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  • Le Temps accordé

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    (Lectures du monde 2020-2022)
     
    LUDIONS. - Julie a débarqué en fin de matinée avec ses deux petits tourbillons, qui ont distrait ma bonne amie de son chagrin. C’est une chance pour nous d’avoir ces deux fistons, qui nous rappellent sans le vouloir que la vie continue, la vie bonne et belle.
     
    TCHEKHOV. - Alors que je craignais un peu de retomber dans ses litanies humanistes convenues, j’ai été surpris, hier, et même saisi par la tenue du texte consacré par Georges Haldas à Tchekhov, reprise sans doute d’une préface destinée aux éditions Rencontre dont le souvenir me poigne en passant (dire que l’édition romande actuelle est ce qu’elle est désormais, misère !)
    Or la présentation de Georges Haldas est du meilleur niveau, synthèse claire et nette et sans le hachis ordinaire de ses phrases, qui fait bien la part de l’homme et de l’œuvre, avec l’évolution bien illustrée de celle-ci dans le temps. (Ce lundi 8 février 2021)
     
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    LE CHIEN. – Hier après-midi, dans le grand salon désert du Lausanne-Palace aux (rares) employés masqués, j’ai rejoint Roland Jaccard qui m’avait annoncé par Messenger qu’il avait un cadeau à me remettre peut-être empoisonné ; et tout de suite je lui ai demandé de me rassurer en me promettant de ne pas se supprimer en ma présence, ce qu’il a fait non sans me recommander de prendre une assurance vie...
    Or à peine arrivé après quelque nouvelles échangées, je lui ai demandé de quel cadeau il s’agissait, pour m’entendre dire qu’il s’agissait d’un chien qu’il allait d’ailleurs chercher dans sa suite, et de se lever tandis que, vite, j’informais Lady L. de ce rebondissement inquiétant.
    Quant au chien en question, c’était ce livre de 850 pages que Roland m’a remis en revenant de ses appartements, intitulé Le monde d’avant et rassemblant les pages de son journal de 1983 à 1988, se situant juste avant le Journal d’un homme perdu que j'ai relu récemment avec beaucoup d'intérêt...
    À part ça, deux heures durant, la conversation fut aussi vive qu’intéressante, touchant à tous nos intérêts respectifs. Nous avons parlé de nos santés, des vaccins chinois et russe que la Suisse ne veut pas homologuer, de la Corée dont je découvre le cinéma qu’il connaît depuis les années 80, de Gabriel Matzneff enferré dans son déni et de Serge Doubrowski qu’il a longtemps fréquenté, de la noblesse personnelle et de la passion de Pierre-Guillaume pour la littérature auquel il a consacré un hommage dans le dernier numéro du Service littéraire qu’il me remet, de mes projets et du Tchekhov que selon lui je devrais donner aux éditions Arléa, etc...
     
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    Lady L. est ce matin un peu patraque au retour de sa balade avec le chien. Elle a les bras tout flagadas et la mine un peu flétrie, aussi me suis-je affairé à lui remonter la pendule en l’encourageant (forza ragazza !) à reprendre sa peinture destinée à décorer la future chambre d’un des enfants.
    Pour ma part je me requinque à relire ma liste consacrée à Ceux qui lénifient, commençant par « Celui qui a cessé de léninifier pour se mettre à lacancaner », puis je reviens à la lecture de Jim Harrison dans La position du mort flottant dont je vais tirer une suite de mes réflexions sur la poésie.
     
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    Ceux qui n’ont pas compris qu’il y avait énormément de poésie dans la prose de Balzac, avant celle de Proust et Céline et après celle de Saint-Simon et de Chateaubriand, ne peuvent pas comprendre qu’il y en aussi dans la prose des récits de Jim Harrison autant qu’il y en a dans ces espèces de notations de carnets émaillant les pages de La Position du mort flottant.
    Comme il le remarque lui-même, Jim Harrison est un écrivain, et un poète «à cru», qui ne raffine ni ne peaufine. Avec son refuge dans les bois, il participe en somme de la filiation des métaphysiques naturelles illustrée par Waldo Emerson et Henry Thoreau, au même titre qu’Annie Dillard mais en plus rustaud quoique bien plus subtil et cultivé - lecteur de René Char et de Rilke, entre tant d’autres - que n’en donne son image de boucanier du Montana.
     
