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Une idée de roman

Sur Le rapport Amar, de Jérôme Meizoz
Le premier roman de Jérôme Meizoz, intitulé Le rapport Amar, n’est à vrai dire qu’une idée de roman. Bonne idée, au demeurant, tant par la construction que par la substance signifiée. Hélas les protagonistes ne sont que des idées de personnages, et le drame s’en tient lui aussi à la seule citation de faits, dont l’enchaînement se trouve à tout moment freiné par le discours savant, voire savantasse, signalant une folie académique qui pourrait elle aussi nous captiver si elle ne restait absolument désincarnée.
Bruno Lesseul, passionné par le déclin des langues orales et l’hégémonie de la langue française au détriment des dialectes, est accusé d’avoir cannibalisé son amie brésilienne Juliana, spécialiste du fameux candomblé, après l’avoir entraînée dans une relation sado-masochiste entrecoupée de doctes échanges. Le bon docteur Tissot, qui ne fut pas que le contempteur du vice solitaire, avait mis en garde les gendelettres contre certaines maladies, mais l’obsession « ethnocidaire » de Bruno a de plus obscures racines qui eussent fait saliver la doctoresse Dolto, citée dans la foulée…
Le « roman » est tissé par les diverses pièces du rapport où voisinent éléments d’expertise, carnets de Bruno, bribes de récits liées à un voyage au Brésil, lettre de Juliana ou témoignage d’une péripatéticienne, notamment. Tout cela, une fois encore, pourrait être passionnant, comme l’est Feu pâle, le chef-d’œuvre de Nabokov fondé sur un montage philologique. Or, autant Jérôme Meizoz « vit » sa recherche dans ses essais, autant le chroniqueur-prosateur de Morts ou vifs et des Désemparés peut toucher juste, autant lui échappe ici son objet faute d’énergie narrative et plus encore de toute empathie.
Jérôme Meizoz. Le rapport Amar. Editions Zoé, 2006, 87p.

Commentaires

  • A propos d'idée de roman, comment vont vos "Bonnes dames" ? J'espère pour elles qu'elles continuent de naître, si ce n'est déjà sur le papier, au moins dans votre tête...

  • Merci de vous rappeler mes bonnes dames, qui s'ébrouent dans la lumière printanière. Je ne vais pas en publier ici la suite des chapitres, crainte d'être parasité par un regard extérieur, mais y reviendrai sous peu avec de nouveaux aperçus... J'aimerais boucler ce roman d'ici au 14 juin, date à laquelle je suis censé rajeunir pour la soixantième rugissante année, donc je vais cravacher ces jours très prochains...

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