénie avec d'autres espèces, comme certains de nos pasteurs bénissent les animaux de compagnie et autres hamsters. Et c'est ainsi, conclurait Alexandre Vialatte, qu'Allah est grand...    

     

    Alexandre Vialatte, Critique littéraire. Arléa. 

    Benoît Duteurtre, Polémiques. Fayard. 

    Image: Chaval, Pharmaciens fuyant devant l'orage.

     

  • Ceux qui se prennent au sérieux

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    Celui qui pète plus haut que son Q.I. / Celle qui vous rapelle à tout moment qu'elle a le Coeur à Gauche / Ceux qui brandissent l'Enfant comme un argument-massue / Celui qui taxe d'homophobie tous ceux qui ne pensent pas comme lui / Celle qui pose à la rebelle en critiquant Poison de Dior pour son excès de fragrance luxe faisant insulte aux pays pauvres  / Ceux qui prennent un air concerné quand ils évoquent "les banlieues" / Celui qui croit mieux comprendre la France d'en bas depuis qu'il a lu L'Entretien de Pierre Bourdieu où celui-ci explique comment parler à l'Ouvrier / Celle qui affirme que c'est un devoir de mémoire de voir le dernier film de Claude Lanzmann et d'en parler ensuite avec le "groupe" / Ceux qui taxent de communautaristes les chrétiens du Moyen-Orient qui se plaignent de persécutions / Celui qui ne plaisante pas avec "le sacré" / Celle qui prône l'écriture plurielle à ses "apprenants" déjà branchés Twitter et Meetic / Ceux qui t'expliquent que les détenus ont tout à apprendre aux écrivains bourges qui ont jamais buté ou suriné / Celui qui avoue à François Busnel que chaque nouveau livre lui est une souffrance malgré le crescendo de ses à-valoir / Celle qui te dit que ce que tu écris lui est in-sup-por-table au point que cela remet en question vos relations privilégiées sur Facebook à moins que tu ne fasses ton autocritique / Ceux qui estiment que la Mère est l'Avenir de la femme même simple porteuse / Celui qui a suspendu l'icône de l'éprouvete paternelle au-dessus de son lit / Celle qui prône l'adoption par Internet / Ceux qui exigent une justice d'exception pour confirmer la règle / Celui qui milite pour l'homologation de toute différence / Celle qui étudie le langage symbolique transgenre des gastéropodes de Champagne pouilleuse / Ceux qui luttent contre toute forme d'élitisme sauf en matière de performances sportives formatrices au niveau de la jeunesse nécessiteuse et de la solidarité publicitaire / Celui qui regarde les enfants de sa soeur de manière telle que leur cousine psychologue-conseil en soulève la question à la réu mensuelle de la famille recomposée / Celle qui constate que les albums de Bécassine pèchent au niveau de la prise de conscience citoyenne / Ceux qui voient en les rêves de Little Nemo une incitation aux fantasmes pédophiliques / Celui qui fait fouetter la mer dont les caresses lui semblent inappropriées eu égard à l'innocence des impubères même vêtus de caleçons de laine à mailles serrées / Celle qui pense avec M.Pickwick qu'il faut remettre l'alcool au service du Bien / Ceux dont l'éthique sent le vieil Armagnac, etc.    

    Peinture: Francis Bacon

  • Le retour de Kilgore

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    Un nouveau roman-culte. Le Buzz de Mai 2013 ! Dans la lignée du grand Harry Quebert ! Après Yes we can !: I come !

    Les chroniqueurs se ruent, les columnistes se précipitent, les émules médiatiques de Beigbeder et de Ruquier foncent comme des drones sur les supergondoles : le dernier Kilgore Trout est arrivé, qu’on se le dise ! Avant même que l’éditeur n’en verse le premier à-valoir on le savait : le nouveau roman post-new-clash de Kilgore Trout, digne pair de Thomas Pynchon, en mieux, sobrememt intitulé I come et représentant, sous forme de contrainte littéraire paraflegmatique et futurible, la rétrospection du Quichotte et d’Under the Volcano en version compactée, sera le Top des Tops à venir, relançant soudain la fascination d’une génération perdue et demie pour l’un des maîtres du mouvement de l’Enigmatique Existentielle incarné par les Salinger, Ducharme et autres Harry Quebert ! Comme se le rappellent les experts absolus du genre, tels Aube Lancemin du Nouvel Obs’ et Germinal Lemeur des Inrocks, Kilgore Trout, compagnon de Kurt Vonnegut au Vietnam (Our Bloody ‘Nam fut un hit du warrior-gonzo, chacun s’en souvient), a complètement renouvelé l’approche dite du Trou noir existentiel en instaurant sa pratique créative de la narration aléatoire à points de vue séquencés. Il n’est que de rappeler les succès californiens puis mondiaux de Fuck the Buck, paru en pulp à L.A. et encore proche du réalisme poétique d’un Charles Bukowski, et surtout l’apothéose de Back to the Mother’s Spidernest, dont Jim Harrison a pu dire qu’il marquait la conjonction de l’esprit des Grands Lacs et du souffle des Cités de la Nuit, pour imaginer l’événement multimondial que va représenter la parution simultanée, en 66 langues, d’ I Come, dont le seul titre fait d’ores et déjà figure de manifeste.

    Portrait de Kilgore Trout, par R. LoBello.