    CE QUI NOUS CHANTE. - En somme je ne fais, je ne fais bien, je n’ai jamais fait et ne ferai jamais bien que ce qui me chante. Je me le dis ce matin en considération de l’immensité des choses et de la relativité non tant restreinte mais extensive qui parait en découler, en tout cas à mes yeux, et je me dis que le mieux que je pourrai faire du temps qui me reste, peut-être bref ou peut-être plus long, sera de ne plus faire, mais vraiment, consciemment et plus encore : consciencieusement, que ce qui me chante. (Ce jeudi 1er avril)
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    En passant dans le couloir, tout à l’heure, je vois les volumes alignés, d’un beau gris léger, du Journal intime d’Amiel, et je me dis : à quoi bon s’agiter, a quoi bon se presser de publier, de toute façon ce qui doit l’être le sera - ou pas, etc.
     
    VIVANTS. - Ma balade du soir, avec Snoopy, me fait longer le quai aux fleurs et, à la hauteur du petit groupe des deux amoureux de bronze, j’en avise deux autres bien émouvants aussi, siégeant tout à côté, que je « prends » discrètement avec mon smartphone, tout en me réjouissant une fois de plus de voir tant de vie bonne en ces soirées de printemps, qui nous fait oublier les lamentations à n’en plus finir de certains… (Ce samedi 3 avril)
     
    BALZAC ET DURAS. – Je relis Duras et Balzac, alternativement, avec une distance et une lucidité renouvelée marquée, dirais-je, par un relativisme mieux équilibré. Autant Balzac me stupéfie dans les grands largeurs de son intelligence «dans la masse» ressaisie par le détail, autant Duras m’intéresse par les seuls détails, sa vision me semblant beaucoup plus dépendante de partis pris d’époque. Cela étant Un Barrage contre le Pacifique échappe encore aux maniérismes et tics à venir, qui friseront souvent le ridicule par la suite, en tout cas à mes yeux…
    Je vais d'ailleurs insister, dans la lecture de Barrage contre le Pacifique que je destine à la revue de Bernard Deson, , sur ce qu’on peut dire l’innocence des personnages, qui fait des protagonistes, mère comprise, des sortes d’enfants perdus. D’aucuns y ont vu un réquisitoire contre le colonialisme, mais c’est à vrai dire autre chose, même si le constat sur le « grand vampirisme » y est bel et bien ; mais Duras n’a rien ici de l’écrivain engagé au premier degré, qui soutiendrait une thèse – rien de ça.
     
    FRAGILE. – Je ne sais si c’est l’âge, qui exacerbe chez moi certaine propension sensible jusqu’à l’excès sentimental, mais le fait est que j’observe, depuis quelque temps, une certaine tendance, chez moi, au spasme larmoyant et au sanglot de larmes quasiment irrépressible. Henri Calet : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes »…
     
    NUANCE. - En lisant Faire parler le ciel de Peter Sloterdijk, je mesure, par rapport à un Michel Onfray, toute la distance qui sépare un tâcheron de la vulgarisation à prétention «cosmique» d’un penseur-artiste à la double compétence de philologue et d’éclaireur de l’Intelligence.
     
