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Le verbe de Bouvier magnifié

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Tonique et inventive, l’adaptation de L’Usage du monde à La passerelle, par Dorian Rossel, fait merveille.

Malgré la rumeur enthousiaste qui s’est répandue dès le lendemain de la première de ce spectacle, c’est avec une pointe de réserve sceptique que je suis allé y assister en fin de semaine passée. Ma double crainte, liée à l’utilisation théâtrale « opportuniste » d’un texte littéraire adulé, ou à une  illustration scénique redondante, a cependant volé en éclats dès les premières séquences, balkaniques, de cette réalisation évitant immédiatement l’illustration folklorique flatteuse qu’aurait pu être la citation de chants ou de musiques tsiganes.

Le lecteur de L’Usage du monde sait l’importance de la musique de chaque région traversée dans le grappillage de Nicolas Bouvier et de son compère peintre Thierry Vernet. Or, le choix délibéré de Dorian Rossel, en phase avec ses camarades comédiens (Rodolphe Dekowski, Karim Kadjar et Delphone Lanza) et musiciens (Anne Gillot et Jérôme Ogier), d’éviter l’allusion musicale directe, autant que les clichés «ethnos» pour la partie visuelle, est l’une des composantes fortes de cette réalisation éminemment musicale au demeurant.

Pour qui ne connaît pas L’Usage du monde, le premier mérite du découpage scénique du récit est de faire sonner son verbe formidablement expressif et suggestif, sensuel et faisant appel à tous les sens.

Dans une scénographie ingénieuse et efficace (Sibylle Kössler) jouant sur un système de plateaux de tables qui deviennent dunes ou fossés, routes ou rochers selon les lieux, avec un beau travail aussi sur la lumière (Claude Burgdorfer), les acteurs se partagent et vivent le récit comme une partition éclatée mais intelligible, qui restitue parfaitement les intensités alternées du récit dans le temps et dans l’espace, évoquant aussi un montage de cinéma.

Routes et déroutes, découvertes et rencontres, fatigues et tribulations composent ainsi une sorte de rhapsodie ponctuée de moments hautement poétiques et  qui aboutit, le temps d’une panne au milieu de nulle part, à un concert saisissant...

Théâtre de Vidy, La Passerelle, jusqu’au 16 décembre. En principe complet, avec liste d’attente. Reprise du 8 au 13 mars 2011 à la Salle Apothéloz.  

Commentaires

  • Puisque les commentaires sont fermés sur le billet du dessous, je voudrais vous dire une nouvelle fois, bravo les Suisses, vous êtes un peuple courageux et quoique puissent dire les faux-culs du politiquement correct, vous êtes un exemple pour les autres peuples européens, "ceux qui" n'acceptent pas de voir se diluer leur civilisation dans la bouillie multiculturelle et islamisée que les élites veulent nous imposer sans jamais nous demander notre avis.

    Je me réjouis de voir qu'un peu partout l'Europe se réveille et ouvre les yeux devant ces périls qui nous tuent à petit feu, la Hollande, l'Autriche, l'Allemagne, les pays scandinaves, et même la Grande-Bretagne qui commence à réaliser où sa légendaire "tolérance" est en train de la mener, avec des écoles coraniques sur son territoire qui expliquent à leurs élèves la meilleure façon de couper la main ou le pied des voleurs.

    Alors les bien-pensants pourront vous dire avec leur air supérieur et méprisant "c'est du populisme", eh bien oui, le peuple s'exprime et réagit contre sa disparition programmée. Vous les Suisses avez une chance que les autres n'ont pas, on vous demande votre avis, eh bien donnez-le, et je suis sûr que ça fera tache d'huile !

    Bien à vous monsieur Kuffer et félicitations pour votre blog.

  • Hélas, Monsieur D. je ne suis pas d'accord avec vous. Même si j'accepte tout à fait le verdict des urnes absolument démocratiques, contrairement à ce que d'aucuns prétendent en Europe, je ne me réjouis pas de la réaction sécuritaire de mes compatriotes, attisée par des démagogues. J'ai des raisons très personnelles de ne pas aimer les délinquants étrangers et de souhaiter le renvoi des plus nocifs, mais cette votation n'aidera ni la prévention ni l'intégration, et le tableau que vous faites d'une Europe islamisée est tout à fait exagéré pour ce qui concerne notre pays, dont les communautés musulmanes n'aspirent qu'à la coexistence. Surtout, attiser la haine de l'étranger est contraire à une longue tradition multiculturelle, qui a fait de notre pays un laboratoire européen marqué par de longues guerres et un long apprentissage de la négociation. Rien à voir avec l'omnitolérance, mais une culture de la liberté partagée qui est vécue dans la chair autant que dans les esprits. Ceci dit, je comprends les craintes de beaucoup, exacerbées par l'incurie de la gauche et des belles âmes. Pourtant je crains moi aussi le populisme tripal et, plus encore, les manipulations démagogiques d'un parti jouant sur une propagande raciste que je trouve hideuse...

