
(Au Cantor en son Magnificat)
Je mens en toute vérité
à l’heure sans pareille
où mon cœur tout à la musique
au sommeil se sent allégé
de son ombre vermeille;
mon corps est comme un samovar
où les idées affluent,
mon âme sera l’avenue
défiant tout hasard …
Prenez les mots à la légère:
ils ont à dire des choses
si tendres et passagères
qu’ils en deviennent susceptibles,
les mots tout comme des fougères
où ces formes éphémères
que prennent parfois les femmes -
les mots vous attirent et s’échappent
comme à la trappe vont
soupirs et sanglots de violons…
Défiez-vous des mots cruels,
soyez un peu morals:
comme un petit cheval dressé
tachez de mieux parler:
brossez les mots et les tressez ,
fourbissez moi tout ça
comme un décret de général :
Dourakine a parlé,
répètent les enfants,
simplement signifiant:
que les mots ainsi signifient…
La pierre t’attend là-bas
insoucieuse et patiente,
au silence de son secret -
la faire parler sera ton job:
jamais ne te dérobe,
et fais circuler la nouvelle:
que la grammaire la plus belle
est capable du ciel…
(Lecture conseillée ce matin: Apprendre à parler à une pierre, d'Annie Dillard. Editions Christian Bourgois, 2017)