    À la Maison bleue, Montreux-sur-jazz, ce dimanche 18 avril.- La froidure limpide de ces soirées de printemps est un enchantement de bonne vie le long du quai aux fleurs où toute une joyeuse foule afflue en fin de semaine, et passant tout à l’heure près de la table de ping-pong jouxtant l’auberge de jeunesse de Territet, à deux pas des eaux du lac orangées par le couchant où se détachaient les silhouettes de deux petits amoureux, j’ai souri en pensant au prétendu nihilisme de Roland dans son soft goulag cinq étoiles, et je me suis rappelé la goût de Cioran pour le chocolat…
    Quant au Monde d’avant de notre ami Roland, il me fait revenir à la spécificité du journal, intime ou extime - comme l’a appelé Michel Tournier -, dont la pratique n’a plus rien de sa présumée innocence à l’ère d’Internet.
    De fait, l’extension prodigieuse du domaine de l’indiscrétion, dont procède évidemment l’étiolement de toute intimité, font que le « pacte » initial du journal intime s’est aujourd’hui complètement modifié.
    En modèle du genre, le Journal intime d’Amiel, qui ne voyait parfois en celui-ci qu’un produit moite d’onanisme intellectuel, et qu’il avait demandé à ses proches de jeter au feu après sa mort, représente douze volumes de plus de 1000 pages chacun, que personne probablement n’a lu de A à Z, même pas Roland Jaccard qui en a été un défenseur passionné. Mais d’Amiel aux «montages» de Max Frisch, de ceux-ci aux carnets du cinéaste japonais Ozu ou à ceux d’Andy Warhol, du journal «privé» longtemps censuré de Julien Green aux 583 nouvelles pages du Monde d’avant, comment ne pas voir que le genre a éclaté et avec lui la délimitation des faits « réels » et de la fiction ?
    Ce qu’on appelle journal, intime ou débridé de tout secret, n’est-il que la consolation livide de tant de romanciers ratés, comme le pensent tant de romanciers qui se croient arrivés ? L’alternative n'est évidemment qu’un leurre de plus, quand ce qu’on attend reste l’étonnement voire l’enchantement tenant aux mêmes sortes de petits riens dont l’écrivain en « musicien » fait un peu tout, dans quelque genre que ce soit.
     
    Julien Green l’écrit le 15 juillet 1956 de sa main appliquée, après s’être branlé ou avoir sucé Robert, à moins qu'ils ne viennent tous deux de se partager Jonas le jeune Allemand: « Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, c’est d’oser écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes ».
     
    Ce qui ne signifie pas, cela va sans dire, que Julien Green, plus que Roland Jaccard se contente du n’importe quoi très en cour de nos jours. Au contraire ils prennent très au sérieux le fait d’être écrivain, et même: qu'on le considère comme un écrivain est à peu près la seule chose qui importe à Roland; et qu’on ne doute pas de l’authenticité de son journal écrit d’un jet et publié sans ratures.
    Donc Roland a mal aux dents, il se rend lundi dans un dispensaire dévolu aux contrôles vénériens et mardi soir il passe à Apostrophes ou chez Michel Polac dont ses amis lui diront merveille ou pis que pendre, il téléphone à Cioran mercredi qui l'impressionne toujours par ses saillies inattendues, et jeudi il se plaint de ses amis Contat et Ben Jelloun dont l’arrivisme social l’énerve même s'il envie leur « avancées », il reproche vendredi au socialisme de Mitterrand d’être le parti de l'envie alors que lui-même dérive de la gauche peu militante à la droite prudente, il revoit samedi un film de Douglas Sirk avec le même bonheur qu’il partage avec L. qu’il n’épousera pas pour autant, en connivence pleinement partagée pendant cinq ou six ans après quoi l’élan faiblira comme aura foiré la passion de cet enfoiré de Gabriel pour cette cinglée de Vanessa, enfin le dimanche après-midi le verra rédiger une belle page consacrée au philosophe russe Léon Chestov, l’un de mes penseurs préférés avec Vassily Rozanov, etc.
    Soir, au jardin japonais de Burier. – La conception occidentale de l’individu, à laquelle Goethe fait allusion dans le fragment de Poésie et vérité cité en exergue du Monde d’avant, ne serait pas ce qu’elle est sans les Grecs et sans le premier écrivain de la chrétienté que fut l’apôtre Paul, fondateur à cet égard avant le premier «diariste» explicite qu’est Augustin d’Hippone, et j’y repense en assistant à l’envol d’un héron cendré au-dessus de l’étang que franchit un petit pont de bois à la japonaise, me rappelant ce que nous disait, ce midi, notre ami M. au repas que nous avons partagé avec nos chères et tendres, rapport aux multitudes chinoises et à notre méconnaissance de la planète asiatique.
    « Et moi ? Et moi ? Et moi ? », chantait Antoine en nos années bohèmes, et c’est aujourd’hui l’obsession des internautes, dont certains publient d’ailleurs leur « cher journal » comme l’inepte déballage d’une Anna Todd, vendu à des millions d’exemplaires.
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    Mais là encore je pense que la littérature est «transgenre» et ce qui compte, dans le journal de Roland Jaccard comme dans celui de Klaus Mann ou de Virginia Woolf, de Léon Tolstoï (qui admirait Amiel) ou d’Hervé Guibert, de l’Italien Cesare Pavese ou du poignant Journal d’un homme déçu de Barbellion, c’est la voix particulière de la personne et son rapport «physique» au langage plus que la posture du personnage.
    À cet égard, les manières de dandy pseudo-désespéré de l’ami Roland, se la jouant cynique alors que le taraudent ses angoisses nocturnes, sa conscience professionnelle de chroniqueur et le souci quasi paternel de coacher sa jeune amante candidate au concours d’une haute école, relèvent d’une esthétique à cosmétique rétro (son culte de Louis Brooks et de John Wayne, d’Egon Schiele ou du génial Otto Weininger cumulant les traits contradictoires du juif antisémite et de l’inverti homophobe…) pas pire que celle d’un Charles Bukowski cultivant sa dégaine de clodo pourri dégueulasse en Léautaud ricain…
     
