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  • Frères et sœurs

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    (Chronique des tribus)
    44. Eva
    Qu’il lui ait été offert un « cadeau de la nuit », lui rappelant alors le titre du récit posthume de celui qu’il appelait l’ami secret, quête de soi de son alter ego de quelque années qu’il se chargea de publier après avoir pleuré devant son corps que la vie quittait – que ce songe lui était ainsi offert par il ne savait quelle désignation particulière de l’universelle Administration des Rêves, il ne se l’explique pas, pas plus qu’il ne cherchera à en dire plus, à ses sœurs dont il n’a pas la moindre idée de la vie onirique, se bornant juste à leur suggérer l’idée que la séparation d’avec les défunts n'est peut-être qu’un illusion, et que bien des vivants qui nous entourent nous sont moins présents que tant de nos disparus; ainsi de cette Eva dont le prénom ne lui apparut qu’après son éveil et la disparition de sa vieille interlocutrice comme surgie de l’obscurité, d’abord de la voix, aux inflexions nettes et au parler d’une implacable précision juste pondérée par le nuancé de chaque propos – révérence absolue à la réalité des faits rapportés de personne en personne à fiabilité avérée – tant dans le domaine de la botanique (tout y avait passé jusqu’au Cattleya labiata dit aussi Cattleya cramoisi ou à lèvres de rubis) que dans celui de l’Histoire falsifiée (elle était sans pitié pour les narcotrafiquants de l’idéologie), mais sans dériver jamais dans la politique récente des brigands russo-américains, et l’on insisterait sur ce qu’il y avait d’intensément présent dans les réponses de l’ancienne doreuse à la feuille au rêveur insistant taxé de coupeur de cheveux par son frère aîné décédé, puis il y avait des silences éloquents que respectait la petite foule attirée par la conversation, il faudrait bien faire ressentir l’impression que, loin d’être à bout d’arguments ou d’exemples concrets à détailler, et juste avant que le rêveur s’était dit qu’il leur faudrait échanger les coordonnées de leurs bureaux, Eva paraissait être arrivée à la limite de ce qui se dit même dans un rêve, et c’est alors qu’on vit surgir et grandir dans l’ombre générale l’ombre particulière du piano dans laquelle la sienne fut bientôt confondue à jouer la sonate dite Entre chien et loup, comme il l’intitula après coup en identifiant rétrospectivement sa préférée, de Franz Schubert, traitant elle aussi des passages secrets qui relient les mondes, au chiffre de D 960 et dont il recommanderait particulièrement, à ses deux sœurs jamais dédaigneuses de derniers renseignements, l’Andante sostenuto…
     
    « Qui sait, dit Euripide, il se peut que la vie soit la mort et que la mort soit la vie »…