  • Merci pour votre réponse mesurée et argumentée. Il est vrai que je parle en tant que Français et Européen, peut-être aurais-je un avis différent si j'étais Suisse. Si on se place d'un point de vue d'Européen de l'ouest, les conséquences d'une immigration massive majoritairement d'origine musulmane ne sont nullement un "fantasme attisé par des démagogues", comme on peut hélas le constater tous les jours. On a beaucoup entendu ce genre de discours lénifiant pendant trop longtemps, associé à des accusations culpabilisantes de "racisme" ou de "xénophobie", et pourtant les tensions n'ont pas cessé de s'accroître, bien au contraire, et comme je le disais, l'un après l'autre les pays européens confrontés à ce problème connaissent ce même phénomène qu'on réduit un peu vite par l'appellation condescendante de "populisme"

    De plus en plus de gens réalisent maintenant que les valeurs véhiculées par l'islam sont incompatibles avec celles de la civilisation et de la tradition européennes, ne serait-ce que sur le statut des femmes ou la liberté religieuse. Même la gauche droidlhommiste qui a été si longtemps aveugle ouvre les yeux, comme on peut le voir en France avec des mouvements comme Riposte Laïque.

    Alors vous me direz que la Suisse est peut-être relativement préservée pour le moment par rapport à ce qui se passe chez votre voisin français, que le tableau est exagéré, mais je comprends parfaitement que vos compatriotes veuillent anticiper, il ne faut pas attendre qu'il soit trop tard et qu'on soit submergé pour réagir, mieux vaut prévenir que guérir.

    Que vous le vouliez ou pas, il y a une interaction entre votre pays et le reste de l'Europe : les Suisses réagissent comme ça parce qu'ils ne veulent pas que ce qui se passe ailleurs arrive chez eux, et inversement les Européens ont les yeux fixés sur la Suisse, qui devient un exemple et un modèle pour tous ceux qui résistent à l'islamisation de notre continent commun. Vous êtes embarqués dans le mouvement de l'Histoire, un jour on dira que la nouvelle Reconquista a commencé chez vous, et rétrospectivement vous pourrez en être fier, même si aujourd'hui ça vous donne des boutons. Oskar Freysinger est en passe d'être le Suisse le plus connu, de même que Geert Wilders est le Hollandais le plus connu.

    Pour finir, voici un lien qui illustre l'image très positive que votre pays donne à une grande partie du reste de l'Europe, il n'y a pas que des bien-pensants hypocrites comme le journaliste Claude Askolovitch qui a traité le peuple suisse de "salaud collectif" ou le délirant Cohn-Bendit qui exigeait que les Suisses "revotent" après l'affaire des minarets et qui appelait les pétroliers arabes à retirer leur argent de vos banques pour vous "punir"

    http://www.medias-france-libre.fr/index.php/chroniques/25-communiques-politique/920-riposte-laique-vive-les-referendums-suisses-nous-aussi-on-veut-voter.html

  • Cher A.D.,
    Je ne vais pas m'embarquer trop longuement dans ce genre de polémique générale, qui m'ennuie, mais juste ceci: si vous vous réjouissez de voir Oskar Freysinger devenir le Suisse le plus connu, ce qui est d'ailleurs une pure illusion médiatique momentanée, je crains de n'avoir pas à partager votre sentiment, car cet homme est un très mauvais poète. Quant à l'expression de "salaud collectif" apppliquée à la Suisse, elle m'indiffère autant que celle de "vampire de l'Europe" que m'avait balancée un soir le sieur Guenther Wallraff (Tête de Turc, etc.) à propos de la Suisse pendant la guerre. Cette rhétorique est hideuse, que je regrette de voir ressurgir sur les affiches de notre parti populiste. Quant à l'Europe que vous évoquez, elle a sûrement beaucoup à apprendre de la vieille expérience de la Suisse en matière de tolérance politique et confessionnelle, acquise au fil de siècles de luttes fratricides, jusqu'en 1712 qui marque la fin des tripotées dites "religieuses". Il va de soi que la Suisse n'est absolument pas isolée de ses voisins, contrairement à ce que prétendent les partisans de l'Alleingang (exception de droit divin semblable à votre improbable solipsisme culturel...), mais un certain bon sens démocratique, un certain pragmatisme beaucoup moins crispé qu'on ne croit, fait que les discours malins ou tordus des frères Ramadan, relais des non moins Frères Musulmans, ne passent pas ni dans les médias ni dans les chaumières. En revanche, le lendemain des récentes votations, un autre vote local a refusé de stigmatiser le voile à l'écoe. Ainsi de suite. Quant à moi, j'aime l'Europe des cultures, la seule que défendait Denis de Rougemont, contre la bureaucratie bruxelloise (c'est celle-ci que craignent nos compatriotes, soit dit en passant), je ne crains pas les brassages s'ils se font dans une certaine équité sociale (doublée évidemment d'une exigence civique pour les migrants), tout cela est affaire d'équilibre subtil et pas de grosse propagande jouant sur la peur qui est aussi peur de soi-même. Si ce que vous appelez Reconquista, qui suppose qu'on aurait déjà perdu la partie, doit être fondée sur une propagande vulgaire et une poésie d'un lamentable kitsch, alors je ne vois pas qu'il y ait à se féliciter. Mais je retourne à mes lectures d'histoire suisse et à mes traductions de poètes sufis en suisse allemand. Bonsoir Monsieur.

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