    Ce mercredi 21 avril.Le Monde d’avant de Roland Jaccard est aussi encombrant, avec ses 843 pages et ses 900 grammes de papier imprimé, qu’un chien de garde autrichien (la mère de l’auteur était Viennoise, suicidée comme son père), impossible à glisser dans la poche revolver d’une nymphette…
    Stendhal disait qu’un roman est un miroir qu’on promène le long de son propre chemin, et Proust que chaque (bon) lecteur recrée le livre qu’il est en train de lire. Or je (re)découvre, en lisant Le Monde d’avant, tout ce que j’aime, que Jaccard dédaigne ou décrie de bonne ou de mauvaise foi: l’amour des enfants qu’il vomit et l’agrément des chemins de campagne qu’il évite, la vie de famille qu’il hait et qui m’amuse, mon désintérêt total pour le ping-pong et les échecs qu’il pratique en maniaque compulsif, enfin tout ce qui fait qu’il est lui et que j’en suis un autre.
    Un écrivain est-il plus lui-même dans son «cher journal» que dans un roman ? Je ne suis pas sûr que notre ami Roland le pense, ni ne suis sûr du contraire. Mais le fait est que pas mal de romanciers (un Stendhal justement, un Tolstoï ou un Gide) en disent autant ou plus sur eux-mêmes dans leurs romans que dans leurs écrits intimes, alors que le nombrilisme d’Amiel touche à l’universel humain.
    Conclusion de ce matin nuageux à couvert : Le «monde d’avant» est une fiction autant que nos spéculations sur le temps à venir, et maintenant ? Maintenant faut pas que j’oublie mes 12 médics de cardiopathe en rémission de cancer et un peu vacillant entre deux doses de Pfizer, comme Lady L. vient de se tirer avec le chien pour sa consulte à elle, ensuite on aura la visite des deux petits lascars de notre seconde fille qui ont l’air décidés à s’amuser encore quelque temps sur cette planète, mais ça c’est le monde d’après et gaffe de ne pas tirer l’échelle…

  • La Beauté en partage

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    Exposition des Amis de La Désirade
    -Paysages de LK
    -Les 100 Cervin de JLK
    -La collection (Joseph Czapski, Thierry Vernet, Pierre Omcikous, Jean Fournier, Richard Aeschlimann, Floristella Stephani, Armand Desarzens, Jacques Berger, Olivier Charles, Pietro Sarto, Stéphane Zaech, Robert Indermaur, Pierre Gisling, Robert Hainard, Kurt von Ballmoos, Neil Rands, Karl Landolt, Charles Clément, Bona Mangangu, Géa Augsbourg, Pieter Defesche, etc.)
     
    -La Boîte à livres (aux prix concurrentiels de 1, 3 et 5 francs).
    Invitation à la Maison bleue
     
    En mémoire de Lady L., alias Lucia K, alias Lucienne, décédée en décembre 2021, et dans la lumière de sa présence en nos cœurs,
    Jean-Louis Kuffer et les siens
    (Sophie et Julie, et leurs compagnons Florent et Gary),
    vous prient d’assister au vernissage de l’exposition-vente qui marquera la fondation de l’Association des Amis de La Désirade,
    le samedi 19 novembre 2022, dès 16h.
    à la Maison bleue,
    22 , Grand-Rue, à Montreux
    (L’exposition sera visible jusqu’au 17 décembre)
     
    Le produit intégral de la vente des tableaux présentés - dont une partie seulement seront à vendre - et de 1000 livres à très bas prix, sera affecté aux activités culturelles (expositions, rencontres, concerts, édition) projetées sous l’égide de cette association à but non lucratif.
     
