UA-71569690-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Une conscience de feu

 La folle lucidité d’Artaud
C’est l’histoire de l’homme qui se débat comme un fou dans la cage de son corps et dans les codes d’une société et d’un monde qui ont séparé le corps de l’esprit. L’homme en question revient de la guerre que la Raison, incarnée par un Savant, a menée à sa parole de poète et de visionnaire vivant dans son corps la douleur d’être et le refus de se fier aux façades du paraître. Le nom de cet homme est Antonin Artaud, qui revit ces jours sous un chapiteau de théâtre, à Vidy au bord de l’eau, par le truchement d’un spectacle tissé des textes préparatoires de la fameuse conférence du Vieux Colombier (le 13 janvier 1947) où le poète, après neuf ans d’internement, dont trois à l’asile de Rodez, revint à Paris pour s’y expliquer publiquement et dire à ses semblables leurs quatre vérités.
David Ayala est l’interprète inspiré de ce montage saisissant, où ce qu’on pourrait dire toutes les stations de la Passion selon saint Artaud sont parcourues, jusqu’à la mise en croix de sa parole à la fois christique et iconoclaste. Car nul n’est plus virulent (n’était Nietzsche auquel il fait souvent penser) qu’Artaud à l’égard du Prêtre et du Savant, ces manipulateurs de marionnettes au théâtre de l’Apparence déserté par le sacré. Nul n’est plus virulent contre le Philosophe que ce penseur éruptif en quête de vérité vécue. Nul n’est moins dupe du lyrisme décoratif que ce poète aux images renouant avec l’élémentaire.
« Ne vous laissez pas aller au cercueil », s’exclame Artaud en constatant la « sacro-sainte soumission » qui nous fait ployer le genou devant les institutions mortifères et toutes les formes d’acclimatation à la mort spirituelle, souvent accomplie longtemps avant notre disparition physique. Or un mot revient à tout moment dans ses proférations, souvent proches du délire ou d’une forme d’incantation « en langue », et c’est celui de CONSCIENCE, qui se rapporte plus à notre relation vivante au réel qu’à aucune instance morale. Conscience du corps fait esprit, conscience de l’immensité du corps,  conscience d’un absolu dont nous éloignent tous les simulacres et qui fulgure dans un verbe incandescent.

Commentaires

  • J'étais justement en train de penser à Artaud. À me demander ce qu'il aurait dit d'Internet, s'il l'avait connu. C'est bien à lui qu'il faut poser la question.

  • Cher JLK, n'y avait-il pas d'autres commentaires ici ? Etaient-ils insuffisamment policés pour les oreilles d'Artaud ? Je les trouvais très intéressants, moi, autant celui du "Pèse-nerfs" que les deux miens en réponse.

  • Mon ami dit le pèse-nerfs, assez excité hier soir au sortir de la représentation, s'est lancé dans une réponse à Alina qu'il a trouvé mal barrée. La violence de la réaction à ses propos lui a fait regretter encore plus ses termes. Donc m'a demandé de les retirer par mail. Ce que j'ai fait, ne voyant pas l'intérêt de tout ça. Il me semble qu'Alina manque un peu d'humour et moi, ce soir , je suis fatigué...

Les commentaires sont fermés.