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  • Le Temps accordé

     
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    (Lectures du monde, 2022)
     
    PAYSAGES DE LADY L. – Ma bonne amie me dirait, ce matin gris et glacial, que cela « sent la neige », et tout à l’heure je lancerai une flambée et remercierai le Parfait d’être en vie, mais pour l’instant je me sens tout imparfait, sans L. et physiquement mal fichu quoique la joie au cœur et l’esprit ailé, me rappelant que c’est ce froid qui nous a poussés à nous trouver un refuge au bord du lac, au début de la pandémie, juste après mon infarctus, dans la Maison bleue où elle nous a quittés dans la nuit du 14 au 15 décembre 2021, après huit mois de lutte courageuse contre ce qu’elle appelait La Bête (un terrifiant angiosarcome du cœur, absolument inguérissable) et ces derniers mots : « Lady veut dormir »…
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    J’ai annoncé samedi soir, sur Facebook et mes divers blogs, ma décision de rendre hommage à Lucienne (alias Lucia, alias Luke) en montrant ses paysages et la cinquanttaine de nos tableaux acquis en quarante ans de vie commune ou reçus de nos amis artistes, ainsi qu’une partie des 100 Cervin que j’ai commis ces dernières années au titre du «cliché augmenté» et que je vendrai comme je vendrai 1000 livres à bas prix, non pour m’enrichir mais pour concrétiser notre idée, avec quelques amis, de fonder les Amis de La Désirade qui feront, de notre maison au bord du ciel, un lieu d’accueil et d’échanges, d’expos et peut-être le foyer d’une unité d’édition…
     
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    Nous n’avons jamais prétendu, ni L. ni moi, nous poser en artistes, mais j’ai commencé de m’adonner à la peinturlure à l’âge de treize ans, sous le charme montmartrois de Maurice Utrillo, j’ai renoncé aux beaux-arts à seize ans par goût préférentiel de la littérature et ne suis revenu au dessinage et à l’aquarelle, puis à l’huile, que vers 1995 (à Vienne, plus précisément), ma bonne amie attendant le XXIe siècle pour endosser un sage tablier et, en complicité avec une voisine artiste, à peindre des parapluies, puis des fleurs, puis des paysages dont certains grands formats révèlent son indéniable œil de peintre, assez proche en somme du regard de ce grand coloriste qu’était notre ami Thierry Vernet.
    De Joseph Czapski, rencontré via L’Âge d’Homme et les Aeschlimann, à Floristella Stephani, la compagne de Thierry, lequel m’a fait connaître Jean Fournier, tandis que Dimitri commandait notre double portrait à Pierre Omcikous , le cercle de nos amis peintres s’est élargi et nos curiosités respectives (sa passion particulière pour Nolde), nos voyages aussi des Pays-Bas (la grande expo Bosch et une escale à la fondation Kröller-Muller ), au Portugal ou en Toscane, les paysages d’Algarve ou d’Andalousie, de la Côte Ouest parcourue de Frisco à Big Sur, bref notre vie commune s’est enrichie d’un merveilleux livre d’images mentales ou picturales où les peintres proches de la mère de Lady L., notre chère Katia, ont resurgi avec Pieter Defesche devenu grande figure de l’art contemporain au Limbourg - tout ça constituant ce que j’appelle trop pompeusement notre « collection », qui compte tout de même, sur un lot d’une centaine d’objets, une quinzaine d’œuvres à mes yeux majeures, dont une magnifique évocation quasi abstraite d’un rivage lacustre et matinal de Karl Landolt, épigone de Ferdinand Hodler que notre ancien conseiller fédéral Christoph Blocher, véritable collecionneur quant à lui, brûlera peut-être d'acquérir, mais ce sera à un prix proportionné à ses milliards, sinon rien…
     
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    Bref c’est ainsi, en tout cas, que nous concrétiserons, en la présence-absence, de Lady L. notre désir de transmettre notre héritage avec nos enfants, et de faire peut-être, de la Désirade, un foyer de partage et d'émulation joyeuse où la lumière de Lucia continuera de réchauffer le froid du monde … (Ce mardi 27 septembre.)